L'oiseau
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Jules Michelet. L'oiseau
L'oiseau
Table des matières
COMMENT L'AUTEUR FUT CONDUIT. À L'ÉTUDE DE LA NATURE
PREMIERE PARTIE
L'ŒUF
LE PÔLE. OISEAUX-POISSONS
L'AILE
PREMIERS ESSAIS DE L'AILE
LE TRIOMPHE DE L'AILE
LES RIVAGES. DÉCADENCE DE QUELQUES ESPÈCES
LES HÉRONNIÈRES D'AMÉRIQUE. WILSON
LE COMBAT. LES TROPIQUES
L'ÉPURATION
LA MORT. LES RAPACES
DEUXIÈME PARTIE
LA LUMIÈRE. LA NUIT
L'ORAGE ET L'HIVER. MIGRATIONS
SUITE DES MIGRATIONS. L'HIRONDELLE
HARMONIES DE LA ZONE TEMPÉRÉE
L'OISEAU, OUVRIER DE L'HOMME
LE TRAVAIL. LE PIC
LE CHANT
LE NID. ARCHITECTURE DES OISEAUX
VILLES DES OISEAUX. ESSAIS DE RÉPUBLIQUE
ÉDUCATION
LE ROSSIGNOL, L'ART et L'INFINI
SUITE DU ROSSIGNOL
CONCLUSION
ÉCLAIRCISSEMENTS
Отрывок из книги
Jules Michelet
Publié par Good Press, 2020
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«Ils le connaissaient bien. Un jour, un nouvel hôte, maigre, hérissé, peu rassurant, nous arrive, tenant du chien, du loup; c'était en effet un métis des deux espèces, né aux forêts de la Grésigne. Il était très-féroce, fort irascible, et beaucoup trop semblable à la louve, sa mère. Du reste, intelligent, et d'un instinct très-sûr, il se donna tout d'abord à mon père, et, quoi qu'on fît, il ne le quitta plus. Il ne nous aimait guère; nous le lui rendions bien, saisissant toute occasion de lui jouer cent tours. Il (Page )grondait et grinçait les dents, toutefois, par égard pour mon père, s'abstenant de nous dévorer. Pour les pauvres, il était furieux, implacable, très-dangereux; ce qui décida à permettre qu'on le perdît. Mais il n'y avait pas moyen. Il revenait toujours. Ses nouveaux maîtres l'enchaînèrent au piquet; piquet, chaînes, il arracha tout, rapporta tout à la maison. C'était trop pour mon père; il ne put jamais le quitter.
«Plus que les chiens encore, les chats étaient dans sa faveur. Cela tenait à son éducation, aux cruelles années du collége; son frère et lui, battus et rebutés, entre les duretés de la famille et les cruautés de l'école, avaient eu deux chats pour consolateurs. Cette prédilection passa dans la famille; chacun de nous, enfant, avait son chat. La réunion était belle au foyer; tous, en grande fourrure, siégeant dignement sous les chaises de leurs jeunes maîtres. Un seul manquait au cercle: c'était un malheureux, trop laid pour figurer avec les autres; il en avait conscience, et se tenait à part, dans une timidité sauvage que rien ne pouvait vaincre. Comme en toute réunion (triste malignité de notre nature!) il faut un plastron, un souffre-douleur sur qui tombent les coups, il remplissait ce rôle. Si ce n'étaient des coups, du moins, c'étaient des moqueries: (Page )on l'appelait Moquo. Infirme et mal fourni de poil, plus que les autres il eût eu besoin du foyer; mais les enfants lui faisaient peur; ses camarades même, mieux fourrés dans leur chaude hermine, semblaient n'en faire grand cas et le regarder de travers. Il fallait que mon père allât à lui, le prît; le reconnaissant animal se couchait sous cette main aimée et prenait confiance. Enveloppé de son habit et réchauffé de sa chaleur, lui aussi il venait, invisible, au foyer. Nous le distinguions bien; et, s'il passait un poil, un bout d'oreille, les rires et les regards le menaçaient, malgré mon père. Je vois encore cette ombre se ramasser, se fondre, pour ainsi dire, dans le sein de son protecteur, fermant les yeux et s'anéantissant, préférant ne rien voir.
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