Souvenirs d'une actrice (2/3)
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Fusil Louise. Souvenirs d'une actrice (2/3)
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NOTES
Отрывок из книги
Je reviens à Paris. – Répétition générale de la tragédie de Timoléon. – Chénier invite plusieurs députés à y assister. – Au moment du couronnement de Timophane, le député Albite fait une sortie violente. – On s'enfuit en tumulte. – On joue le lendemain Caïus-Gracchus. – Albite renouvelle la scène de la veille, et jette sa carte de député dans le parterre. – Manière dont madame de Genlis raconte dans ses mémoires l'anecdote relative à Chénier, avec mademoiselle Dumesnil, à laquelle il avait rendu un service Important. – Fusil et Martainville. – Fusil fait enfuir Martainville proscrit. Il le déguise en paysan et lui donne de l'argent pour son voyage. – Reconnaissance de Martainville. – Fusil à l'armée de Vendée. – Il rencontre le général d'Autichamp, chef des Vendéens, blessé. – Épisode.
Chénier avait invité plusieurs députés à venir assister à la répétition de Timoléon, que l'on faisait ordinairement le soir. Albite et Julien de Toulouse, je crois, étaient du nombre; je ne me rappelle pas les autres. Au moment où l'on couronne Timophane, Albite, interrompant l'action, fit une sortie virulente contre la pièce et contre l'auteur. Choeur[2] et comparses, tout le monde s'enfuit en tumulte, comme à l'Opéra, lorsque le grand-prêtre prononce un anathème. La salle et les loges furent bientôt désertes. Chénier parla d'une manière très animée à ces députés et chercha à justifier ce couronnement par l'événement de la fin, mais ces messieurs ne voulurent rien entendre. Nous crûmes que Chénier serait arrêté dans la nuit, et il le pensait lui-même; cependant il n'en fut rien; on donna même le surlendemain son Caïus-Gracchus à la place de Timoléon; mais il paraît qu'Albite était décidé à le poursuivre dans tous ses ouvrages, car à ce vers,
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Le soir il lui annonça qu'il avait été dénoncé, et qu'il ne pourrait passer la barrière que déguisé. On avait été dans sa maison pour s'informer de l'heure à laquelle il devait rentrer.
– Tu attendras chez moi, ajouta Fusil, jusqu'à jeudi, jour où je serai de garde à la barrière. Voyons, endosse un de mes habits de paysan, pour t'accoutumer aux allures qu'il te faut prendre; et il lui fit répéter son rôle. Je ne pouvais, en le voyant ainsi, m'empêcher de rire, et cela mettait Fusil en colère. Il est certain que la circonstance n'était rien moins que gaie. Martainville n'avait jamais d'argent, et Fusil, dont les appointements étaient presque entièrement saisis, n'en avait guère. Cependant il lui donna trois cents francs qu'il venait de recevoir. Le lendemain étant le jour de garde de mon mari, Martainville s'achemina à la barrière, le dos voûté, comme on le lui avait recommandé, avec un grand panier rempli de provisions, au bras. Nous lui avions fait emporter des provisions, afin que, tant qu'il serait près de Paris, il n'entrât pas dans les auberges ou dans les cabarets. Son permis était en règle. Il ne lui arriva rien de fâcheux, et il sortit de Paris sans obstacle. Mais si l'on avait soupçonné Fusil d'avoir favorisé sa fuite, Dieu sait ce qui lui serait arrivé, car à cette époque nulle opinion ne vous défendait. Michot en fit l'observation à mon mari, et je n'ai pas oublié qu'il ajouta:
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