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Paul Féval
LES CONTES DE NOS PÈRES
LE PETIT GARS
II. LA CACHETTE

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Mme de Thélouars était restée spectatrice muette de cette scène. Elle n’avait compris qu’une chose : le château était investi, investi par les troupes républicaines, sans doute. Or, si elle était prise avec son fils, son sort ne pouvait être douteux. Femme d’un royaliste sous les armes, elle devait subir les conséquences de cette jurisprudence conventionnelle dont les victimes ne se peuvent point compter. Son fils lui-même, le pauvre enfant, n’aurait point un destin meilleur, car les gens de la république n’y regardaient point de si près. Henriette demeura quelques minutes anéantie sous le coup d’une terreur poignante ; puis, s’élançant vers l’office où était resté son fils, elle l’arracha dormant des mains de Marguerite, et le pressa convulsivement contre son cœur ; puis encore, sans dire une parole, elle sortit en courant pour retourner auprès de son oncle et lui demander conseil.

M. le marquis de Graives avait péremptoirement répété à ses gens l’ordre de quitter le château sur l’heure. Ceux-ci, habitués à obéir quand même, firent à la hâte leurs préparatifs, et s’enfuirent, entraînant avec eux Marguerite, qui voulait attendre sa maîtresse, et pleurait à la pensée de l’abandonner.

Henriette, pendant cela, perdue dans les sombres couloirs du château, ne pouvait retrouver sa route. Elle entendit s’ouvrir, puis se refermer les lourds battants de la grande porte sur les habitants de Graives qui fuyaient. Son cœur se serra davantage. Elle s’appuya, tremblante, à la muraille d’un corridor inconnu ; ses yeux se remplirent de pleurs amers, et, pour la première fois, ce fut avec angoisse qu’elle baisa le front de son fils endormi.

Comme elle hésitait, ne sachant de quel côté reprendre sa course, une des extrémités du corridor s’illumina subitement. Henriette aperçut M. le marquis de Graives qui s’avançait avec lenteur, une lampe à la main. Le vieillard avait revêtu un somptueux costume militaire ; sa poitrine, couverte de décorations, scintillait au loin, et renvoyait en gerbes multicolores les rayons brisés de la lampe. Il avait sous le bras une petite cassette, sa main gauche tenait une épée nue, et deux riches pistolets étaient passés à sa ceinture.

Il se croyait seul, et ne voyait point Henriette qui se collait immobile à la muraille. En ce moment où nul regard indiscret ne pouvait épier sa physionomie, M. le marquis de Graives n’était certes point suspect de jouer un rôle. Il n’était point comme ces pères conscrits de Rome qui se drapaient dans leur orgueil, et mouraient fastueusement, assis sur leur chaise d’ivoire. Seul avec sa conscience, il était lui-même, et rien de plus. Le calme sublime de son regard ne cherchait pas l’admiration d’une foule amie ou ennemie. Aussi cette tranquillité sainte du juste en face de la mort mettait à son front une sorte d’auréole qui annonçait le martyre.

Henriette était loin de percer le mystère de cette mort prochaine ; elle ignorait le dessein de son oncle, elle ne savait rien, et pourtant la vue seule du vieillard lui fut comme une révélation de trépas inévitable. Cet homme n’était plus du monde ; il voyait le ciel, tandis que son pied touchait la terre encore ; il s’en allait vers Dieu, impatient d’accomplir un suprême devoir.

Henriette était mère. Elle songea à son fils, et poussa un cri de détresse. Dans cette absence complète de tout autre bruit, ce cri perçant parvint vaguement jusqu’à l’ouïe paralysée du vieillard. Il leva sa lampe, et vit la jeune femme. À cet aspect, ses sourcils se froncèrent.

– J’avais dit à tout le monde de quitter le château ! prononça-t-il avec dureté ; – éloignez-vous, madame !

Henriette fit machinalement quelques pas pour obéir ; mais au même instant la grand’porte extérieure retentit sous un déluge de coups.

– Il n’est plus temps, murmura-t-elle ; au nom de Dieu, mon oncle, donnez un asile à mon enfant !

Le vieillard fit un geste de colère.

– Mes heures sont comptées, dit-il, je ne puis les perdre en discussions vaines… Sortez, madame, fuyez ces lieux, pour vous, pour votre mari, pour votre enfant.

– Mais je ne puis, s’écria Henriette navrée ; écoutez ! on brise les portes, on force le château…

Un coup de fusil, tiré du dehors, l’interrompit, et les débris d’un vitrail de la galerie tombèrent aux pieds de M. de Graives.

Jusqu’alors ce dernier n’avait rien entendu, ni les paroles de sa nièce, ni le fracas extérieur ; mais l’explosion le fit tressaillir. Il comprit, et son visage devint sombre.

– Peut-être vaudrait-il mieux pour vous, dit-il d’une voix étouffée, braver la barbarie de ces hommes que de venir là où je vais, madame. Mais je ne vous repousse plus. Des deux côtés, le péril est certain, fatalement inévitable… Voulez-vous rester ou venir ?

– Avec vous ! avec vous ! murmura la pauvre mère affolée en s’attachant aux vêtements du marquis.

Le vieillard, sans répondre, reprit sa marche. Au bout du corridor, il fit jouer un ressort caché dans le mur ; une porte massive tourna sur ses gonds, et laissa voir un étroit couloir où l’on ne pouvait s’engager que de profil.

– Mes ancêtres, dit-il en se parlant à lui-même, se firent huguenots au seizième siècle. Ce fut une faute griève, – que Dieu puisse leur pardonner en sa miséricorde !… On les traquait alors, comme on nous poursuit maintenant ; les retraites qu’ils se ménagèrent contre les catholiques vont servir à un catholique contre les fils de leur damnable doctrine. – Entrez, madame, s’il vous plaît.

Le couloir se terminait par une seconde porte semblable à la première, qui s’ouvrait sur un escalier en pierre. Lorsque M. de Graives fit jouer le ressort caché de cette seconde porte, une bouffée d’air humide s’élança au dehors et faillit éteindre la lampe.

– Entrez, madame ma nièce, répéta le vieillard.

Henriette, plus morte que vive, descendit en chancelant ces marches glissantes qui exhalaient comme une odeur de tombeau. M. de Graives barricada fortement la porte derrière lui, et descendit à son tour.

– Pour nous découvrir, murmura-t-il, il faudra démolir le château ; mais on le démolira… non point peut-être pour massacrer une femme et un vieillard : la peine passerait le plaisir ; mais parce que leur âme est avide, et qu’ils savent suivre, à travers les décombres, la piste égarée d’un trésor !

Henriette écoutait, tremblante, ces paroles qui ne lui étaient point destinées. Au bas de l’escalier, le marquis ayant tiré un panneau tournant qui donnait, presque de plain-pied, sur une chambre basse, la jeune femme y entra et s’affaissa aussitôt, épuisée, sur un siége.

La pièce où se trouvèrent ainsi nos deux fugitifs avait été récemment munie de tout ce qui est nécessaire pour soutenir un blocus. Il y avait des vivres en abondance, de l’eau, et de l’huile pour la lampe. Évidemment le marquis n’avait point été pris au dépourvu. Quant à la pièce elle-même, c’était une sorte de trou rond, bas-voûté, ménagé dans l’épaisseur plus qu’ordinaire de la muraille orientale du château. Une meurtrière, en forme d’entonnoir, permettait au malheureux forcé d’habiter ce cachot de respirer par rares bouffées l’air pur du parc. C’était, en effet, sur le parc, et même sur l’endroit le plus ombreux du parc, que donnait la meurtrière. À l’extérieur, elle se trouvait cachée par le branchage des arbres.

M. le marquis de Graives déposa sa lampe sur une table, et jeta autour de lui un regard presque satisfait. Ce regard annonçait une détermination si profonde, et à la fois si dépourvue d’espoir, que Mme de Thélouars ne put le soutenir. Elle baissa les yeux en gémissant, et se prit à bercer le petit Alain qui, réveillé par tout ce mouvement, vagissait et se plaignait.

– Tout y est ! dit en ce moment M. de Graives, qui ouvrit son grand livre d’Heures à la place où il avait naguère interrompu sa pieuse lecture ; – nous avons ici ce qu’il faut pour vivre et pour mourir.

Il approcha la lampe et donna son âme à la religieuse poésie du livre saint. M. le marquis de Graives était préparé dès longtemps. Depuis plus d’un mois que ses fils avaient rejoint le petit noyau de royalistes qui tentaient d’organiser insurrectionnellement la campagne de Ploërmel, le vieillard avait dû s’attendre à quelque visite armée. Son manoir d’ailleurs avait une réputation de richesse qui ne pouvait manquer de tenter l’âme intègre des suppôts de la Convention : en ce temps où il y avait tant de héros aux frontières, on salissait volontiers l’uniforme à l’intérieur. Mais à part ces raisons de craindre qui lui étaient communes avec tous les autres gentilshommes non encore spoliés, M. le marquis de Graives avait un motif spécial de compter sur une attaque prochaine.

L’avant-veille, Pierre-Paul, le valet de confiance qu’il employait à éventer les desseins des autorités du voisinage, lui avait appris que la rumeur publique l’accusait de cacher à Graives un inestimable trésor. Par extraordinaire, la rumeur publique ne se trompait point. Soit hasard, soit indiscrétion de quelque royaliste, elle tombait juste. Un trésor était caché à Graives. Or, pour quiconque connaissait les mœurs des gens de la Convention, d’une rumeur semblable à l’attaque, à l’incendie, au meurtre, il y avait précisément la distance du lieu suspect au plus prochain district, et rien de plus. M. de Graives savait cela ; il prit ses mesures en conséquence. Pierre-Paul fut dépêché en éclaireur ; nous avons vu le résultat de sa dernière reconnaissance.

Voici maintenant quel était le trésor tenu en dépôt par M. de Graives. Un peu moins d’un an auparavant, M. de la Rouarie était venu dans le Morbihan, avec son ami de Fontevieux, pour montrer aux royalistes de ces contrées la signature dont les princes, frères du roi, avaient revêtu l’acte d’association bretonne. Il y eut une assemblée des partisans de l’insurrection au château de Graives, dont la situation, sur les confins du Morbihan et de l’Ille-et-Vilaine, était particulièrement propre à cet objet. À la suite des délibérations, M. de la Rouarie fit deux parts du trésor de l’association. Il garda une somme considérable en billets de caisse, souscrits par M. de Calonne, pour le compte des princes, et remit au châtelain de Graives le reste des billets de caisse, des lettres de change sur M. de Botherel, agent de la famille royale à Jersey, et un diamant d’une énorme valeur, obole princière, cotisation personnelle de monseigneur le duc d’Enghien en faveur des soutiens du trône. Les billets de caisse gardés par la Rouarie sont ces mêmes valeurs qui, dirigées sur Paris et confiées pour la négociation à Latouche C…, médecin de Bazouge, mirent ce dénonciateur à même de livrer à Danton le secret de l’association bretonne.

Quoi qu’il en soit, depuis cette époque, et même après la catastrophe qui étouffa l’insurrection, les royalistes du pays entre Vannes et Redon s’accoutumèrent à regarder M. de Graives comme le trésorier du parti. Trop vieux pour combattre de sa personne, et connu de tous pour un de ces derniers types de loyauté chevaleresque, égarés dans cet âge de fer, M. de Graives était l’homme qu’il fallait aux serviteurs du roi. Dévoué jusqu’à l’héroïsme et tenant à suprême honneur la confiance de ses frères en croyance, il avait plus d’une fois fait serment de mourir avant de rendre le dépôt laissé entre ses mains. Ce dépôt, notablement diminué par la déchéance des billets de caisse, restait néanmoins considérable, à cause du diamant dont la trop grande valeur avait empêché la vente jusqu’alors.

Les proverbes ne mentent guère, et il y a un proverbe qui dit : Abondance de bien nuit. M. le marquis de Graives dépensa trop de courage dans une circonstance où la plus simple prudence eût été préférable. Il aurait dû, dès les premières alarmes, aviser les insurgés de Ploërmel, et se décharger de sa responsabilité ; mais cette responsabilité lui était chère, parce qu’elle portait en elle un péril, et que, grâce à elle, il y avait chance de mourir pour le roi. Lorsqu’il apprit les rumeurs qui se répandaient dans les villes environnantes, il ressentit un mouvement qui ressemblait fort à de la joie, et répéta son serment au fond de son cœur. Durant la nuit, il descendit à la cachette dont lui seul, avec ses deux fils, connaissait le secret chemin, fit tranquillement ses préparatifs, et attendit des nouvelles des bleus en lisant son vieux livre d’Heures. Ce qu’il avait prévu ne manqua pas d’arriver. Seulement il y eut luxe d’assaillants. On avait flairé le trésor à Vannes et à Redon : on vint à la fois de Redon et de Vannes. Le coffret que M. le marquis de Graives avait rapporté sous son bras contenait le diamant de Condé, les papiers de l’association, et un morceau de la vraie croix, relique de famille que le vieux seigneur eût livrée aux profanes aussi peu volontiers que le trésor lui-même.

Entre nos deux reclus, la nuit se passa silencieuse et triste. L’enfant se réveillait de temps en temps ; il avait froid. Mme de Thélouars le regardait alors avec des yeux désolés, et songeait à son mari.

– S’il savait où nous sommes ! pensait-elle.

Mais ces mots étaient seulement une plainte, et non point l’expression d’un espoir. La plus folle imagination n’aurait pu concevoir désormais un moyen de communiquer avec les insurgés de Ploërmel. Une heure auparavant, la chose était possible. Un mot prononcé par le vieux seigneur eût transformé ses serviteurs en autant d’émissaires, mais ce mot, il ne l’avait point voulu prononcer. Son dévouement, dépassant l’héroïsme pour arriver à la monomanie, prétendait obstinément au martyre.

Cette pensée de martyre, caressée peut-être pendant de longs mois, trônait despotiquement dans son esprit. Trop tyrannique pour être lucide, elle mettait dans l’ombre tout raisonnement. M. de Graives ne voyait pas, ou ne voulait pas voir qu’il faut un but à tout sacrifice, et que le martyre inutile n’est qu’une sublime erreur ; mais Dieu nous garde d’un blâme inopportun contre de telles faiblesses ! Elles sont trop rares pour être dangereuses, et ce n’est pas notre époque qui a besoin d’un frein pour modérer l’exagération des instincts généreux. M. de Graives, et c’est ce que nous avons voulu établir, se croyait donc obligé d’honneur à mourir auprès du dépôt confié. Qu’il se trompât ou non, il pensait être à son poste et remplir un étroit devoir.

On n’entendait plus aucun bruit à l’extérieur. Sans nul doute, les révolutionnaires étaient entrés au château. Ils cherchaient. Tant que dura la nuit, le silence de la cachette ne fut point troublé ; mais, au moment où une ligne blanchâtre commençait à marquer l’étroite ouverture de la meurtrière, et annonçait le lever du jour, Mme de Thélouars entendit avec effroi des coups réguliers et lointains encore. C’était comme le bruit de la pioche attaquant une forte muraille.

Le vieillard n’avait point son appareil acoustique. Aucun son ne parvenait à son oreille. Il continuait sa lecture. Mais bientôt l’effort des démolisseurs, redoublant sans cesse, produisit un ébranlement périodique et sensible. M. de Graives releva la tête et devint attentif. Puis, après s’être assuré qu’il ne se trompait point, il quitta son siége et ouvrit une sorte de placard pratiqué dans le mur. De ce placard, il tira un baril d’un demi-pied de diamètre ainsi qu’une mèche d’étoupe soufrée, et plaça le tout sur la table. Henriette le regarda faire avec indifférence, car elle ne savait pas ce que contenait le baril.

– S’ils poussent droit, murmura le vieillard, nous en avons pour une heure ; s’ils dévient d’un pied seulement, ils pourront travailler pendant deux jours avant d’arriver jusqu’à nous.

Et il ajouta avec un soupir :

– Ce sera bien long !

Mais, comme il prononçait ces mots, son regard tomba sur Mme de Thélouars, dont la tête s’était penchée sur sa poitrine. La fatigue avait vaincu la jeune femme ; ses yeux s’étaient fermés un instant, et son front incliné touchait les boucles blondes qui couronnaient le front du petit Alain. Le visage de M. de Graives exprima une commisération profonde.

– Pauvres enfants ! pensa-t-il.

Car la mère et la fille étaient également pour lui des enfants. Son âge quintuplait l’âge de la jeune femme. – Il fit sur lui-même un effort violent, et détourna ses yeux de ce groupe dont la vue amollissait son cœur. Il pouvait avoir pitié, mais il ne pouvait point fléchir dans son dessein, parce que le devoir commandait, et que, depuis cent ans, M. de Graives obéissait au devoir.

Il enleva le couvercle du baril, remua le contenu avec la pointe de son épée, et y introduisit de force le petit coffret. Cela fait, il posa la mèche soufrée tout à côté de la lampe.

– La première pierre qui branlera, dit-il, sera mon signal… Ah ! que c’eût été un glorieux moment sans cette femme, et pourquoi est-elle venue pour empoisonner la joie de ma dernière heure !

À ce moment, Henriette tressaillit et s’éveilla. L’enfant se prit à sourire en étendant ses bras vers la meurtrière. M. de Graives, pour ne point voir ce spectacle qui le navrait, reprit son livre de prières. Henriette se leva doucement, et s’approcha de l’ouverture. – Le petit Alain souriait toujours.

C’est que, au dehors, sous le branchage épais des arbres du parc, une voix douce, voix d’enfant ou de femme, chantait les couplets d’une chanson connue de tout habitant du pays de Vannes. Elle disait ces naïves paroles, si populaires dans les bruyères morbihannaises :

C’est au pays de Bretagne

Qu’on fait de jolis sabots ;

Tenez vos petits pieds chauds,

Ma belle brune…

Et vous, gars à marier,

Cherchez fortune !


M. de Graives n’entendait rien et lisait son livre d’Heures.

– Janet ! prononça bien bas Mme de Thélouars qui tâchait de passer sa tête à travers la meurtrière.

La voix cessa de chanter.

– Janet Legoff ! répéta Henriette.

– Qui m’appelle ? dit la voix avec une expression d’étonnement inquiet.

Avant qu’Henriette pût répondre, on entendit armer un pistolet sous le feuillage. Aussitôt un bruit de pas agiles et précipités retentit sur le gazon du parc, et la voix, lointaine maintenant, continua avec un accent de bravade :

Les rochers y sont de pierre,

De pierre du haut en bas ;

Le soleil ne les fond pas,

Non plus la lune…

Et vous, gars à marier,

Cherchez fortune !


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