Nord-Sud: Amérique; Angleterre; Corse; Spitzberg
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Rene Bazin. Nord-Sud: Amérique; Angleterre; Corse; Spitzberg
NORD-SUD
PAYSAGES D'AMÉRIQUE
VISITES EN ANGLETERRE
I. DANS LE NORFOLK
II. DANS L'OUEST
III. UNE GRANDE DEMEURE
IV. LE VILLAGE. UN PARC DANS LE YORKSHIRE
V. CHASSE AU RENARD
PROMENADES EN CORSE
I. D'AJACCIO A LA FORÊT DE VIZZAVONA
II. LA FORÊT. – UNE PROCESSION A CORTE
III. BASTIA. – LE CAP CORSE
IV. LA CORSE EN AUTOMNE DE BASTIA A CALACUCCIA. LA FORÊT D'AÏTONE
V. LE GOLFE DE PORTO – LES CALANQUES DE PIANA – CARGÈSE
VI. D'AJACCIO A SARTÈNE – LA POINTE DE SILEX – L'ARRIVÉE A BONIFACIO
VII. LES QUATRE BEAUTÉS DE LA CORSE
VOYAGE AU SPITZBERG
I. EN ROUTE POUR LE SPITZBERG
II. CHASSE A LA BALEINE
III. LES TERRES DU SUD
IV. LA CHASSE AU RENNE. LE PAYSAGE DU SPITZBERG. – LA BAIE DU ROI
V. LA VISITE
VI. L'ÉCHOUEMENT DE «L'ILE-DE-FRANCE» OUTER-NORWAY
VII. RETOUR DU SPITZBERG
Отрывок из книги
23 avril.– Promptement, la mer a été mauvaise. Toute la nuit, le vent a poussé contre nous, droit sur l'avant, les longues barres de la houle. J'entendais comme des cloches qui appelaient. Étaient-ce les lames faisant sonner les tôles? Je disais: «Pas tout de suite, cloches de l'office dernier! Vous ne détruirez ni nous, ni cette France magnifique à son premier voyage et que toutes les nations regardent.» Je crois bien que chacun a pensé à la mort, chacun selon son âge, son éducation et l'habitude de son cœur. Non qu'il y eût danger: mais nous nous sommes embarqués au lendemain du désastre du Titanic, et le plus durable écho de ces pauvres appels, il est là, chez nous, qui succédons aux victimes sur la route1.
Cependant, aux flancs du bateau, ce matin, dans la poussière qui vole au-dessus des collines d'eau éventrées, un arc-en-ciel nous suit. Des nuages passent et l'effacent. Il renaît avec le soleil, et je regarde ce petit arc, où vivent et voyagent les couleurs des jardins, dans l'immensité bleue, d'un bleu de métal, bleu terni par le vent. Le chef télégraphiste frappe à la porte de ma cabine. Il me tend une enveloppe que je déchire. Je retire un papier plié en carré, je l'ouvre, je lis d'abord les mots qui sont là pour moi seul, et, avant de remercier, afin de cacher peut-être mon émotion, je continue de lire, je parcours les lignes imprimées en tête de la feuille. Il y a ceci: «Radiotélégramme en provenance de Paris, reçu du poste extra-puissant de Poldhu (Angleterre), le 22 avril 1912, à 11 heures du soir, France étant à 1.000 milles de ce poste.» Je venais d'apprendre, par les deux mots qui suivaient, que tout allait bien dans ma maison de Paris. O merveille! Visite de la pensée maîtresse de sa route! On l'a jetée en l'air, cette pensée; elle a pris son chemin, non le long d'un fil, mais comme elle a voulu, libre à travers les espaces, et, comme elle passait, les antennes du bateau l'ont saisie au vol, et on me l'amène, vivante. Je vois, dans les mains de l'employé, un paquet d'enveloppes grises, pareilles. J'étudie ce travailleur d'un nouveau métier. Il est Anglais, long, mélancolique, de visage creusé, de regard planant. Écouteur d'océan! Il a si bien l'habitude d'écouter, là-haut, près de la passerelle, coiffé du casque et toute l'attention tournée en dedans, qu'il a l'air d'un contemplatif. Je lui demande:
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Alors, le drapeau anglais, qui n'avait rien dit, claqua d'un coup si sec qu'un fouet n'aurait pas mieux fait.
– Très sérieuse, mon cher. J'ai connu les Français, à une époque où vous n'étiez pas grand'chose, soit dit sans vous offenser. J'ai connu Champlain. Il avait l'air jovial. Il plaisantait volontiers. Les sauvages lui disaient: «Nous aimons que tu nous parles. Tu as toujours quelque chose de joyeux à dire.» Mais, croyez-moi, je m'y entends: c'était un colonial, et un rude adversaire. Je dis adversaire, parce que c'est le nom qu'on donne à ses anciens ennemis quand ils sont devenus nos amis, vous comprenez?
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