Читать книгу Condamné à fuir - Блейк Пирс - Страница 11

CHAPITRE HUIT

Оглавление

Adèle fut tirée de sa rêverie par un policier en uniforme qui lui tapotait sur l’épaule. Elle jeta un regard en arrière, dos à la fenêtre du couloir à l’extérieur menant à l’appartement de la victime.

– Excusez-moi, murmura doucement le policier.

Adèle leva un sourcil pour lui montrer qu’elle avait entendu.

L’officier s’éclaircit la gorge et lissa sa moustache.

– Le témoin refuse d’entrer. Elle dit qu’elle préfère parler sur le trottoir. Ça vous dérange ?

Adèle dévisagea l’homme, puis regarda en direction de la porte ouverte de l’appartement. Pendant un bref instant, elle fut tentée de s’éloigner de l’agent Paige pour aller parler à Mme Robinson seule. Mais finalement, elle soupira et hocha la tête. Elle désigna la porte ouverte.

– Pouvez-vous en informer ma partenaire ?

Le policier hocha la tête une fois, puis fit le tour de la rampe, se dirigeant vers la porte. Il salua poliment le propriétaire, qui attendait toujours au bout du couloir, les clés à la main. Adèle n’en avait cure, il pouvait bien attendre toute la journée. Il ne relouerait pas l’endroit de sitôt. Pas encore, du moins.

Elle redescendit les escaliers, dévalant les marches deux par deux, espérant pouvoir grappiller quelques instants pour parler avec le témoin sans que la présence de l’agent Paige n’obscurcisse ses pensées.

Elle atteignit le rez-de-chaussée, poussa la porte de l’immeuble et remarqua une troisième voiture, cette fois un véhicule de police, qui attendait le long du trottoir. Adèle jeta un coup d’œil à l’avant du véhicule, où un deuxième agent était appuyé contre le capot. Elle avait une cigarette à la main et semblait sur le point de l’allumer, mais lorsqu’elle repéra Adèle, elle remit rapidement son briquet dans sa poche et jeta la cigarette vers la grille sous la roue avant de la voiture.

La policière s’écarta du capot tout aussi rapidement et désigna la banquette arrière du véhicule d’un signe de tête.

– Elle refuse de sortir, déclara l’officier. Je peux l’y obliger, si vous voulez…

– Bien sûr que non, rétorqua Adèle. Ce n’est pas un suspect.

Elle s’approcha de l’arrière du véhicule et regarda à l’intérieur. Une jeune femme aux joues creusées de fossettes et aux cheveux bruns bouclés était assise à l’arrière. Elle ne devait pas être plus âgée qu’Adèle. Peut-être au début de la trentaine.

Adèle tapota sur la porte et regarda la policière avec impatience. Elle lui adressa un signe d’excuse, puis plongea la main dans sa poche pour appuyer sur sa clé.

Les phares de la voiture de police clignotèrent ; il y eut un bruit de déverrouillage des serrures. Adèle tira sur la poignée et ouvrit la porte. Elle regarda dans l’habitacle en se penchant pour croiser le regard de l’Américaine.

– Vous êtes Melissa Robinson ? lui demanda-t-elle.

La femme aux cheveux bouclés acquiesça une fois.

– Oui, c’est moi, répondit-elle dans un français au fort accent.

– Anglais ou français ? s’enquit Adèle. (La femme hésita, fronça les sourcils et commença à parler, mais Adèle l’interrompit en lançant) : En anglais ? Plus facile pour nous deux, j’imagine.

La façon dont Adèle était passée d’un français presque parfait à un anglais impeccable sembla prendre de court la femme aux cheveux bouclés.

– Êtes-vous… commença-t-elle.

Adèle la coupa :

– En mission. C’est une longue histoire.

En général, les gens ne comprenaient pas ce que signifiait être américaine, allemande et française. L’idée d’avoir trois citoyennetés était impossible à saisir pour le plus grand nombre et Adèle n’avait aucune envie d’aborder le sujet.

Elle entendit des pas derrière elle, et en soupirant, elle jeta un coup d’œil en sentant que Paige approchait et regardait dans sa direction.

Adèle reporta à nouveau son attention sur le véhicule de police. Elle n’entra pas dans la voiture, pensant que cela pourrait être perçu comme menaçant, alors elle se pencha en avant, s’appuya sur le haut de la porte, avec un air rassurant, en espérant que la manière dont elle se positionnait communiquerait sa protection à la femme qui se trouvait à l’intérieur.

Adèle s’éclaircit la gorge et reprit :

– Je suis vraiment désolée que vous ayez dû revenir ici, et je suis désolée que nous vous ayons demandé de remonter. C’était une erreur.

Melissa Robinson hocha la tête, souriant d’un petit sourire triste comme si elle acceptait les excuses. Adèle se sentit imperceptiblement soulagée en voyant l’expression de l’Américaine, puis elle continua :

– Mais je me demandais si vous pouviez me donner des informations sur la victime. Elle s’appelait Amanda, n’est-ce pas ?

– Oui, murmura Melissa d’une voix tremblante.

Adèle se pencha encore, mais elle distinguait maintenant d’autres bruits de pas, et sentait l’agent Paige s’approcher encore plus près.

Le regard de Melissa fut attiré par-dessus l’épaule d’Adèle par l’agent qui s’approchait.

– Vous voulez bien nous laisser un moment ? demanda Adèle, les lèvres serrées, à sa partenaire.

L’agent Paige s’appuya contre l’avant du véhicule, regardant à l’arrière sans saluer le témoin.

– Allez-y, dit-elle.

Paige ne fit aucun mouvement pour partir. Les deux policiers observèrent les agents, mais restèrent où ils étaient sur le trottoir.

Après un soupir de frustration, Adèle se retourna, conservant une expression aussi agréable que possible.

– Y a-t-il autre chose que vous pourriez nous dire sur Amanda ?

Melissa secoua la tête presque immédiatement.

– Rien, bredouilla-t-elle. Je la connaissais à peine. Nous allions nous rencontrer aujourd’hui.

Adèle fronça les sourcils.

– Aujourd’hui ?

– Je suis désolée, je voulais dire hier. Ça a été dur… Hier, plus tôt, avant qu’elle… quand elle est morte.

La femme secoua à nouveau la tête, en grimaçant, puis jeta un regard en arrière par la fenêtre, en direction du troisième étage de l’immeuble.

– Je suis vraiment désolée d’entendre cela, déclara Adèle. Mais seriez-vous d’accord pour m’aider ? Que vouliez-vous dire par «  nous allions nous rencontrer hier » ?

– Je voulais dire, expliqua la femme, que nous nous sommes croisées brièvement au supermarché, mais ensuite, nous avons seulement parlé en ligne.

– En ligne, répéta Paige, sur un ton bourru, en se penchant devant Adèle pour regarder en direction du siège arrière. Que voulez-vous dire par « en ligne » ?

Melissa jeta un coup d’œil entre les deux femmes.

– Je veux dire sur Internet. Nous avons un forum de discussion pour les expatriés d’Amérique. Elle voulait qu’on se voie ; on peut parfois se sentir seul dans un nouveau pays si on ne connaît personne.

– Vous êtes nombreux ici ? demanda l’agent Paige. (Adèle n’appréciait pas le ton désapprobateur de sa partenaire. Paige renifla mais elle se contint). Vous en aviez marre de votre pays d’origine, c’est ça ?

Melissa se mit à gigoter de façon inconfortable, en tordant sa ceinture de sécurité dans ses mains. Elle ne l’avait pas détachée, même si la voiture était à l’arrêt. Adèle ne la jugeait pas ; parfois, les gens s’accrochaient à des détails infimes pour se sentir en sécurité.

La femme frémit. Elle ne semblait pas savoir à qui s’adresser. Finalement, elle se contenta de regarder Adèle.

– Nous n’avons pas d’aversion pour notre pays. Du moins, pas tous. Pas vraiment. Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles quelqu’un pourrait vouloir déménager. La culture, changer de travail. Vous ne pouvez pas savoir combien d’heures la plupart d’entre nous avons travaillé là-bas. Parfois, on a l’impression qu’en Amérique, on vit juste pour travailler. En France, c’est comme s’il y avait plus de temps pour vivre. En plus, les gens sont différents ; le pays a une histoire et une beauté architecturale… (Elle laissa sa phrase en suspens et secoua légèrement la tête). Je suis désolée, je divague. Ne vous méprenez pas, j’aime aussi l’Amérique, ajouta-t-elle rapidement. Mais chacun a ses priorités et ses goûts. Certaines personnes aiment voyager. D’autres veulent repartir à zéro. Ça ne me semble pas tellement étrange.

Condamné à fuir

Подняться наверх