Читать книгу Les belles-de-nuit; ou, les anges de la famille. tome 5 - Féval Paul - Страница 4

QUATRIÈME PARTIE.
PARIS.
(SUITE.)
XX
LA VENGEANCE DE PENHOËL

Оглавление

Le matin de ce jour, pour la première fois depuis deux mois, des regards étrangers avaient pu mesurer l'affreuse misère du grenier où se mouraient les anciens maîtres de Penhoël.

Jusqu'alors, le secret de ce dénûment absolu et de cette mortelle détresse avait été surpris seulement par les deux filles de l'oncle Jean.

Madame Cocarde, la principale locataire, qui montait parfois l'escalier roide avec sa robe de satin et son bonnet aux rubans couleur de feu, pour demander le pauvre loyer du taudis, avait connaissance officielle de cette lugubre agonie; mais la petite femme ne se mêlait point des affaires d'autrui. En descendant du grenier, où la faim torturait toute une famille, elle s'asseyait à sa table solitaire et mangeait avec cet appétit concentré des amoureuses en retraite.

Madame Cocarde eût appris que ces malheureux locataires étaient décidément morts de faim, qu'elle n'en eût pas perdu la moindre bouchée.

Il avait fallu que le hasard donnât l'éveil à un voisin charitable.

Le matin même, on était monté dans le grenier de Penhoël, et tout d'abord, on avait transporté à l'hôpital le pauvre père Géraud, qui s'en allait lentement dans l'autre monde, sans autre maladie que l'épuisement et la famine.

Car, depuis que sa faiblesse l'avait cloué sur le matelas, le vieil aubergiste refusait obstinément de manger, pour ne point diminuer la part de pain de la pauvre famille.

En se retirant, le voisin, qui emmenait Géraud à l'hôpital, mit sur le coin du matelas un petit écu de trois livres.

Il était pauvre aussi et ne pouvait faire davantage.

Dès que le matelas fut vide, René de Penhoël se glissa sur ses mains et ses genoux dans la poussière, afin de prendre la place encore chaude du malade. Il trouva l'écu de trois livres et le glissa furtivement dans sa poche.

Les belles-de-nuit; ou, les anges de la famille. tome 5

Подняться наверх