Le chevalier Sarti
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Paul Scudo. Le chevalier Sarti
Le chevalier Sarti
Table des matières
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
Note
Отрывок из книги
Paul Scudo
Publié par Good Press, 2021
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«Tous les biographes de Beethoven ont divisé son œuvre en trois grandes catégories qui correspondent à trois époques différentes de la vie de ce grand homme. Pendant la première période, qui s’étend depuis 1790 jusqu’en 1800, il imite, avec plus ou moins d’indépendance, les maîtres qui l’ont précédé et surtout Mozart, dont il a eu de la peine à repousser la dolce maestà. Dans la seconde phase, qui commence avec le siècle et se prolonge jusqu’en 1816, Beethoven déchire les liens qui le retenaient captif sur les bords du passé, et il développe les magnificences de sa propre nature. Dans la troisième et dernière période, qui se continue jusqu’à la mort, il exagère certains procédés de facture qui trahissent plutôt le système que l’épanchement naïf d’une inspiration nouvelle. Ces trois manières, comme disent les savants, se remarquent chez tous les hommes de génie qui ne sont pas morts trop jeunes, comme Tasse, Raphaël et Mozart; elles sont la manifestation des trois grandes périodes que parcourt incessamment l’esprit humain avant d’arriver au terme fatal: la jeunesse, la maturité et la décadence. Dans la première période, l’homme prélude et s’essaye aux combats de la vie sous les yeux de sa mère; puis il s’épanouit glorieusement sous le feu des passions; enfin il décroît et il meurt. Ce sont là les trois âges du monde dont parlent les poëtes. Pour les hommes voués au culte de la beauté, l’âge d’or, c’est l’âge de l’amour, passion sublime et sainte qui n’éclate dans toute sa puissance que vers le milieu di nostra vita. Tant que la flamme scintille sur l’autel sacré, il n’y a pas dépérissement dans les facultés créatrices de l’homme, et ses œuvres inspirées jaillissent du cœur empreintes d’une éternelle jeunesse. Gluck n’a-t-il pas composé son opéra d’Armide à l’âge de soixante ans? En voulant suppléer à la défaillance de l’amour par les savantes combinaisons de l’esprit, on s’élève peut-être dans la hiérarchie des êtres pensants, mais on décline comme artiste créateur; car, ainsi que le disaient les troubadours qui avaient conservé la tradition des doctrines platoniciennes: «Pour bien chanter et pour trouver, il faut aimer.» Heureux le poëte, heureux l’artiste qui ne double pas le cap des tempêtes, et qui expire, comme Raphaël, le Tasse, Mozart et Byron, au sein de la fleur divine dont il avait aspiré les sucs enivrants!
«C’est ainsi que pensait Beethoven, qui n’a produit les plus belles œuvres de son génie que pendant l’époque bienheureuse qui s’étend de 1800 à 1816. C’est alors qu’il fit la connaissance d’une femme qui a joué un grand rôle dans sa vie, et dont le souvenir traversera les âges avec les sombres et mélancoliques accords de la sonate en ut dièse mineur qui lui est dédiée. Elle s’appelait Giulietta di Guicciardi, et, par l’élégance de sa personne, par sa blonde et riche chevelure et la vivacité de son esprit, elle vint raviver dans le cœur de Beethoven l’image voilée de Mlle de Honrath. A vrai dire, l’homme ne saurait aimer profondément qu’un seul type de femme, dont il cherche constamment l’idéal parmi les fragments épars que lui présente la réalité. Il se passe au fond de notre cœur quelque chose de semblable à la greffe des plantes, dont la vieille séve sert à produire des fruits nouveaux. C’est ainsi que les nouvelles affections prennent souvent racine dans les souvenirs du passé, dont elles semblent raviver les rêves évanouis. Hélas! plus que personne, je puis témoigner de la vérité de cette résurrection de nos sentiments.
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