Raison et sensibilité, ou les deux manières d'aimer (Tome 3)
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Austen Jane. Raison et sensibilité, ou les deux manières d'aimer (Tome 3)
CHAPITRE XXXIV
CHAPITRE XXXV
CHAPITRE XXXVI
CHAPITRE XXXVII
CHAPITRE XXXVIII
CHAPITRE XXXIX
CHAPITRE XL
CHAPITRE XLI
CHAPITRE XLII
Отрывок из книги
Elinor, qui ne pouvait se fier tout-à-fait à la véracité de Lucy, et qui voyait le but de ses confidences, doutait encore; mais elle ne tarda pas d'avoir la conviction qu'Edward était véritablement à la ville. Deux fois en rentrant à la maison elle apprit qu'il était venu et trouva sa carte. Par une contrariété naturelle au cœur humain, elle fut bien aise qu'il eût pensé à venir, et plus aise encore de n'y avoir pas été.
Ce jeudi si désiré, si redouté, qui devait mettre les deux jeunes rivales en présence de la future belle-mère arriva. Elinor avait acheté la veille une charmante toque en fleurs avec des plumes blanches dont elle voulait se parer ce jour-là. Lucy qui venait continuellement chez madame Jennings, pour y voir sa chère amie, se trouva là quand on l'apporta. Elinor l'essaya. Elle lui séyait à ravir; et malgré toute sa raison, elle ne fut point fâchée de le trouver elle-même. Le jeudi matin Lucy arriva, plus caressante, plus tendre qu'à l'ordinaire. Elle avait honte, dit-elle, de ce qu'elle venait lui demander; mais sa chère Elinor était si fort au-dessus de ces bagatelles; elle avait si peu besoin de parure; elle était si indifférente sur ce moyen de plaire en ayant tant d'autres; et pour cette grande occasion il était si essentiel à Lucy de les tous employer. Elle devait à Edward de se faire aussi jolie qu'il lui serait possible la première fois qu'elle paraissait devant sa mère. Si Edward lui-même s'y trouvait, c'était un motif de plus qu'Elinor devait comprendre. Elle espérait donc de sa complaisance, de son amitié, qu'elle voudrait bien pour ce jour-là renoncer à la jolie toque qui la coiffait si élégamment, et la lui prêter. Elle avoua en rougissant qu'elle n'était pas assez en fonds dans ce moment pour s'en acheter une semblable, ce qu'elle aurait fait sûrement, eût-elle dû la prendre à crédit, si elle n'avait pas compté sur la bonté de sa chère Elinor. Mademoiselle Dashwood frémit de penser qu'elle avait failli arriver au dîner coiffée exactement comme Lucy, et se trouva heureuse en comparaison de lui céder si jolie toque, qu'elle regrettait bien un peu… mais qu'elle pria Lucy d'accepter. Cette dernière s'en empara bien vîte, également enchantée qu'elle fût sur sa tête et non sur celle d'Elinor. Bon Dieu! ma chère, lui dit-elle, plaignez-moi, je vous en conjure! Vous êtes la seule personne qui saura ce que je souffre. A peine puis-je marcher tant je suis émue en pensant que dans quelques heures je verrai la personne dont tout mon bonheur dépend, celle qui doit être ma mère! Mettez-vous à ma place… mais c'est impossible; il faut aimer Edward comme je l'aime, pour comprendre l'état où je suis.
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– Voyez, lui dit-il, c'est ma sœur Elinor qui a peint cela; vous qui êtes un homme de goût, vous les admirerez. Je ne sais si vous connaissez son talent pour le dessin; elle passe généralement pour en avoir beaucoup.
Maria, la sensible, la vive Maria ne put supporter ce qu'elle regarda comme un outrage à sa sœur; elle était déja très-irritée du ton et de la manière de madame Ferrars, mais de tels éloges donnés à une autre aux dépens d'Elinor, provoquèrent son ressentiment. Quoiqu'elle n'eût encore aucune idée des projets sur mademoiselle Morton, mais cédant comme à son ordinaire à son premier mouvement, elle dit avec vivacité: Voilà en vérité une singulière manière de voir et d'admirer les ouvrages de ma sœur! en faire un objet de comparaison pour les rabaisser, c'est du moins peu obligeant. Qui est cette demoiselle Morton à qui personne ne peut être comparé? à propos de quoi est-il question d'elle et de ses talens? qui intéresse-t-elle ici? et mon Elinor nous intéresse tous. Alors prenant les écrans de la main de sa belle-sœur et les montrant encore au colonel; il faut, dit-elle, n'avoir pas le moindre goût, le moindre sentiment du beau pour ne pas les admirer, et pour penser à autre chose quand on les voit.
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