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IV

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J'avais, moi, des raisons d'ordre financier pour ne pas suivre Malcy dans les coulisses, je n'étais pas, comme lui, en partance; et je n'avais pas touché sept cent vingt francs le matin même. La grande vie n'était donc pas mon fait. Sans quitter mon fauteuil, j'attendis mon camarade, caressant vaguement l'espoir de bientôt le voir revenir, ramenant Loreley Loredana, en personne, puisque aussi bien, chanteuse d'opéra-comique, cette agréable enfant ne jouait évidemment plus de la soirée, et ne pouvait en conséquence rien avoir de mieux à faire qu'à souper dans la compagnie de deux gentilshommes de notre mérite.

Toutefois, cette conjecture, quoique des plus raisonnables, fut démentie par l'événement. Loreley Loredana ne se montra point. Bien pis! Malcy ne reparut pas lui-même. L'entr'acte avait pris fin. Le rideau se releva sur le prologue des Deux Orphelines. J'attendis encore, mais toujours en vain. Je n'avais pas le moindre mouchoir à carreaux; et, en eussé-je eu, qu'une manifestation isolée ne m'eût guère tenté. Je m'ennuyai donc vite, et à tel point que, sitôt le prologue bâclé, je me hâtai de quitter le théâtre.

Dehors, je cherchai un temps mon déserteur,—par acquit de conscience, car je devinais bien maintenant les sérieuses raisons qu'il devait avoir eues de déserter. J'entrai dans trois cafés, inutilement. Et bientôt, de guerre lasse, et peu soucieux d'un réveillon «suisse», je fis demi-tour, et redescendis vers le port. Le canot des permissionnaires de dix heures me ramena à la Victorieuse, assez mal satisfait et postant très fort contre ce lâcheur de Malcy, bon seulement à promettre aux gens monts et merveilles, pour se défiler ensuite à l'anglaise, et tirer bordée sans souci des copains, et les semer où ça se trouvait, comme on sème un paquet encombrant...

Dix-sept histoires de marins

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