Les prisons de Paris sous la Révolution
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Charles-Aimé Dauban. Les prisons de Paris sous la Révolution
Les prisons de Paris sous la Révolution : d'après les relations des contemporains
Table des matières
INTRODUCTION
LES PRISONS DE PARIS AVANT LA RÉVOLUTION
LES MASSACRES DE SEPTEMBRE A L’ABBAYE
MON AGONIE DE TRENTE-HUIT HEURES, PAR JOURGNIAC SAINT-MÉARD
QUELQUES SOUVENIRS DE M. AUDOT
CARON DE BEAUMARCHAIS
LA MORALITÉ DE BEAUMARCHAIS
LA VISITE DOMICILIAIRE
LA COMMUNE DE PARIS, PAR MORELLET
LA COMMUNE DE PARIS
LE BARON RIOUFFE
LIBERTÉ. — ÉGALITÉ
MÉMOIRES D’UN DÉTENU
COMPLÉMENT DES MÉMOIRES DE RIOUFFE
A JOSEPH SOUQUE
RELIGION D’IBRASCHA
GLOIRE A IBRASCHA, DIEU DES SEPT LUMIÈRES
MAXIMES D’IBRASCHA
LA CONCIERGERIE
LA CONCIERGERIE
BEUGNOT A LA CONCIERGERIE
LE COMTE BEUGNOT A LA CONCIERGERIE
BEAULIEU A LA CONCIERGERIE ET AU LUXEMBOURG
BEAULIEU A LA CONCIERGERIE ET AU LUXEMBOURG
LE LUXEMBOURG
TABLEAU DU LUXEMBOURG FAIT PAR UN SUSPECT ARRÊTE EN FRIMAIRE AN II
LES MADELONNETTES
A LA CITOYENNE VAUBERTRAD
MAISON D’ARRÊT DE PORT-LIBRE
COMMUNÉMENT APPELÉE LA BOURBE
JOURNAL DES ÉVÉNEMENTS ARRIVÉS A PORT-LIBRE, CI-DEVANT PORT-ROYAL, DEPUIS MON ENTRÉE DANS CETTE MAISON
PROMENADE DU MATIN AU PRÉAU DE LA MAISON DE DÉTENTION DE PORT-LIBRE, CI-DEVANT PORT-ROYAL, PAR LE CITOYEN AYMERIE
LE DÉSARMEMENT INUTILE A PORT-LIBRE
MAISON D’ARRÊT DES CARMES
TRANSFÈREMENT D’UNE PARTIE DES DÉTENUS DE PORT-LIBRE A LA MAISON D’ARRÊT DES CARMES
PÉLAGIE
ÉPITRE A MES AMIS
SAINT-LAZARE
FAITS HISTORIQUES ET ANECDOTES SUR LA MAISON D’ARRÊT DE SAINT-LAZARE
LE POËTE ROUCHER A SAINT-LAZARE
Une translation de prisonniers de Sainte-Pélagie à Saint-Lazare
Réponse de sa fille
Roucher à sa fille
Boucher à sa fille
Roucher à une amie
A sa fille
Roucher à sa femme
LA MAIRIE, LA FORCE ET LE PLESSIS
DIALOGUE DES MORTS
LES PRISONNIERS DE LA FORCE
LES JOURNALISTES ET LES PAMPHLETS
DIALOGUE ENTRE MADAME ROLAND, SULEAU, D’ORLÉANS ET PHÉLIPPEAUX
TABLE DES GRAVURES
Отрывок из книги
Charles-Aimé Dauban
Publié par Good Press, 2021
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Mais nous touchons à une thèse qui nous éloigne beaucoup du sujet de ce livre et du point de vue auquel nous nous étions placé. Nous cherchions quel est le côté le plus instructif du tableau des prisons de Paris pendant la Terreur: l’étude du cœur humain sous l’empire des plus cruelles infortunes; l’observation des mœurs, des habitudes, des croyances d’une fraction de la société du dix-huitième siècle. Le trouble des dissensions civiles, le fracas des armes, la voix du canon ont étouffé tous les autres bruits; les orateurs jouent leur tête à la tribune, les clubs hurlent, les ateliers forgent et fabriquent, le sol tremble sous la marche pressée des volontaires de la liberté. La vieille société ne chante plus, ne danse plus, ne marivaude plus. Est-elle morte? Pas encore. Ce que la Révolution en a épargné vit, comme il lui plaît de vivre, dans les prisons, ces réserves de la guillotine. Vienne le soleil de thermidor: que les prisons s’ouvrent, vous verrez en sortir les belles dames et les beaux esprits; vous entendrez les chansons et le violon; alors reparaîtra dans l’Almanach des Muses le bataillon éprouvé, mais encore respectable, de ses rédacteurs, aimables épicuriens; quelques-uns ont passé de Paphos sur la cime de la Montagne, Carnot, Dorat-Cubières, Berger Sylvain, etc.; d’autres ont disparu dans la tourmente. Les victimes échappées au couteau donnent le ton, font la mode, mènent le branle, une valse furieuse; on assiste à un débordement incroyable de folie et de matérialisme.
Mais les croyances religieuses avaient-elles sur nos pères cette influence admirable qu’on leur attribue et qui prépare une bonne mort comme le couronnement d’une belle vie? Nous voudrions l’admettre et trouver dans l’exemple fourni par le spectacle de tant de vies tranchées odieusement un argument de plus contre la sécheresse un peu hautaine et froide du rationalisme. Il eût été consolant de pouvoir dire: «A côté de ces orgueilleux qui acceptent la mort tranquillement, comme une extrémité naturelle de la vie, ne paraissant rien regretter ni rien désirer, Bayards raisonneurs qui se croient sans peur et sans reproche, voyez ces chrétiens, humbles et généreux, humbles par le sentiment profond de leur fragilité, généreux par l’émotion de leur charité et l’exemple du Sauveur. Qu’il est beau de trouver en eux cette douceur et ce recueillement! Ils marchent au supplice, souriant à la pensée des joies célestes qui les attendent, et le bonheur de cet affranchissement des grossièretés de l’existence terrestre suffirait pour leur faire pardonner aux bourreaux leur mort inique, lors même que leur religion ne leur commanderait pas l’oubli et le pardon des injures.» Qui, nous voudrions pouvoir tenir ce langage. Mais malheureusement les croyances religieuses avaient, dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, moins de force peut-être qu’elles en ont aujourd’hui. Ceux qui n’avaient reçu du christianisme que le baptême se trouvaient plus faibles que les philosophes. Tandis que les uns se laissaient conduire au supplice tranquilles et le front haut, commentant l’immortalité de l’âme comme Socrate, ou le Phédon comme Caton, — les autres, arrachés soudainement aux frivolités de la vie, sans point d’appui contre les anxiétés de la mort, les subissaient passivement, et allaient de l’anéantissement moral par la stupeur à l’anéantissement physique par le glaive.
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