Le Piccinino
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Жорж Санд. Le Piccinino
NOTICE
I. LE VOYAGEUR
II. L'HISTOIRE DU VOYAGEUR
III. MONSEIGNEUR
IV. MYSTÈRES
V. LE CASINO
VI. L'ESCALIER
VII. UN REGARD
VIII. L'INTRUS
IX. MILA
X. PROBLÈME
XI. LA GROTTE DE LA NAIADE
XII. MAGNANI
XIII. AGATHE
XIV. BARBAGALLO
XV. AMOUR ROMANESQUE
XVI. SUITE DE L'HISTOIRE DE MAGNANI
XVII. LE CYCLAMEN
XVIII. LES MOINES
XIX. JEUNES AMOURS
XX. BEL PASSO ET MAL PASSO
XXI. FRA-ANGELO
XXII. LE PREMIER PAS SUR LA MONTAGNE
XXIII. IL DESTATORE
XXIV. LE PICCININO
XXV. LA CROIX DU DESTATORE
XXVI. AGATHE
XXVII. DIPLOMATIE
XXVIII. JALOUSIE
XXIX. APPARITION
XXX. LE FAUX MOINE
XXXI. SORCELLERIE
XXXII. L'ESCALADE
XXXIII. LA BAGUE
XXXIV. A LA FONTAINE
XXXV. LE BLASON
XXXVI. LES PORTRAITS DE FAMILLE
XXXVII. BIANCA
XXXVIII. COUP DE MAIN
XXXIX. IDYLLE
XL. DÉCEPTION
XLI. JALOUSIE ET RECONNAISSANCE
XLII. CONTRE-TEMPS
XLIII. CRISE
XLIV. RÉVÉLATION
XLV. SOUVENIRS
XLVI. ÉPANOUISSEMENT
XLVII. LE VAUTOUR
XLVIII. LE MARQUIS
XLIX. DANGER
L. MARCHE NOCTURNE
LI. CATASTROPHE
LII. CONCLUSION
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La région, dite piedimonta, qui s'étend autour de la base de l'Etna, et dont Catane marque le point le plus abaissé vers la mer, est, au dire de tous les voyageurs, la plus belle contrée de l'univers. C'est ce qui me détermine à y placer la scène d'une histoire qu'on m'a racontée, mais dont on m'a recommandé de ne dire ni le lieu, ni les personnages véritables. Ainsi donc, ami lecteur, donne-toi la peine de te transporter en imagination jusqu'au pays nommé Valdémona, ou Val des Démons. C'est un bel endroit que je ne me propose pourtant pas de te décrire très-exactement, par une assez bonne raison: c'est que je ne le connais pas, et qu'on ne peint jamais très-bien ce que l'on ne connaît que par ouï dire. Mais il y a tant de beaux livres de voyages que tu peux consulter!.. A moins que tu ne préfères y aller de ta personne, ce que je voudrais pouvoir faire aussi, dès demain, pourvu que ce ne fût pas avec toi, lecteur: car, en présence des merveilles de ce lieu, tu me reprocherais de t'en avoir si mal parlé, et il n'y a rien de plus maussade qu'un compagnon de voyage qui vous sermonne.
En attendant mieux, ma fantaisie éprouve le besoin de te mener un peu loin, par delà les monts, et de laisser reposer les campagnes tranquilles où j'aime le plus souvent à encadrer mes récits. Le motif de cette fantaisie est fort puéril; mais je veux te le dire.
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Michel essayait de ménager cet argent, qui représentait pour lui les sueurs de son père. Il frémissait de honte et d'effroi lorsque sa jeune sœur, qui travaillait à filer la soie (industrie très-répandue dans cette partie de la Sicile), ajoutait en cachette une pièce d'or à l'envoi de son père. C'était évidemment au prix de grandes privations que la pauvre enfant procurait à son frère de quoi se divertir pendant une heure. Michel fit le serment de ne pas toucher à ces pièces d'or, de les rassembler, et de reporter à Mila toutes ses petites économies.
Mais Michel aimait le plaisir; il avait besoin d'un certain luxe, il ne savait pas épargner. Il avait des goûts de prince, c'est-à-dire qu'il aimait à donner, et qu'il récompensait largement le premier facchino qui lui apportait une toile ou une lettre. Et puis, les matériaux du peintre sont fort coûteux. Et puis, enfin, quand Michel se trouvait avec des jeunes gens aisés, il eût rougi de ne point payer son écot comme les autres… Si bien qu'il s'endetta d'une petite somme, bien grosse pour le budget d'un pauvre peintre en bâtiments. Il arriva un moment où la dette, faisant la boule de neige, il fallait fuir honteusement, ou se résigner à quelque travail plus humble que la peinture d'histoire. Michel sacrifia, en frémissant de rage et de douleur, les pièces d'or qu'il avait résolu de reporter un jour à Mila. Mais, se voyant encore loin de compte, il avoua tout dans une lettre à son père, en s'accusant avec une sorte de désespoir. Huit jours après, un banquier fit remettre au jeune homme la somme nécessaire pour s'acquitter et vivre encore quelque temps sur le même pied. Puis, arriva une lettre de Mila, qui disait toujours, sous la dictée de Pier-Angelo: «Une bonne âme m'a prêté l'argent que je t'ai fait passer; mais il me faudra travailler six mois pour m'acquitter. Tâche, mon enfant, de ne pas t'endetter jusque-là, car nous aurions un arriéré dont nous ne pourrions peut-être pas sortir.»
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