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ALICE

Le jour suivant, je me levai tard. J’avais passé la nuit à penser et à méditer ma vengeance.

Je déjeunais d’un smoothie pommes-bananes au comptoir de la cuisine quand j’entendis des pas derrière moi.

Je fis semblant de rien et essayai de rester calme lorsque je vis le bras tatoué d’Easton m’entourer et me tirer en arrière contre son torse.

– Tu as déjà appelé ton petit copain pour lui raconter ce que je t’ai fait et à quel point ça t’a plus de m’embrasser cette nuit, quand j’étais couché sur toi ? me provoqua-t-il d’emblée en frottant sa joue mal rasée sur la mienne.

– Je lui ai tout raconté. Je lui ai aussi précisé à quel point ton corps suant et ton haleine alcoolisée étaient écœurants, je répondis sèchement, en contrôlant ma nervosité. Sa façon spontanée et éhontée de me toucher me déstabilisaient. Je contrôlais mon souffle et mon cœur à grand-peine.

– Et qu’est-ce qu’il t’a répondu ?

– Qu’il me fait confiance.

– Donc il ne viendra pas me casser la gueule ?

– Non, il m’a dit que je peux me débrouiller seule et que son intervention n’est pas nécessaire.

– Et c’est tout ?

– Oui.

– Tu es sûre qu’il n’en baise pas une autre ?

– Tout à fait sûre. Nous étions en videochat et il se promenait à Seattle avec son ami Newt, j’inventai. J’y prenais goût maintenant. – Avant de me dire au revoir, il a aussi ajouté d’y aller doucement avec toi parce qu’il sait combien je peux être dangereuse quand je me mets en rage ou qu’on me manque de respect.

Easton éclata de rire. Il ne me croyait évidemment pas, mais j’avais bien l’intention de lui faire comprendre qu’il devait me laisser tranquille. Dans deux jours, nous partirions pour l’université et je voulais commercer sans soucis et préoccupations.

L’impulsivité d’Easton menaçait ma santé mentale.

– Dangereuse, toi ? Tu penses vraiment que tu vas me faire peur ? me taquina-t-il en me volant mon verre de smoothie pour le boire.

– Non, je ne pense pas. J’en suis certaine. Je feignis l’arrogance dans l’espoir de le pousser à prendre ses distances.

– Petite naïve ! Les filles comme toi, je les mange au petit-déjeuner, murmura-t-il à mon oreille, avant de me mordre dans le cou, me faisant sursauter. – Et tu serais dangereuse, hein ? ricana-t-il. Il se détacha de moi et alla plonger dans la piscine.

Il faisait encore chaud ce jour-là.

Je passai toute la matinée à cogiter sur ma vengeance mais finis par céder à l’envie d’un plongeon.

Quand j’arrivai à la piscine, j’y trouvai Easton et trois de ses amis.

Embarrassée mais trop orgueilleuse pour faire demi-tour après qu’Easton m’ait remarquée, je pris un transat, m’installai loin du groupe et commençai à lire.

– Eh, sœurette, viens que je te présente mes amis : Logan, Ryo et Ant cria Easton, en me les montrant.

Je les fixai un par un.

Logan était d’une beauté à couper le souffle. Blond aux yeux turquoise avec des reflets verts, un corps de statue, jusque dans les moindres détails. Il avait de larges épaules de nageur et des muscles tellement développés que je me sentais petite et sans défense face à lui. Je regardai son visage. Il avait une expression virile, forte, mature et calme. Mais sous la surface et cette perfection angélique, je pouvais presque percevoir sa nature rebelle et anticonformiste.

Ant était châtain, les yeux gris. Son visage était une œuvre d’art tant il était beau, ni diminuée ni ternie par la monture sombre de ses lunettes. Il avait un physique beaucoup plus sec que Logan et son air de nerd contrastait avec la confiance en lui qu’il manifestait à la façon dont il était assis sur le transat, le jeans si bas sur les hanches que le regard était attiré sous son nombril. Il avait une attitude provocante et érotique dans sa manière de me toiser, malgré son indifférence apparente. C’était sûrement un esprit brillant et seul un crétin l’aurait sous-évalué.

Ryo enfin.

Une énigme.

C’est ce que je pensai quand ses yeux d’un noir profond croisèrent les miens.

C’était le seul que je ne cernais pas au premier coup d’œil mais mon sixième sens me disait de rester loin de lui si je voulais éviter les ennuis. Il ne laissait sûrement pas tomber ou oublier facilement un affront. La tension que je lisais sur son visage me rappelait un guépard qui va attaquer sa proie.

Il était mystérieux, fascinant et troublant. Sa façon de me fixer me faisait un peu penser à Easton, sans détourner le regard et se fichant complètement de mon malaise. Il semblait savourer mon embarras. Je sentis un frisson d’excitation et de peur le long de ma colonne vertébrale.

Je soupirai.

Ils étaient tous les trois très beaux et, avec Easton, faisaient un petit groupe capable de ravager des cœurs.

En tous cas, ils ne passaient certainement pas inaperçus.

Je les saluai de la main et repris mon livre.

– Allez, viens ici. Pourquoi tu ne nous rejoins pas ? me proposa Easton, en plongeant.

– Non, merci.

– Je dois venir te chercher de force ?

– Easton, pourquoi tu ne laisses pas les grands tranquilles pour aller jouer avec les petits ? soupirai-je en indiquant ses amis qui me regardèrent de travers.

J’avais sûrement encore dépassé les limites parce que je le vis sortir furieux de la piscine et venir vers moi.

Je pensais qu’il voulait de nouveau m’attacher ou me faire Dieu sait quoi. Mais il prit mon livre et le lança dans l’eau.

– C’est un de mes préférés ! je me fâchai.

– Je m’en fous !

J’explosai.

– Tu n’es qu’une brute !

– Encore un mot et je te noie !

C’en est trop !

– Cette fois tu ne vas pas t’en tirer comme ça !

Je courus vers la maison, furibonde.

Toute la nuit, j’avais cherché un moyen de lui faire payer, et le moment était arrivé.

Je pris le tube de gel de colorant alimentaire rouge que j’avais volé le matin dans la réserve et me rendis dans la chambre d’Easton.

Comme moi, il avait une salle de bain privative.

Sans me faire remarquer, j’entrai et commençai à dévisser la pomme de douche avec un petit tournevis, comme mon père me l’avait appris.

Je remplis les trous de sortie d’eau avec le gel, refermai et retournai à la cuisine.

Poussée par mon désir de vengeance, j’ouvris le freezer avec colère et attrapai un pot de glace au chocolat.

J’en versai une bonne portion dans un grand bol, ajoutai un peu d’eau chaude pour faire fondre la glace et quand j’eus obtenu une espèce de crème liquide, allai vers la piscine où je trouvai Easton qui séchait au soleil sur un transat en papotant avec Logan.

– Oh, merde ! Easton… essaya de l’avertir son ami, mais top tard. La coulée de chocolat avait déjà atterri sur ses épaules et son dos.

– Essaie encore de toucher à mes affaires et la prochaine fois, ce ne sera pas du chocolat mais quelque chose de plus désagréable et agressif ! je le menaçai enragée.

Quand Easton se leva, ses yeux bleus réduits à deux fentes fixés sur les miens, je sentis un instant la terre trembler sous mes pieds. Il était vraiment en colère, mais c’était son calme apparent qui me fit frémir.

– Tu devrais aller prendre une douche. Tu mets du chocolat partout. Excuse-moi mais on dirait que tu t’es fait dessus. Ce n’est pas un beau à voir, je réussis à dire, la voix ferme, tandis que ses amis éclataient de rire et affirmaient qu’en effet ça ne ressemblait pas à du chocolat mais à la crise de diarrhée d’un condor.

– C’est ça ta vengeance ? siffla Easton à voix basse en prenant un peu de crème pour me l’étaler de la main sur la joue, le cou et la poitrine. Je le laissai faire, indifférente et souriante.

– Non, ça c’est l’entrée, je répondis, avant qu’il ne puisse se rendre dans sa chambre pour se nettoyer.

Je savais qu’il devrait prendre une douche. Il ne pouvait quand même pas se jeter dans la piscine avec toute cette saleté sur lui.

Il ne me restait qu’à attendre, à profiter de cette pause pour ramasser mon livre adoré désormais trempé et irrécupérable.

Ses amis prirent leurs distances et se mirent à discuter. Apparemment, ils ne savaient pas s’ils devaient venir me parler, rester silencieux en attendant leur ami ou s’en aller.

À peine cinq minutes plus tard, Easton arriva.

Des gouttes rouges coulaient de sa tête et rayaient son visage, ses épaules… Tout le corps, et la serviette de bain attachée à sa taille.

Ses trois amis pâlirent et essayèrent de lui demander s’il allait bien mais il vint vers moi.

Il était furibond, ses yeux lançaient des éclairs et sa mâchoire se contractait nerveusement.

– Ne me dis rien. Tu as glissé en entrant dans la douche. Tu t’es cogné la tête et maintenant tu saignes. Quel maladroit ! je réussis à dire sans exploser de rire. – Tu es affreux à voir ! On te dirait sorti d’un film d’horreur !

– Tu penses que tu vas t’en tirer comme ça ?

Arrogante, je lui rappelai :

– Non, mais je suis sûre que cette fois tu as compris pourquoi mon compagnon ne s’inquiète pas le moins du monde pour moi. Comme tu le constates, je me débrouille très bien seule.

– Je te donne un conseil : tant que tu logeras ici, ne dors pas, reste concentrée, ne marche sans te retourner toutes les trois secondes, parce que je serai là, à attendre un faux pas, une distraction, pour t’atteindre. Tu vas regretter le jour où tu as décidé d’accepter l’offre de mon père, me menaça-t-il avant de retourner à la maison se laver. Probablement dans une autre salle de bain.

– Tu as déconné. Easton ne pardonne pas, m’arrêta Logan quand il vit que je retournais aussi vers la maison.

– Moi non plus.

– Tu te crées des ennuis. Tu n’as pas idée du pouvoir qu’Easton a ici. Tout le monde le connaît et reste loin de lui. Personne n’oserait lui faire la plus infime critique, ajouta Ant.

– Je veux seulement qu’il me laisse tranquille.

– Et tu penses y arriver comment ? Avec des blagues de troisième primaire ?

– C’est lui qui a commencé ! Ou vous avez oublié ce qu’il m’a fait quand je suis arrivée ?

Mal à l’aise et désolé pour son ami, Ant essaya de m’expliquer :

– On s’en souvient tous mais la vérité, c’est qu’Easton n’avait rien contre toi mais contre son père qui lui a imposé cette nouvelle famille, entre toi et ta mère. Il n’en voulait pas. Il ne veut personne.

– Moi non plus je ne veux pas d’une autre famille. Je n’aime pas être ici. Je serais déjà partie si ce n’était pas la seule possibilité que j’aie d’aller à l’université, j’avouai, fatiguée par la tension accumulée.

– Vous vous attaquez tous les deux aux mauvaises personnes. Je te conseille de lui parler quand il reviendra. Je suis sûr qu’il t’écoutera si tu arrives à contrôler ton petit caractère.

– Je ne pense pas qu’Easton voudra m’écouter maintenant.

– Trouve le moyen. La créativité ne te manque pas, me dit Ryo en partant, suivi des autres.

***

EASTON

Je ne voulais pas l’admettre mais j’étais choqué.

Je ne m’attendais pas à ce que cette fille aille aussi loin. D’abord la coulée de chocolat fondu et puis la douche rouge sang.

Je savais que ma proximité l’effrayait, la rendait inquiète et vulnérable. J’étais convaincu qu’elle céderait et la morsure dans son cou ce matin m’avait indiqué qu’elle était plus timide et sensible que prévu. Ses joues avaient rougi et son corps avait frémi quand je la tenais contre moi. Elle n’était pas indifférente à ma présence mais il était évident qu’elle tenait à ce que je ne le remarque pas.

Je pensais la tenir et au contraire…

Quel crétin d’avoir sous-estimé son obstination et son désir de m’éloigner d’elle.

Néanmoins, plus elle s’entêtait à mettre de la distance, et plus j’en faisais pour la réduire.

C’était comme un bras de fer.

Il fallait seulement découvrir qui gagnerait.

Ces pensées en tête, je décidai qu’il était temps de détruire son couple.

Elle m’avait humilié devant mes amis et je ferais pareil avec son copain.

Elle m’avait dit qu’il était plus âgé et était videur mais je ne l’ai jamais cru, et de toute façon ça ne m’effrayait pas. Je sais me défendre, et très bien.

J’attendis qu’elle prenne sa douche pour voler son portable.

Triomphant, je le trouvai de suite mais mon enthousiasme retomba d’un coup quand je vis qu’il était protégé par un code PIN.

Je le remis à sa place, irrité, et attendis de pouvoir le reprendre une fois débloqué.

L’occasion se présenta après le repas.

Alice appela son père pour prendre de ses nouvelles.

Je m’approchai en douce et le lui arrachai des mains avant qu’elle ne puisse s’échapper.

– Rends-le moi ! Je suis en ligne avec mon père ! enragea-telle de suite en s’agrippant à mon bras pour reprendre le téléphone que je tenais bien haut. Alice était tellement petite qu’elle n’arriverait jamais à ma main.

Fatigué dès ses hurlements, tandis que son père l’appelait et lui demandait ce qu’il se passait, je poussai Alice qui tomba sur le divan. Puis, d’un bond, je me barricadai à clé dans ma chambre.

– Tout va bien Monsieur. Alice vous rappellera plus tard. J’ai juste besoin du téléphone de votre fille un instant pour détruire sa vie sentimentale. Je l’interrompis et coupai la communication.

Et maintenant à nous deux, Jacob Kowalski !

Après avoir passé tout l’après-midi à contrôler chaque conversation et les photos du téléphone, j’avais dû me rendre chez Ant, génie de l’informatique, pour trouver quelque chose sur ce fiancé.

– Mon ami, ta chère petite sœur t’a trompé ! Elle n’a pas de copain et d’après les photos que j’ai trouvées et qui remontent à trois ans, aucune ne la montre accompagnée d’un garçon dans une situation amoureuse. Au maximum, une où elle dort avec un chien. De plus, le seul Jacob Kowalski sur internet est un personnage de film fantastique, conclut Ant, en me rendant le téléphone à la fin du repas au restaurant mexicain qu’il adorait.

Alice avait encore réussi à m’enfumer !

– Donc ça fait un moment que cette sorcière ne baise pas, n’est-ce pas ?

– Plus que probablement, non.

– Je le savais ! C’est clair que c’est une fille sexuellement frustrée et insatisfaite, je jubilais.

– Pourquoi tu ne lui parles pas pour mettre fin à toute cette histoire ? Vous vous connaissez depuis peu et vous vous êtes déjà déchirés comme des coqs de combat. Pourquoi tu ne laisses pas tomber et tu tournes la page ? Après-demain, on part à l’université. Concentre-toi sur ça.

– Oui, mais uniquement après que je me sois vengé, affirmai-je, décidé à gagner la guerre.

– Easton, s’il te plaît chercha à m’arrêter Ant, mais je lui pris le téléphone des mains et je partis.

Quelqu’un à la maison avait besoin d’une leçon.

Transgression

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