Французский с любовью. Тристан и Изольда / Le roman de Tristan et Iseut
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Группа авторов. Французский с любовью. Тристан и Изольда / Le roman de Tristan et Iseut
I. Les enfances de Tristan
II. Le Morholt d’Irlande
III. La quête de la belle aux cheveux d’or
IV. Le philtre
V. Brangien livrée aux serfs
VI. Le grand pin
VII. Le nain Frocin
VIII. Le saut de la chapelle
IX. La forêt du Morois
X. L’ermite Ogrin
XI. Le Gué Aventureux
XII. Le jugement par le fer rouge
XIII. La voix du rossignol
XIV. Le grelot merveilleux
XV. Iseut aux blanches mains
XVI. Kaherdin
XVII. Dinas de Lidan
XVIII. Tristan fou
XIX. La mort
Французско-русский словарь к тексту
Отрывок из книги
Seigneurs, vous plaît-il d’entendre un beau conte d’amour et de mort ? C’est de Tristan et d’Iseut la reine. Écoutez comment à grand’joie, à grand deuil ils s’aimèrent, puis en moururent un même jour, lui par elle, elle par lui.
Aux temps anciens, le roi Marc régnait en Cornouailles. Ayant appris que ses ennemis le guerroyaient, Rivalen, roi de Loonnois, franchit la mer pour lui porter son aide. Il le servit par l’épée et par le conseil, comme eût fait un vassal, si fidèlement que Marc lui donna en récompense la belle Blanchefleur, sa sœur, que le roi Rivalen aimait d’un merveilleux amour. Il la prit à femme au moutier de Tintagel. Mais à peine l’eut-il épousée, la nouvelle lui vint que son ancien ennemi, le duc Morgan, s’étant abattu[1] sur le Loonnois, ruinait ses bourgs, ses champs, ses villes. Rivalen équipa ses nefs hâtivement, et emporta Blanchefleur, qui se trouvait grosse, vers sa terre lointaine. Il atterrit devant son château de Kanoël, confia la reine à la sauvegarde de son maréchal Rohalt, Rohalt que tous, pour sa loyauté, appelaient d’un beau nom, Rohalt le Foi-Tenant ; puis, ayant rassemblé ses barons, Rivalen partit pour soutenir sa guerre. Blanchefleur l’attendit longuement. Hélas ! il ne devait pas revenir. Un jour, elle apprit que le duc Morgan l’avait tué en trahison. Elle ne le pleura point : ni cris, ni lamentations, mais ses membres devinrent faibles et vains ; son âme voulut, d’un fort désir, s’arracher de son corps. Trois jours elle attendit de rejoindre son cher seigneur. Au quatrième jour, elle mit au monde un fils, et, l’ayant pris entre ses bras : « Fils, lui dit-elle, j’ai longtemps désiré de te voir ; et je vois la plus belle créature que femme ait jamais portée. Triste j’accouche, triste est la première fête que je te fais, à cause de toi j’ai tristesse à mourir. Et comme ainsi tu es venu sur terre par tristesse, tu auras nom Tristan. » Quand elle eut dit ces mots, elle le baisa, et, sitôt[2] qu’elle l’eut baisé, elle mourut.
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Alors ils se mirent à la voie en devisant, tant qu’ils découvrirent enfin un riche château. Des prairies l’environnaient, des vergers, des eaux vives, des pêcheries et des terres de labour. Des nefs nombreuses entraient au port. Le château se dressait sur la mer, fort et beau, bien muni contre tout assaut et tous engins de guerre ; et sa maîtresse tour, jadis élevée par les géants, était bâtie de blocs de pierre, grands et bien taillés, disposés comme un échiquier de sinople et d’azur.
Tristan demanda le nom de ce château. « Beau valet, on le nomme Tintagel. – Tintagel, s’écria Tristan, béni sois-tu de Dieu, et bénis soient tes hôtes ! » Seigneurs, c’est là que jadis, à grand’joie, son père Rivalen avait épousé Blanchefleur. Mais, hélas ! Tristan l’ignorait.
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