Julia de Trécoeur
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Feuillet Octave. Julia de Trécoeur
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Отрывок из книги
George-René de Lucan était intimement lié avec le comte Pierre de Moras, cousin de Clodilde. Tous deux étaient compagnons d'enfance, de jeunesse, de voyage et même de bataille; car, le hasard les ayant conduits aux Etats-Unis quand la guerre civile y éclata, ils avaient trouvé l'occasion bonne pour recevoir le baptême du feu. Leur amitié s'était encore plus solidement trempée dans ces dangers de guerre soutenus fraternellement loin de leur patrie. Cette amitié avait, d'ailleurs, depuis longtemps un caractère rare de confiance, de délicatesse et de force. Ils s'estimaient mutuellement très-haut, et ils avaient raison. Ils ne se ressemblaient d'ailleurs sous aucun rapport. Pierre de Moras était d'une grande taille, blond comme un Scandinave, beau et fort comme un lion, mais comme un lion bon enfant. Lucan était brun, mince, élégant, grave. Il y avait dans son regard fier et un peu sombre, dans son accent froid et doux, dans sa démarche même, une grâce mêlée d'autorité qui imposait et charmait.
Ils n'étaient pas moins dissemblables au point de vue moral: l'un bon vivant, sceptique absolu et paisible, possesseur insouciant d'une danseuse; l'autre toujours troublé malgré son calme extérieur, romanesque, passionné, tourmenté d'amour et de théologie. Pierre de Moras, à leur retour d'Amérique, avait présenté Lucan chez sa cousine Clodilde, et, dès ce moment, il y eut du moins deux points sur lesquels ils furent parfaitement d'accord: une profonde estime pour Clodilde et une profonde antipathie pour son mari. Ils appréciaient, d'ailleurs, chacun à sa manière le caractère et la conduite de M. de Trécoeur. Pour le comte Pierre, Trécoeur était simplement un être malfaisant; pour M. de Lucan, c'était un criminel.
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– Est-il possible que vous ne l'aimiez pas? dit Lucan à demi-voix.
– Je l'aime extrêmement, au contraire; je l'apprécie, je l'admire;… mais c'est une soeur pour moi, purement une soeur… Ce qu'il y a de délicieux, mon cher, c'est que mon rêve a toujours été de vous marier, Clodilde et vous; seulement, vous me paraissiez si froid, si peu empressé, si réfractaire, et dans ces derniers temps surtout… Mon Dieu, comme vous êtes pâle, George!
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