Colas Breugnon: Récit bourguignon
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Romain Rolland. Colas Breugnon: Récit bourguignon
Colas Breugnon: Récit bourguignon
Table des matières
À SAINT MARTIN DES GAULES
PRÉFACE D’APRÈS-GUERRE
AVERTISSEMENT AU LECTEUR
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
NOTES:
Отрывок из книги
Romain Rolland
Publié par Good Press, 2020
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Bons garçons! ils sont plus affligés que moi, lorsque je leur apprends que le liquide baisse... Je sais de mes voisins qui le prennent au tragique. Je ne peux plus, je suis blasé: j’ai été trop souvent au théâtre, en ma vie, je ne prends plus les pitres au sérieux. En ai-je vu de ces masques, depuis que je suis au monde, des Suisses, des Allemands, des Gascons, des Lorrains, des animaux de guerre, le harnois sur le dos et les armes au poing, avaleurs de pois gris, lévriers affamés, jamais las de manger le bonhomme! Qui jamais put savoir pour quelle cause ils se battent? Hier, c’est pour le Roi, aujourd’hui pour la Ligue. Tantôt ce sont les cafards, tantôt les huguenots. Tous les partis se valent; le meilleur ne vaut pas le cordeau pour le pendre. Que nous fait que ce soit ce larron ou cet autre, qui friponne à la cour? Et quant à leur prétention de mêler Dieu à leurs affaires... ventre d’un petit poisson! bonnes gens, laissez faire à Dieu! Il est homme d’âge. Si le cuir vous démange, étrillez-vous tout seuls, Dieu n’a pas besoin de vous. N’est manchot, que je sache. Se grattera, s’il lui plaît...
Le pire est qu’ils prétendent me forcer, moi aussi, à lui faire la barbe!... Seigneur, je vous honore, et crois, sans me vanter, que nous nous rencontrons plus d’une fois par jour, si le dicton est vrai, le bon dicton gaulois: Qui bon vin boit, Dieu voit. Mais il ne me viendrait jamais à la pensée de dire, comme ces cagots, que je vous connais bien, que vous êtes mon cousin, que vous m’avez confié vos trente-six volontés. Vous me rendrez cette justice que je vous laisse en paix; et tout ce que je vous demande, c’est que vous me laissiez de même. Nous avons assez à faire tous les deux de mettre l’ordre dans notre maison, vous dans votre univers, moi dans le petit mien. Seigneur, tu m’as fait libre. Je te rends la pareille. Mais ne voilà-t-il pas que ces faquins prétendent que j’administre tes affaires, que je parle pour toi, que je dise comment tu veux que l’on te mange, et que qui te mange autrement je le déclare ton ennemi et le mien!... Le mien? nenni! Je n’en ai point. Tous les hommes sont mes amis. S’ils se battent, c’est leur plaisir. Je tire, quant à moi, mon épingle du jeu... Oui, si je peux. Mais c’est qu’ils ne veulent point, ces gueux. Si je ne suis l’ennemi d’un, j’aurai les deux comme ennemis. Eh bien donc, puisque entre deux camps, je dois toujours être battu, battons aussi! Je l’aime autant. Plutôt qu’enclume, enclume, enclume, soyons enclume et puis marteau.
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