L'abbaye de Talloires
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Gabriel Pérouse. L'abbaye de Talloires
L'abbaye de Talloires
Table des matières
LES ORIGINES
L’INSIGNE PRIEURÉ
LA VIE AU MONASTÈRE
L’ABBAYE ROYALE
BIBLIOGRAPHIE
NOTES CONCERNANT LES ILLUSTRATIONS
Отрывок из книги
Gabriel Pérouse
Publié par Good Press, 2021
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Elle était bien belle et bien grande, pour un simple prieuré, l’église d’Ermengarde. L’art roman, qui venait de naître, affirmait déjà ses principes; des traditions romaines ou byzantines, il ne s’inspirait guère que pour le choix des ornements; épris de logique et d’équilibre, il opposait, aux timidités de l’âge carolingien, son originalité et sa sincérité. Dans les trois nefs de l’église de Talloires, pas un hors-d’œuvre, point de surcharge. La masse des pierres taillées faisait toute la beauté des murs. Elles venaient en partie, ces pierres, des ruines du vieil Annecy de l’époque romaine, bourgade déshabitée depuis le vie siècle et qu’on exploitait comme une carrière. On y trouvait de grands blocs où les Gallo-Romains avaient gravé, en lettres sculpturales, les inscriptions dont ils aimaient à parer leurs rues et leurs places. Telle cette inscription, en caractères du bon style du Ier siècle, qui rappelait que Caïus Blœsius Gratus, fils de Caïus, avait donné au vicus d’Annecy une horloge de grand prix, à figures, avec ses grilles, et qu’il avait donné aussi, pour régler cette horloge, un esclave très cher, qui valait 4.000 sesterces. Cette pierre, apportée à Talloires, fut mise en œuvre dans l’église par les maçons de la reine. On l’a, depuis, encastrée dans le mur d’une des anciennes dépendances du monastère.
La grande nef, de belle largeur, était simplement recouverte d’un plancher à poutrelles. Dix colonnes la bordaient, cinq à droite et cinq à gauche, contre les collatéraux, plus étroits, et qui étaient voûtés. Des chapiteaux couronnaient ces piliers, tous différents, comme ceux des demi-colonnes engagées des petites nefs. Trois ou quatre de ces chapiteaux subsistent dans l’un des jardins qui se partagent l’ancien enclos des moines. Deux autres se retrouvent, un peu plus haut sur la montagne, au petit oratoire du Toron, avec une partie de leurs robustes colonnes aux beaux fûts. Des palmettes carolingiennes; des feuilles du type corinthien, un peu lourdes et pourtant très décoratives; des animaux étranges et pourtant pleins de vie se mêlent dans leurs corbeilles aux autres ornementations du premier style roman, si vigoureux et si noble jusque dans sa gaucherie. Ils montrent, ces chapiteaux, que rien ne fut épargné pour décorer Talloires. Un porche, ouvert à l’occident sur le lac, abritait le portail, orné de statues de saints bénédictins et porté par six colonnes monumentales, que coiffaient d’autres chapiteaux, plus grands que ceux de la nef. Leur sculpteur s’était inspiré d’un symbolisme imagé, que ses contemporains savaient lire, mais nous ne comprenons plus ce qu’il a voulu dire quand il a figuré, sur deux de ces chapiteaux conservés aujourd’hui à Annecy, un archer à bec d’épervier, aux pieds fourchus; un centaure à tête de chanoine qui détale dans un mouvement de fuite très heureusement rendu; un fort vilain petit monstre accroupi et un très fabuleux dragon ailé à plusieurs têtes.
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