Pile et face
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Lucien Biart. Pile et face
Pile et face
Table des matières
PREMIÈRE FARTIE
I
LE MARQUIS DE LA TAILLADE
II
GASTON FAIT SES PREMIÈRES DENTS
III
LA PROPRIÉTAIRE DU CŒUR-ENFLAMMÉ
IV
OU PEUT CONDUIRE L'AMOUR DU CANON
V
GASTON DÉCOUVRE PARIS
VI
LA DANSE DE GISELLE
VII
UN DRAME A PROPOS D'UNE BOUTEILLE CASSÉE
VIII
A MINUIT
IX
LA DINETTE
X
ALEXIS VOIT CLAIR
XI
PILE
XII
L'HIRONDELLE RETOURNE A SON NID
FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE. DEUXIÈME PARTIE
I
LA MARQUISE DE LA TAILLADE
II
MADEMOISELLE RETROUVE SON HISTOIRE
III
UNE PARISIENNE
IV
ENTRE L'ARBRE ET L'ÉCORCE
V
À LA VIE, À LA MORT
VI
COMMENT ON VENGE UN AMI
VII
LA PETITE MAISON DE HOUDAN
VIII
BOUCHOT EXÉCUTE POUR LA DERNIÈRE FOIS LE PAS DE GISELLE
IX
AIMÉE
X
GASTON PREND SA REVANCHE
XI
FACE
XII
APRÈS L'ORAGE
Отрывок из книги
Lucien Biart
Publié par Good Press, 2020
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«Le progrès…» commençait le docteur.
Mais il était bientôt interrompu par une consultation en plein air. Du fond d'une charrette dont une fermière coiffée d'un grand bonnet, à la jupe rayée, au fichu croisé, guidait la haridelle, sortaient cinq ou six gars perdus dans leurs cols de chemise. Dociles aux ordres de la matrone, l'un montrait sa langue, l'autre un genou endommagé par une chute, un troisième une blessure honorablement acquise dans une lutte avec un de ses pareils. Gaston, parti en avant, cueillait des pâquerettes et des boutons d'or, regardait les cousins diaphanes danser sur l'eau des fossés, les bourdons s'enfuir effarés, les pies sautiller dans les prés humides. Le ciel s'incendiait vers le couchant, on entendait mugir, au fond des chemins creux, les bestiaux qui regagnaient l'étable et que gourmandait une voix d'enfant. De la masse sombre des taillis, bordés de tanaisie aux fleurons d'or, de mûriers sauvages et de fines bruyères, sortaient, comme des apparitions fantastiques, de vieilles femmes courbées sous un fardeau de bois mort. Un paysan, assis sur un cheval de labour, traînait une herse aux dents polies, et la mèche bruyante de son fouet décapitait au passage une grappe de gaillet ou la tige cotonneuse d'un bouillon-blanc. La nuit venait, lente, paisible, majestueuse, rétrécissant peu à peu l'horizon. Les grillons faisaient bruire l'air imprégné de senteurs balsamiques; de légères vapeurs montaient du sol, s'irisant sous un dernier rayon; on eût dit qu'une main invisible agitait une de ces étoffes chatoyantes dont l'œil veut en vain préciser la couleur. La nature, comme recueillie, apaisait ses voix tumultueuses, et le grand silence des solitudes semblait descendre avec l'ombre sur la plaine déserte. Mais bientôt le cri moqueur d'un coucou s'élevait du fond d'un bois, et les grenouilles préludaient au loin à leur monotone concert. Une cloche d'église tintait à l'improviste; la brise emportait les notes vibrantes et les semait sur la vallée. A ce signal, des chauves-souris échappées de la vieille tour commençaient leur chasse nocturne; des vers luisants allumaient leurs fanaux dans l'herbe; les trembles frémissaient. Toujours ému par la grandeur et l'harmonie solennelle de ces couchers du soleil, le docteur s'arrêtait, l'âme rêveuse, l'oreille charmée, l'œil fixé sur le ciel où brillaient les étoiles, et secouait sa tête grise en murmurant: «Spinoza s'est trompé: il y a un Dieu.»
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