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Gustave Aimard
LES TRAPPEURS DE L’ARKANSAS
Première partie. LE CŒUR-LOYAL
VI. Le sauveur

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Pour bien faire comprendre au lecteur la position dans laquelle se trouvaient les chasseurs, il est nécessaire de revenir au chef comanche.

À peine ses ennemis avaient-ils disparu parmi les arbres que la Tête-d’Aigle se releva doucement, pencha le corps en avant et prêta l’oreille afin de s’assurer qu’ils s’éloignaient réellement. Dès qu’il eut acquis cette certitude, il déchira un morceau de son blankett – couverture – avec lequel il enveloppa tant bien que mal son bras blessé et, malgré sa faiblesse occasionnée par le sang qu’il avait perdu, et les vives douleurs qu’il éprouvait, il se mit résolument sur les traces des chasseurs.

Il les accompagna ainsi sans être vu, jusqu’aux limites du camp. Là, caché derrière un ébénier, il fut témoin sans pouvoir s’y opposer, mais en bouillant de colère, de la recherche faite par les chasseurs pour retrouver leurs trappes, et enfin de leur départ après les avoir recouvrées.

Bien que les limiers que les chasseurs avaient avec eux fussent d’excellentes bêtes, dressées à sentir les Indiens de fort loin, par un hasard providentiel, et qui probablement sauva le chef comanche, ils se jetèrent gloutonnement sur les restes épars du repas des Peaux-Rouges, leurs maîtres qui ne se croyaient pas épiés ne songèrent nullement à leur ordonner la vigilance.

Les Comanches regagnèrent enfin leur camp, après avoir avec des difficultés infinies réussi à retrouver leurs chevaux.

La vue de leur chef blessé leur causa une surprise et une irritation extrême, dont la Tête-d’Aigle profita habilement pour les lancer de nouveau à la recherche des chasseurs qui, retardés par les trappes qu’ils portaient, ne devaient pas être loin et ne pouvaient manquer de tomber promptement entre leurs mains.

Ils n’avaient été dupes qu’un instant du stratagème inventé par Cœur-Loyal, et n’avaient pas été longs à reconnaître sur les premiers arbres de la forêt des traces non équivoques du passage de leurs ennemis.

Ce fut alors que, honteux d’être tenu ainsi en échec par deux hommes déterminés, dont les ruses supérieures aux siennes déjouaient tous ses calculs, la Tête-d’Aigle résolut d’en finir avec eux et mit à exécution le diabolique projet de brûler la forêt. Moyen qui, de la façon dont il l’emploierait, devait, il n’en doutait pas, lui livrer enfin ses redoutables adversaires.

En conséquence, dispersant ses guerriers dans différentes directions, de manière à former un vaste cercle, il fit allumer les hautes herbes dans plusieurs endroits à la fois.

L’idée, quoique barbare et digne des sauvages guerriers qui s’en servaient, était bonne.

Les chasseurs après avoir vainement tenté de sortir du réseau de feu, qui les envelopperait de toutes parts, seraient obligés malgré eux, s’ils ne préféraient être brûlés vifs, de se rendre à leurs féroces ennemis.

La Tête-d’Aigle avait tout calculé, tout prévu, excepté la chose la plus simple et la plus facile, la seule chance de salut qui resterait au Cœur-Loyal.

Comme nous l’avons dit, sur l’ordre de leur chef, les guerriers s’étaient dispersés et avaient allumé l’incendie dans plusieurs endroits à la fois.

Dans cette saison avancée de l’année, les plantes et les herbes, brûlés par les rayons incandescents du soleil de l’été, s’étaient immédiatement enflammés et le feu s’était étendu dans toutes les directions avec une rapidité effrayante.

Pas assez vite cependant pour ne pas laisser s’écouler un certain laps de temps avant de se réunir.

Les trappeur de l'Arkansas

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