Читать книгу Tout est bien qui finit bien - Уильям Шекспир, William Szekspir, the Simon Studio - Страница 6

ACTE DEUXIÈME

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SCÈNE I

A Paris. – Appartement dans le palais du roi

LE ROI paraît avec de jeunes seigneurs, qui prennent congé de lui, et partent pour la guerre de Florence. BERTRAND et PAROLLES. Fanfares

LE ROI. – Adieu, jeune seigneur. Ne perdez jamais de vue ces principes d'un guerrier. – Adieu, vous aussi, seigneur. Partagez mes conseils entre vous. Si chacun de vous se les approprie tout entiers, le présent est de nature à s'étendre à proportion qu'il est reçu, et il suffira pour tous deux.

PREMIER SEIGNEUR. – C'est notre espérance, sire, qu'après nous être formés dans le métier de la guerre, nous reviendrons pour trouver Votre Majesté en bonne santé.

LE ROI. – Non, non; cela est impossible: et cependant mon coeur ne veut pas avouer qu'il souffre de la maladie qui mine mes jours. Adieu, jeunes guerriers. Soit que je vive, ou que je meure, montrez-vous les fils des vaillants Français. Que la haute Italie (cette nation dégénérée qui n'a hérité que des défaites de la dernière monarchie 11) reconnaisse que vous ne venez pas seulement pour courtiser l'honneur, mais pour l'épouser. Quand les plus braves de vos rivaux reculeront, sachez trouver ce que vous cherchez pour vous faire proclamer hautement par la renommée. – Je vous dis adieu.

SECOND SEIGNEUR. – Que la santé soit aux ordres de Votre Majesté!

LE ROI. – Et ces jeunes filles d'Italie… Prenez garde à elles. On dit que nos Français n'ont point de langue pour les refuser, lorsqu'elles demandent: prenez garde d'être captifs, avant d'être soldats.

LES DEUX SEIGNEURS. – Nos coeurs conserveront vos avis.

LE ROI. – Adieu. (A quelqu'un de ses gens.) Venez à moi.

(On le conduit sur un lit de repos.)

PREMIER SEIGNEUR, à Bertrand. – O mon cher seigneur, faut-il que nous vous laissions derrière nous!

PAROLLES. – Il n'y a pas de sa faute, le jeune galant.

SECOND SEIGNEUR. – Oh! c'est une superbe campagne.

PAROLLES. – Admirable. J'ai vu ces guerres.

BERTRAND. – On m'ordonne de rester ici, et l'on m'écarte, en me criant: Trop jeune! l'année prochaine! il est trop tôt encore.

PAROLLES. – Si cela vous tient si fort au coeur, mon garçon, dérobez-vous bravement.

BERTRAND. – On me force à rester ici pour être le complaisant d'une jupe, et faire crier ma fine chaussure sur un parquet uni, jusqu'à ce que tout l'honneur soit acquis, et sans user d'épée que pour danser 12. – Par le ciel, je me déroberai d'ici!

PREMIER SEIGNEUR. – Il est honorable de se dérober ainsi.

PAROLLES. – Commettez ce larcin, comte.

SECOND SEIGNEUR. – Je suis votre second; adieu.

BERTRAND. – Je tiens à vous; et notre séparation est une torture.

PREMIER SEIGNEUR, à Parolles. – Adieu, capitaine.

SECOND SEIGNEUR. – Salut, bon monsieur Parolles.

PAROLLES. – Nobles héros, mon épée et les vôtres sont de la même famille. Mes braves et brillants seigneurs! Un mot, mes chères lames. – Vous trouverez, dans le régiment des Spiniens, un certain capitaine Spurio, avec sa cicatrice ici sur la joue gauche, une marque de guerre, que cette épée que voici lui a gravée sur le visage: dites-lui que je suis en vie, et retenez bien ce qu'il vous dira de moi.

SECOND SEIGNEUR. – Nous n'y manquerons pas, noble capitaine.

(Les deux seigneurs sortent.)

PAROLLES. – Que Mars vous chérisse comme ses disciples. (Voyant le roi se lever sur son séant,) Quel parti prenez-vous?

BERTRAND. – Arrête. – Le roi…

PAROLLES. – Étendez donc plus loin vos politesses avec ces nobles seigneurs: vous vous êtes renfermé dans une formule d'adieu trop froide: soyez plus démonstratif avec eux; ce sont eux qui dirigent les modes; leur tournure, leur manière de manger, leur langage, leurs mouvements, tout est sous l'influence de l'astre le plus en vogue: et quand ce serait le diable qui conduirait la danse, ce serait eux qu'il faudrait suivre: courez les rejoindre, et mettez plus de chaleur dans vos adieux.

BERTRAND. – C'est ce que je veux faire.

PAROLLES. – De braves gens! et qui ont tout l'air de devenir de robustes guerriers.

(Ils sortent.)

(Entre Lafeu.)

LAFEU, se prosternant devant le roi. – Pardon, mon souverain, pour moi et les nouvelles que j'apporte.

LE ROI. – Je vous l'accorderai, si vous vous levez.

LAFEU, se relevant. – Vous voyez donc debout devant vous un homme qui apporte son pardon. Je voudrais, sire, que vous vous fussiez mis à genoux pour demander mon pardon, et que vous puissiez, à mon commandement, vous relever comme moi.

LE ROI. – Je le voudrais aussi: je t'aurais cassé la tête et je t'en aurais demandé pardon après.

LAFEU. – En croix, ma foi 13. – Mon cher seigneur, voici ce dont il s'agit: voulez-vous être guéri de votre infirmité?

LE ROI. – Non.

LAFEU. – Oh! ne voulez-vous pas de raisin, renard royal? Mais vous mangerez mon bon raisin, si mon royal renard peut y atteindre. J'ai vu un médecin qui est capable de faire entrer la vie dans une pierre, d'animer un rocher, de vous faire danser la canarie 14

11

L'empire romain.

12

On dansait alors l'épée au côté.

13

I had broke thy pate,

And ask thee mercy for it.

LAFEU. Good faith across.


Cas où la tête est cassée, plaisanterie qu'on retrouve dans la comédie des Méprises.

14

Danse française alors en vogue.

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