Histoire des Musulmans d'Espagne, t. 4
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Dozy Reinhart Pieter Anne. Histoire des Musulmans d'Espagne, t. 4
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
XV
NOTES
CHRONOLOGIE DES PRINCES MUSULMANS DU XIe SIÈCLE
LISTE DES OUVRAGES IMPRIMÉS ET MANUSCRITS DONT L’AUTEUR S’EST SERVI312
Отрывок из книги
A l’époque dont nous parlons, deux hommes également remarquables, mais qui se portaient une haine mortelle, avaient la conduite des affaires à Grenade et à Almérie. C’étaient l’Arabe Ibn-Abbâs et le juif Samuel.
Rabbi Samuel ha-Lévi, qu’on nommait ordinairement Ben-Naghdéla, était né à Cordoue, où il avait étudié le Talmud sous Rabbi Hanokh, le chef spirituel de la communauté juive. Il s’était appliqué aussi, avec beaucoup de succès, à l’étude de la littérature arabe et de presque toutes les sciences que l’on cultivait alors. Au reste, il n’avait été longtemps rien autre chose qu’un simple marchand d’épicerie, d’abord à Cordoue, puis à Malaga, où il s’était établi après la prise de la capitale par les Berbers de Solaimân, lorsqu’un heureux hasard vint l’arracher à son humble condition.
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La promenade finie, Bâdîs se fit amener son prisonnier et lui reprocha ses torts dans les paroles les plus dures. Ibn-Abbâs attendit avec résignation la fin de cette longue invective; puis, quand le roi eut cessé de parler: «Seigneur, s’écria-t-il, je vous en supplie, ayez pitié de moi; délivrez-moi de mes peines! – Tu en seras délivré aujourd’hui même,» lui répondit le prince; et comme il voyait briller une lueur d’espérance sur la pâle et morne figure de son prisonnier, il se tut quelques instants. Puis il reprit avec un sourire féroce: «Tu iras là où tu souffriras bien davantage.» Ensuite il dit à Bologguîn quelques paroles en berber, langue qu’Ibn-Abbâs ne comprenait pas; mais les derniers mots que Bâdîs lui avait adressés, son terrible sourire, son air menaçant et farouche, tout cela lui disait assez clairement que sa dernière heure allait sonner. «Prince, prince, s’écria-t-il en tombant à genoux, épargnez ma vie, je vous en conjure! Ayez pitié de mes femmes, de mes jeunes enfants! Ce n’est pas trente mille ducats que je vous offre, c’est soixante mille; mais au nom de Dieu, laissez-moi la vie!»
Bâdîs l’écouta sans mot dire; puis, brandissant son javelot, il le lui plongea dans la poitrine. Son frère Bologguîn et son chambellan Alî ibn-al-Carawî suivirent son exemple; mais Ibn-Abbâs, qui ne discontinuait pas d’implorer la clémence de ses bourreaux, ne tomba par terre qu’au dix-septième coup (24 septembre 1038)49.
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