Histoire de ma Vie, Livre 3 (Vol. 10 - 13)
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Жорж Санд. Histoire de ma Vie, Livre 3 (Vol. 10 - 13)
TOME DIXIÈME
CHAPITRE VINGT-DEUXIEME1
CHAPITRE VINGT-TROISIEME
CHAPITRE VINGT-QUATRIEME
CHAPITRE VINGT-CINQUIEME.3
CHAPITRE VINGT-SIXIEME
CHAPITRE VINGT-SEPTIEME
CHAPITRE VINGT-HUITIEME
TOME ONZIÈME
CHAPITRE VINGT-HUITIEME
CHAPITRE VINGT-NEUVIEME
CHAPITRE TRENTIEME
CHAPITRE TRENTE-UNIEME
CHAPITRE TRENTE-DEUXIEME
CHAPITRE TRENTE-TROISIEME
TOME DOUZIÈME
CHAPITRE TRENTE-TROISIEME
CHAPITRE TRENTE-QUATRIEME
CHAPITRE TRENTE-CINQUIEME
QUATRIEME PARTIE
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE DEUXIEME
CHAPITRE TROISIEME
CHAPITRE QUATRIEME
TREIZIÈME ET DERNIER
CHAPITRE QUATRIEME
CHAPITRE CINQUIEME
CHAPITRE SIXIEME
CHAPITRE SEPTIEME ET DERNIER
CONCLUSION
Отрывок из книги
Je passai à Nohant l'hiver de 1822-1823, assez malade, mais absorbée par le sentiment de l'amour maternel, qui se révélait à moi à travers les plus doux rêves et les plus vives aspirations. La transformation qui s'opère à ce moment dans la vie et dans les pensées de la femme est, en général, complète et soudaine. Elle le fut pour moi comme pour le grand nombre. Les besoins de l'intelligence, l'inquiétude des pensées, les curiosités de l'étude, comme celles de l'observation, tout disparut aussitôt que le doux fardeau se fit sentir, et même avant que ses premiers tressaillemens m'eussent manifesté son existence. La Providence veut que, dans cette phase d'attente et d'espoir, la vie physique et la vie de sentiment prédominent. Aussi, les veilles, les lectures, les rêveries, la vie intellectuelle en un mot, fut naturellement supprimée, et sans le moindre mérite ni le moindre regret.
L'hiver fut long et rude, une neige épaisse couvrit longtemps la terre durcie d'avance par de fortes gelées. Mon mari aimait aussi la campagne, bien que ce fût autrement que moi, et, passionné pour la chasse, il me laissait de longs loisirs que je remplissais par le travail de la layette. Je n'avais jamais cousu de ma vie. Tout en disant que cela était nécessaire à savoir, ma grand'mère ne m'y avait jamais poussée, et je m'y croyais d'une maladresse extrême. Mais quand cela eut pour but d'habiller le petit être que je voyais dans tous mes songes, je m'y jetai avec une sorte de passion. Ma bonne Ursule vint me donner les premières notions du surjet et du rabattu. Je fus bien étonnée de voir combien cela était facile; mais en même temps je compris que là, comme dans tout, il pouvait y avoir l'invention, et la maëstria du coup de ciseaux.
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Mon mari passait quelquefois les nuits à Paris, mon domestique couchait dans des bâtimens éloignés, j'étais seule avec ma servante dans ce pavillon, éloigné lui-même de toute demeure habitée. Je m'étais mis en tête des idées sombres, depuis que j'avais entendu, dans une de ces nuits de brouillard dont la sonorité est étrangement lugubre, les cris de détresse d'un homme qu'on battait et qu'on semblait égorger. J'ai su, depuis, le mot de ce drame étrange; mais je ne peux ni ne veux le raconter.
Je me rassurai en voyant peu à peu que le jardinier qui m'effrayait ne m'en voulait pas personnellement, mais qu'il était fort contrarié de notre présence, gênante peut-être pour quelque projet d'occupation du pavillon, ou quelque dilapidation domestique. Je me rappelai Jean-Jacques Rousseau chassé de château en château, d'ermitage en ermitage, par des calculs et des mauvais vouloirs de ce genre, et je commençai à regretter de n'être pas chez moi.
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