La Comédie humaine - Volume 02
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Honoré de Balzac. La Comédie humaine - Volume 02
MÉMOIRES DE DEUX JEUNES MARIÉES
I. A MADEMOISELLE RENÉE DE MAUCOMBE
II. LA MÊME A LA MÊME
III. DE LA MÊME A LA MÊME
IV. DE LA MÊME A LA MÊME
V. RENÉE DE MAUCOMBE A LOUISE DE CHAULIEU
VI. DON FELIPE HÉNAREZ A DON FERNAND
VII. LOUISE DE CHAULIEU A RENÉE DE MAUCOMBE
VIII. LA MÊME A LA MÊME
IX. MADAME DE L'ESTORADE A MADEMOISELLE DE CHAULIEU
X. MADEMOISELLE DE CHAULIEU A MADAME DE L'ESTORADE
XI. MADAME DE L'ESTORADE A MADEMOISELLE DE CHAULIEU
XII. MADEMOISELLE DE CHAULIEU A MADAME DE L'ESTORADE
XIII. DE MADAME DE L'ESTORADE A MADEMOISELLE DE CHAULIEU
XIV. LE DUC DE SORIA AU BARON DE MACUMER
XV. LOUISE DE CHAULIEU A MADAME DE L'ESTORADE
XVI. DE LA MÊME A LA MÊME
XVII. DE LA MÊME A LA MÊME
XVIII. DE MADAME DE L'ESTORADE A LOUISE DE CHAULIEU
XIX. LOUISE DE CHAULIEU A MADAME DE L'ESTORADE
XX. RENÉE DE L'ESTORADE A LOUISE DE CHAULIEU
XXI. LOUISE DE CHAULIEU A RENÉE DE L'ESTORADE
XXII. LOUISE A FELIPE
XXIII. FELIPE A LOUISE
XXIV. LOUISE DE CHAULIEU A RENÉE DE L'ESTORADE
XXV. RENÉE DE L'ESTORADE A LOUISE DE CHAULIEU
XXVI. LOUISE DE MACUMER A RENÉE DE L'ESTORADE
XXVII. LOUISE DE MACUMER A RENÉE DE L'ESTORADE
XXVIII. RENÉE DE L'ESTORADE A LOUISE DE MACUMER
XXIX. DE MONSIEUR DE L'ESTORADE A LA BARONNE DE MACUMER
XXX. LOUISE DE MACUMER A RENÉE DE L'ESTORADE
XXXI. RENÉE DE L'ESTORADE A LOUISE DE MACUMER
XXXII. MADAME DE MACUMER A MADAME DE L'ESTORADE
XXXIII. MADAME DE L'ESTORADE A MADAME DE MACUMER
XXXIV. DE MADAME DE MACUMER A LA VICOMTESSE DE L'ESTORADE
XXXV. MADAME DE MACUMER A MADAME LA VICOMTESSE DE L'ESTORADE
XXXVI. DE LA VICOMTESSE DE L'ESTORADE A LA BARONNE DE MACUMER
XXXVII. DE LA BARONNE DE MACUMER A LA VICOMTESSE DE L'ESTORADE
XXXVIII. DE LA VICOMTESSE DE L'ESTORADE A LA BARONNE DE MACUMER
XXXIX. DE LA BARONNE DE MACUMER A LA VICOMTESSE DE L'ESTORADE
XL. DE LA COMTESSE DE L'ESTORADE A LA BARONNE DE MACUMER
XLI. DE LA BARONNE DE MACUMER A LA VICOMTESSE DE L'ESTORADE
XLII. RENÉE A LOUISE
XLIII. MADAME DE MACUMER A LA COMTESSE DE L'ESTORADE
XLIV. DE LA MÊME A LA MÊME
XLV. RENÉE A LOUISE
XLVI. MADAME DE MACUMER A LA COMTESSE DE L'ESTORADE
XLVII. RENÉE A LOUISE
DEUXIÈME PARTIE. XLVIII. DE LA BARONNE DE MACUMER A LA COMTESSE DE L'ESTORADE
XLIX. MARIE GASTON A DANIEL D'ARTHEZ
L. MADAME DE L'ESTORADE A MADAME DE MACUMER
LI. DE LA COMTESSE DE L'ESTORADE A MADAME MARIE GASTON
LII. MADAME GASTON A MADAME DE L'ESTORADE
LIII. DE MADAME DE L'ESTORADE A MADAME GASTON
LIV. DE MADAME GASTON A LA COMTESSE DE L'ESTORADE
LV. LA COMTESSE DE L'ESTORADE A MADAME GASTON
LVI. DE MADAME GASTON A LA COMTESSE DE L'ESTORADE
LVII. DE LA COMTESSE DE L'ESTORADE AU COMTE DE L'ESTORADE
UNE FILLE D'ÈVE
LA FEMME ABANDONNÉE
LA GRENADIÈRE
LE MESSAGE
GOBSECK
AUTRE ÉTUDE DE FEMME
Отрывок из книги
Ma chère biche, je suis dehors aussi, moi! Et si tu ne m'as pas écrit à Blois, je suis aussi la première à notre joli rendez-vous de la correspondance. Relève tes beaux yeux noirs attachés sur ma première phrase, et garde ton exclamation pour la lettre où je te confierai mon premier amour. On parle toujours du premier amour; il y en a donc un second? Tais-toi! me diras-tu; dis-moi plutôt, me demanderas-tu, comment tu es sortie de ce couvent où tu devais faire ta profession? Ma chère, quoi qu'il arrive aux Carmélites, le miracle de ma délivrance est la chose la plus naturelle. Les cris d'une conscience épouvantée ont fini par l'emporter sur les ordres d'une politique inflexible, voilà tout. Ma tante, qui ne voulait pas me voir mourir de consomption, a vaincu ma mère, qui prescrivait toujours le noviciat comme seul remède à ma maladie. La noire mélancolie où je suis tombée après ton départ a précipité cet heureux dénouement. Et je suis dans Paris, mon ange, et je te dois ainsi le bonheur d'y être. Ma Renée, si tu m'avais pu voir, le jour où je me suis trouvée sans toi, tu aurais été fière d'avoir inspiré des sentiments si profonds à un cœur si jeune. Nous avons tant rêvé de compagnie, tant de fois déployé nos ailes et tant vécu en commun, que je crois nos âmes soudées l'une à l'autre, comme étaient ces deux filles hongroises dont la mort nous a été racontée par monsieur Beauvisage, qui n'était certes pas l'homme de son nom: jamais médecin de couvent ne fut mieux choisi. N'as-tu pas été malade en même temps que ta mignonne? Dans le morne abattement où j'étais, je ne pouvais que reconnaître un à un les liens qui nous unissent; je les ai crus rompus par l'éloignement, j'ai été prise de dégoût pour l'existence comme une tourterelle dépareillée, j'ai trouvé de la douceur à mourir, et je mourais tout doucettement. Être seule aux Carmélites, à Blois, en proie à la crainte d'y faire ma profession sans la préface de mademoiselle de la Vallière et sans ma Renée! mais c'était une maladie, une maladie mortelle. Cette vie monotone où chaque heure amène un devoir, une prière, un travail si exactement les mêmes, qu'en tous lieux on peut dire ce que fait une carmélite à telle ou telle heure du jour ou de la nuit: cette horrible existence où il est indifférent que les choses qui nous entourent soient ou ne soient pas, était devenue pour nous la plus variée: l'essor de notre esprit ne connaissait point de bornes, la fantaisie nous avait donné la clef de ses royaumes, nous étions tour à tour l'une pour l'autre un charmant hippogriffe, la plus alerte réveillait la plus endormie, et nos âmes folâtraient à l'envi en s'emparant de ce monde qui nous était interdit. Il n'y avait pas jusqu'à la Vie des Saints qui ne nous aidât à comprendre les choses les plus cachées! Le jour où ta douce compagnie m'était enlevée, je devenais ce qu'est une carmélite à nos yeux, une Danaïde moderne qui, au lieu de chercher à remplir un tonneau sans fond, tire tous les jours, de je ne sais quel puits, un seau vide, espérant l'amener plein. Ma tante ignorait notre vie intérieure. Elle n'expliquait point mon dégoût de l'existence, elle qui s'est fait un monde céleste dans les deux arpents de son couvent. Pour être embrassée à nos âges, la vie religieuse veut une excessive simplicité que nous n'avons pas, ma chère biche, ou l'ardeur du dévouement qui rend ma tante une sublime créature. Ma tante s'est sacrifiée à un frère adoré; mais qui peut se sacrifier à des inconnus ou à des idées.
Depuis bientôt quinze jours, j'ai tant de folles paroles rentrées, tant de méditations enterrées au cœur, tant d'observations à communiquer et de récits à faire qui ne peuvent être faits qu'à toi, que sans le pis-aller des confidences écrites substituées à nos chères causeries, j'étoufferais. Combien la vie du cœur nous est nécessaire! Je commence mon journal ce matin en imaginant que le tien est commencé, que dans peu de jours je vivrai au fond de ta belle vallée de Gemenos dont je ne sais que ce que tu m'en as dit, comme tu vas vivre dans Paris dont tu ne connais que ce que nous en rêvions.
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Mon frère est venu sans trop se presser, m'a pris la main et me l'a serrée. — «Embrassez-la donc,» lui a dit le duc. Et il m'a baisée sur chaque joue. — «Je suis enchanté de vous voir, ma sœur, m'a-t-il dit, et je suis de votre parti contre mon père.» Je l'ai remercié; mais il me semble qu'il aurait bien pu venir à Blois, quand il allait à Orléans voir notre frère le marquis à sa garnison. Je me suis retirée en craignant qu'il n'arrivât des étrangers. J'ai fait quelques rangements chez moi, j'ai mis sur le velours ponceau de la belle table tout ce qu'il me fallait pour t'écrire en songeant à ma nouvelle position.
Voilà, ma belle biche blanche, ni plus ni moins, comment les choses se sont passées au retour d'une jeune fille de dix-huit ans, après une absence de neuf années, dans une des plus illustres familles du royaume. Le voyage m'avait fatiguée, et aussi les émotions de ce retour en famille: je me suis donc couchée comme au couvent, à huit heures, après avoir soupé. L'on a conservé jusqu'à un petit couvert de porcelaine de Saxe que cette chère princesse gardait pour manger seule chez elle, quand elle en avait la fantaisie.
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