L'Académie des beaux-arts, depuis la fondation de l'Institut de France
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Delaborde Henri. L'Académie des beaux-arts, depuis la fondation de l'Institut de France
L'Académie des beaux-arts, depuis la fondation de l'Institut de France
Table des matières
CHAPITRE PREMIER
ORIGINES
CHAPITRE II
LA CLASSE DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS AU TEMPS DU DIRECTOIRE
CHAPITRE III
LA CLASSE DES BEAUX-ARTS SOUS LE CONSULAT ET SOUS L’EMPIRE
CHAPITRE IV
L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS AU TEMPS DE LA PREMIÈRE RESTAURATION ET PENDANT LES CENT-JOURS
CHAPITRE V
L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS DEPUIS LA SECONDE RESTAURATION JUSQU’A LA FIN DU RÈGNE DE LOUIS XVIII
CHAPITRE VI
L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS DEPUIS L’AVÈNEMENT DE CHARLES X JUSQU’AUX PREMIERS JOURS DU RÈGNE DE LOUIS-PHILIPPE
CHAPITRE VII
L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET
CHAPITRE VIII
L’ACADÉMIE DEPUIS LA SECONDE RÉPUBLIQUE JUSQU’A LA FIN DU SECOND EMPIRE
CHAPITRE IX
L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS DEPUIS LES COMMENCEMENTS DE LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE
LISTE CHRONOLOGIQUE PAR SECTIONS ET PAR FAUTEUILS DES MEMBRES DE L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS DEPUIS LA FONDATION DE L’INSTITUT
SECTION DE PEINTURE
SECTION DE SCULPTURE
SECTION D’ARCHITECTURE
SECTION DE GRAVURE
SECTION DE COMPOSITION MUSICALE ET (à l’origine) DE DÉCLAMATION
CLASSE DES ACADÉMICIENS LIBRES
SECRÉTAIRES PERPÉTUELS
ASSOCIÉS ÉTRANGERS
LISTE ALPHABÉTIQUE DES MEMBRES DE L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS DEPUIS LA FONDATION DE L’INSTITUT
LISTE CHRONOLOGIQUE DES PRÉSIDENTS DE L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS
3e CLASSE DE L’INSTITUT
Classe de la littérature et des beaux-arts. (1795-1802.)
4e CLASSE DE L’INSTITUT
Classe des beaux-arts
4e CLASSE DE L’INSTITUT
Académie des beaux-arts
LISTE ALPHABÉTIQUE DES ASSOCIÉS ÉTRANGERS DE L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS
LISTE ALPHABÉTIQUE DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE DES BEAUX ARTS
Отрывок из книги
Henri Delaborde
Publié par Good Press, 2021
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Transformée en Société populaire et républicaine des arts, la Commune en effet ne fit guère que changer de titre. L’esprit de tolérance et de vraie confraternité n’inspira pas plus les organisateurs de la nouvelle société qu’il n’avait régné entre les membres de l’ancienne. Il y eut même progrès dans le sens de la désunion, la nécessité s’étant fait sentir, pour sauvegarder à l’avenir les intérêts de l’art et des artistes, d’un «creuset épuratoire dont le feu sans cesse entretenu écarterait les faux patriotes». Aussi lorsque la députation de la Société populaire et républicaine des arts fut admise pour la première fois à la barre de la Convention (28 nivôse 1793), celui qui portait la parole en son nom, le citoyen Bienaimé, architecte, ne manqua-t-il pas, dès les premiers mots de son discours, de célébrer comme il convenait les bienfaits de ce procédé d’élimination: «La Société populaire et républicaine, composée d’hommes libres, dit-il, ne reçoit maintenant dans son sein que des citoyens d’un patriotisme épuré.» Et pour que le progrès ainsi obtenu pût se confirmer et s’étendre encore, il ajoutait cet appel direct au zèle et à la persévérance des «courageux Montagnards» de l’Assemblée: «Vous avez détruit tous les ridicules monuments qu’éleva le sot orgueil de la tyrannie...; mais, pour que les efforts des sciences et des arts ne soient pas étouffés, il est encore un monstre que vous devez abattre: c’est l’intrigue... Que son souffle empoisonné ne vienne pas troubler l’air pur de la liberté ! Songez que dans les arts elle trouve un champ plus facile à parcourir.» Réflexion, soit dit en passant, peu flatteuse pour les artistes, au point de vue de leurs habitudes morales et de la fermeté de leur caractère, mais que l’orateur ne se permettait qu’en comptant bien sur l’heureux changement qu’allait produire, là comme ailleurs, l’intervention de ceux qui représentaient à ses yeux l’élite de la Convention. «Oui, Montagne sainte et vénérée, s’écriait-il en terminant, c’est de ta cime que doivent émaner les bienfaits destinés à faire le bonheur éternel de la République. La République les versera sur l’Europe, et l’Europe convertira l’univers!»
Le jour où le délégué de la Société populaire et républicaine des arts débitait à la barre de la Convention cette pièce d’éloquence, David occupait le fauteuil de président; c’était à lui que revenait la tâche de répondre à la harangue. Il répliqua sur le même ton, se servit presque des mêmes termes pour affirmer que, grâce à la nouvelle société, les arts allaient «reprendre toute leur dignité ; qu’ils ne se prostitueraient plus, comme autrefois, à retracer les actions d’un tyran ambitieux, etc.»; quant aux inquiétudes sur les querelles intestines ou sur les menées à venir, David en faisait d’avance bonne justice et rassurait celui qui les avait exprimées, par ces simples mots: «Vous craignez l’intrigue, dites-vous. Son règne a fini avec la royauté ; elle a émigré. Le talent seul est resté, et les représentants du peuple iront le chercher partout où il sera.» Comment douter encore après cela? comment ne pas se fier à de pareilles promesses? Le difficile seulement était d’attendre sans trop d’impatience le moment où elles se réaliseraient, car, en attendant, il fallait vivre et trouver dans le présent des occasions de travail. Or, quelque mouvement qu’elle se donnât pour établir son influence, ce n’était pas la Société populaire et républicaine qui pouvait les procurer. On y discourait fort, mais tout se bornait à ces luttes de parole; ou bien on rédigeait adresses sur adresses à la Convention, tantôt pour lui «présenter quelques jeunes artistes, victimes», à Rome ou à Florence, «du fanatisme et de la rage des ultramontains, et revenus, à travers mille dangers, au sein de leur patrie», — tantôt pour lui proposer de faire en sorte que les ouvrages des peintres émigrés, que «ces ouvrages de leurs mains scélérates auxquels ils avaient dû les faveurs du despotisme n’irritent plus les regards des républicains, et que tout ce qui peut retracer des traîtres à la patrie soit offert en holocauste aux mânes des patriotes » ; mais, en dehors de la satisfaction donnée à un lâche sentiment d’envie ou à un besoin inepte de vengeance, quel bénéfice personnel pouvaient retirer d’une pareille mesure ceux-là mêmes qui la réclamaient? En quoi leur situation actuelle s’en serait-elle améliorée? Les sources d’activité étaient taries partout pour les artistes; tout leur manquait par la force des choses, les fonctions régulières aussi bien que les tâches accidentelles. Pour les membres de l’ancienne Académie qui avaient consenti à s’accommoder des confrères de hasard que les circonstances leur imposaient, rien n’existait plus des ressources qu’ils trouvaient autrefois dans leurs emplois de professeurs ou de professeurs adjoints à l’école établie au Louvre; et, d’un autre côté, l’état des finances publiques ne permettait guère d’engager des dépenses ayant pour objet l’acquisition de sculptures ou de peintures, fussent-elles sorties du ciseau ou du pinceau des républicains les plus avérés. Sauf quelques concours ouverts par ordre du Comité de salut public pour des projets de monuments à élever au Peuple sur le pont Neuf, à la Nature sur la place de la Bastille, à la Liberté sur la place de la Révolution; sauf d’autres projets fournis par David pour des cérémonies ou des fêtes populaires, — comme cette fête, par exemple, en l’honneur des soldats rebelles du régiment de Château vieux que les vers d’André Chénier ont vouée à une immortelle infamie, et la fête dite de l’Être suprême, qui précéda de si peu la chute de Robespierre, — les travaux commandés par l’État aux artistes, à partir de 1792 , se réduisirent à peu près à néant. Rien de plus explicable sans doute, mais aussi rien de moins propre à justifier les efforts assez récemment tentés par quelques historiens pour réhabiliter au point de vue de l’art la période révolutionnaire, même à ses plus horribles moments.
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