La femme au dix-huitième siècle
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Edmond de Goncourt. La femme au dix-huitième siècle
La femme au dix-huitième siècle
Table des matières
PRÉFACE. DE LA PREMIÈRE ÉDITION
I. LA NAISSANCE—LE COUVENT—LE MARIAGE
II. LA SOCIÉTÉ—LES SALONS
III. LA DISSIPATION DU MONDE
IV. L'AMOUR
V. LA VIE DANS LE MARIAGE
VI. LA FEMME DE LA BOURGEOISIE
VII. LA FEMME DU PEUPLE.—LA FILLE GALANTE
VIII. LA BEAUTÉ ET LA MODE
IX. LA DOMINATION ET L'INTELLIGENCE DE LA FEMME
X. L'AME DE LA FEMME
XI. LA VIEILLESSE DE LA FEMME
XII. LA PHILOSOPHIE ET LA MORT DE LA FEMME
Note
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Jules de Goncourt, Edmond de Goncourt
Publié par Good Press, 2021
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Rien de plus faux, rien de plus contraire à la réalité des choses que ce point de vue: on compte au dix-huitième siècle les scandales des pensionnaires de couvent, et la liste n'a que quelques noms. Dans ce temps, où la femme mariée a si peu de défense, la faute d'une jeune fille, et surtout d'une jeune fille bien née, est d'une rareté extraordinaire: elle n'est pas dans les mœurs; Rousseau en fait la remarque, et il n'est pas seul à la faire. Puis l'enlèvement n'était pas un jeu: loin de là; et ses conséquences avaient de quoi faire pâlir et faiblir les plus amoureux, les plus fous, les plus braves. N'était-ce pas un épouvantail pour les agréables les plus décidés que le terrible exemple de M. de la Roche-Courbon, condamné à avoir la tête tranchée après avoir enlevé en 1737 Mlle de Moras du couvent de Notre-Dame de la Consolation? Sa mère mourait de chagrin, et lui-même en fuite, chassé de Sardaigne où il s'était réfugié près de son parent, M. de Sennecterre, ambassadeur de France, finissait misérablement [25].
Le grand couvent du dix-huitième siècle, après le couvent de Fontevrault [26], la maison d'éducation ordinaire des Filles de France, est le couvent de Panthémont, le couvent princier de la rue de Grenelle où s'élèvent les princesses, où la plus haute noblesse met ses filles, espérant pour elles, de la camaraderie, de l'amitié commencée au couvent avec une altesse, quelque faveur, quelque grâce, quelque place de dame auprès de la princesse future. C'est ainsi que Mme de Barbantane plaçait sa fille auprès de Mme la duchesse de Bourbon pour qu'au sortir du couvent elle devînt dame d'honneur de la duchesse [27]. Après ce couvent, qui est le monde, la cour elle-même en raccourci, et où la jeune fille, avec sa gouvernante et sa femme de chambre, mène une vie et reçoit une éducation particulières, vient un autre couvent affectionné par la noblesse, et peuplé de pensionnaires à grand nom: le couvent de la Présentation [28]. Autour et au-dessous de ces deux grandes maisons se rangent toutes les autres maisons religieuses recevant des pensionnaires, abbayes, communautés, couvents, répandus dans tout Paris, et dont chacun semble avoir sa spécialité et sa clientèle, l'habitude de recevoir les filles d'un quartier de la capitale ou d'un ordre de l'État [29]. Prenons l'exemple des dames de Sainte-Marie de la rue Saint-Jacques: la haute magistrature et la grande finance semblent avoir fait choix pour leurs enfants de cette maison, moins relevée que Panthémont ou la Présentation, mais tenue pourtant par le public en grande considération et renommée pour la supériorité de ses études [30].
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