Histoire des salons de Paris. Tome 5
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Abrantès Laure Junot duchesse d'. Histoire des salons de Paris. Tome 5
SALON DE L'IMPÉRATRICE JOSÉPHINE
PREMIÈRE PARTIE. MADAME BONAPARTE
DEUXIÈME PARTIE. L'IMPÉRATRICE JOSÉPHINE
TROISIÈME PARTIE. NAVARRE
QUATRIÈME PARTIE. LA MALMAISON. 1813-1814
Отрывок из книги
Toutes les personnes qui ont connu Joséphine peuvent sans doute invoquer leurs souvenirs sur ce qui la concerne; mais dans le nombre il en est cependant qui ressentent plus vivement la force de ces mêmes souvenirs et peuvent les retrouver avec d'autant plus de fidélité que ces mêmes personnes ont vécu près de la femme dont on est aujourd'hui si désireux de connaître les actions, alors qu'elle était la compagne aimée de l'homme du siècle. On veut surtout connaître l'époque où la France, fatiguée à la suite d'un long paroxysme de souffrances, s'était endormie et n'offrait plus à l'étranger les immenses ressources sociables qui l'attirent dans notre beau pays plus que tous ses autres avantages. Alors Paris était une vaste solitude dans laquelle d'anciens amis revenus de l'exil osaient à peine se reconnaître. Ce n'était plus qu'en tremblant qu'on se demandait à soi-même si l'on était toujours Français. Plus de gaieté, plus de cette insouciance qui rendait à nos pères la vie si facile, tout était devenu danger. On tremblait de parler; on tremblait de se taire; le caractère français, jadis si confiant, avait changé sa nature en une sombre inquiétude qui dévorait l'existence; on était méfiant; et comment ne pas l'être, on avait été si souvent trahi! Aussi, plus de réunions, plus de ces causeries, de ces maisons ouvertes, où vingt personnes allaient chaque jour rire et causer avant un souper joyeux; plus de société enfin! Plus de société en France! cette société habituelle qui faisait notre vie!.. Aussi quel voile de deuil était jeté sur toutes les familles! il semblait que la mort eût passé par cette ville jadis résonnant du bruit des chansons, des bals et des fêtes. Était-ce bien la même cité où les femmes ne s'occupaient que du soin d'être aimables et aimées?.. où les hommes, braves comme les Français l'ont toujours été, n'en étaient pas moins soigneux de plaire, prévenants et polis?.. On ne voyait plus dans nos promenades, aux spectacles, que de ridicules poupées, ayant même oublié le beau langage pour parler un sot et ridicule idiome. – Les femmes elles-mêmes, oubliant ce qu'elles se devaient, acceptaient aussi le titre très-justement donné d'incroyables et de merveilleuses… Quelle époque et quelle complète déraison!
Ce fut alors que le 18 brumaire dissipa les premières ténèbres qui enveloppaient la France ou du moins les plus épaisses… Alors nous entrevîmes un horizon plus clair; il fut permis de se dire Français, et à peine une année s'était-elle écoulée qu'on était de nouveau fier de l'être. Alors on regarda autour de soi, on rappela ses souvenirs. Pourquoi ne pas vivre comme vivaient nos pères? dirent ceux qui, depuis leur retour de l'exil, languissaient isolés et n'osaient appeler aucun ami autour d'eux… et de nouveau l'hospitalité des châteaux ne fut plus un crime; on put se voir, se parler, se communiquer ses pensées. L'amour de la sociabilité reprit ses droits, et cette coutume si douce de se voir chaque jour, de se réunir, redevint encore une fois l'existence de tout ce qui avait connu une manière de vivre si excellente et si bien faite pour le bonheur.
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– N'est-elle pas fort habile en toutes choses?
– Oui, je sais qu'elle danse remarquablement: Steibelt, qui est mon maître comme le sien, m'a dit qu'après madame Delarue-Beaumarchais mademoiselle Hulot était la plus forte de ses écolières; elle peint la miniature; elle sait plusieurs langues, et, de plus, elle est fort jolie.
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