Des sociétés animales : étude de psychologie comparée
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Alfred Victor Espinas. Des sociétés animales : étude de psychologie comparée
Des sociétés animales : étude de psychologie comparée
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER
SOCIÉTÉS ACCIDENTELLES ENTRE ANIMAUX D’ESPÈCES DIFFÉRENTES:
CHAPITRE II
SOCIÉTÉS NORMALES ENTRE ANIMAUX DE MÊME ESPÈCE:
CHAPITRE III
FONCTION DE REPRODUCTION
CHAPITRE IV
FONCTION DE REPRODUCTION (suite)
CHAPITRE V
FONCTION DE REPRODUCTION (suite)
CHAPITRE VI
VIE DE RELATION
CONCLUSION
§ 1er
Lois des faits sociaux dans l’animalité
§2
De la nature des sociétés animales
§ 3
De l’activité des animaux dans son rapport avec la vie sociale
Отрывок из книги
Alfred Espinas
Publié par Good Press, 2021
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La domesticité elle-même est une forme du mutualisme, la plus élevée qui soit possible entre espèces différentes, parce qu’elle suppose la subordination. Subordination et organisation, c’est même chose. L’association est ici volontaire de part et d’autre; c’est là le fait élémentaire de toute mutualité ; mais elle comporte de plus une autorité exercée par l’un des membres de cette association, et cette autorité pleinement acceptée des autres lui permet de faire tourner l’association entière à son profit. Il en est le chef et la fin.
Quand nous disons que la domestication est une association volontaire, nous ne voulons pas dire qu’elle le soit au début. On ne sait pas d’une manière certaine comment les espèces actuellement domestiques ont été conquises à l’origine; on ne le saura jamais. Mais nous pouvons nous représenter ce moment décisif dans les destinées de l’humanité d’après des analogies. Certaines espèces sont encore à demi domestiques, à demi sauvages, et l’empire de l’homme sur elles, toujours contesté, doit toujours être raffermi. On ne peut s’empêcher de penser que les moyens dont celui-ci se sert actuellement pour consolider ou renouveler sa domination sont peu différents de ceux dont il s’est servi jadis pour l’établir. Or nous voyons que toute tentative de domestication débute de nos jours par un acte de contrainte et de coercion. L’homme, avec sa ruse audacieuse, parvient à lier même l’éléphant, puis une fois en son pouvoir, il l’intimide et le châtie jusqu’à ce qu’il en obtienne l’obéissance. C’est ainsi qu’il a pour les premières fois pu recueillir le lait des animaux sauvages; de nos jours le Lapon ne trait la femelle du renne à demi domestique qu’en la maîtrisant avec le lasso . En Australie on attire les vaches en leur présentant leurs veaux dans une sorte de travail où elles sont immobilisées et où elles reviennent bientôt d’elles-mêmes pour se débarrasser de leur lait . Mais cette conquête de l’individu n’assure pas l’avenir; elle est toujours à recommencer. La domestication de l’éléphant en est restée là. La véritable domestication commence avec l’élevage. C’est un fait commun dans nos fermes voisines des bois que l’apprivoisement des jeunes loups et des marcassins. Cette idée de prendre un animal jeune et de l’élever, si fréquente en pleine civilisation, n’a pas dû être étrangère aux esprits des hommes primitifs. Elle a dû surtout agréer aux femmes, à qui elle offrait une satisfaction en forme de jeu des instincts maternels. L’animal en grandissant devenait-il féroce? il était sacrifié. Mais s’il avait pu s’accoupler et devenir fécond soit avec ses semblables restés sauvages, soit avec quelque compagnon de captivité, un certain nombre de générations ont pu rester ainsi au pouvoir de l’homme et accepter de plus en plus volontiers son joug. Vieux, il est probable qu’il se refusait à tout commerce comme il arrive en Corse au mouflon captif: mais ce fait, qui se produit même dans les troupeaux libres où les vieux mâles vivent presque toujours à l’écart, n’empêchait pas de plus jeunes déjà adultes de rendre à l’homme les services intermittents et irréguliers que celui-ci réclamait d’eux. La contrainte a donc été exercée très probablement par l’homme à l’origine sur les animaux devenus depuis domestiques, tantôt sur les animaux adultes, tantôt et plus efficacement sur les jeunes. Les habitants du Kamtschatka sont forcés de dompter pour ainsi dire chaque génération des chiens qu’ils emploient aux traîneaux: ils les jettent à peine nés avec leurs mères dans une fosse profonde où ils les replongent pendant longtemps après chaque course.
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