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RENOUVELLEMENT DE L'EMPIRE EN OCCIDENT

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Le Royaume de Pépin s'étendait du Rhin aux Pyrénées et aux Alpes; Charlemagne son fils aîné recueillit cette succession toute entière car un de ses frères était mort après le partage, et l'autre s'était fait Moine auparavant au Monastère de St. Sylvestre. Une espèce de piété qui se mêlait à la barbarie de ces temps, enferma plus d'un Prince dans le Cloître; ainsi Rachis Roi des Lombards, Carloman frère de Pépin, un Duc d'Aquitaine, avaient pris l'habit de Bénédictin. Il n'y avait presque alors que cet Ordre dans l'Occident. Les Couvents étaient riches, puissants, respectés. C'étaient des asiles honorables pour ceux qui cherchaient une vie paisible. Bientôt après ces asiles furent les prisons des Princes détrônés.

Pépin n'avait pas à beaucoup près le domaine direct de tous ces États: l'Aquitaine, la Bavière, la Provence, la Bretagne Pays nouvellement conquis, rendaient hommage et payaient tribut.

Deux Voisins pouvaient être redoutables à ce vaste État, les Germains Septentrionaux et les Sarrasins. L'Angleterre, conquise par les Anglo-Saxons partagée en sept dominations, toujours en guerre avec l'Albanie qu'on nomme Écosse, et avec les Danois, était sans politique et sans puissance. L'Italie faible et déchirée n'attendait qu'un nouveau Maître qui voulût s'en emparer.

Les Germains Septentrionaux étaient alors appelés Saxons. On connaissait sous ce nom tous ces Peuples qui habitaient les bords du Weser et ceux de l'Elbe, de Hambourg à la Moravie, et de Mayence à la Mer Baltique. Ils étaient Païens, ainsi que tout le Septentrion. Leurs Mœurs et leurs Lois étaient les mêmes que du temps des Romains. Chaque Canton se gouvernait en République, mais ils élisaient un Chef pour la Guerre. Leurs Lois étaient simples comme leurs mœurs: leur Religion grossière: ils sacrifiaient dans les grands dangers, des hommes à la Divinité, ainsi que tant d'autres Nations; car c'est le caractère des Barbares, de croire la Divinité malfaisante, les hommes font Dieu à leur image. Les Français, quoique déjà Chrétiens, eurent sous Théodebert cette superstition horrible, ils immolèrent des victimes humaines en Italie au rapport de Procope, et les Juifs avaient commis quelquefois ces sacrilèges par piété. D'ailleurs ces Peuples cultivaient la justice, ils mettaient leur gloire et leur bonheur dans la liberté. Ce sont eux qui sous le nom de Cattes, de Chéruskes et de Bructéres avaient vaincu Varus, et que Germanicus avait ensuite défait.

Une partie de ces Peuples vers le Ve Siècle appelée par les Bretons insulaires contre les habitants de l'Écosse, subjugua la Bretagne qui touche à l'Écosse, et lui donna le nom d'Angleterre. Ils y avaient déjà passé au IIIe Siècle; car au temps de Constantin les côtes de cette Île étaient appelées les Côtes Saxoniques.

Charlemagne, le plus ambitieux, le plus politique et le plus grand guerrier de son Siècle, fit la guerre aux Saxons trente années avant de les assujettir pleinement. Leur Pays n'avait point encore ce qui tente aujourd'hui la cupidité des Conquérants. Les riches Mines de Goflar, dont on a tiré tant d'argent, n'étaient point découvertes, elles ne le furent que sous Henri l'Oiseleur. Point de richesses accumulées par une longue industrie, nulle Ville digne de l'ambition d'un Usurpateur. Il ne s'agissait que d'avoir pour esclaves des millions d'hommes qui cultivaient la terre sous un climat triste, qui nourrissaient leurs troupeaux, et qui ne voulaient point de Maîtres.

Ils étaient mal armés; car je vois dans les Capitulaires de Charlemagne une défense rigoureuse de vendre des cuirasses aux Saxons. Cette différence des armes, jointe à la discipline, avait rendu les Romains vainqueurs de tant de Peuples, elle fit triompher enfin Charlemagne.

Le Général de la plupart de ces Peuples était ce fameux Vitiking, dont on fait aujourd'hui descendre les principales Maisons de l'Empire; Homme tel qu'Arminius, mais qui eut enfin plus de faiblesse. Charles prend d'abord la fameuse Bourgade d'Eresbourg; car ce lieu ne méritait ni le nom de Ville, ni celui de Forteresse. Il fait égorger les habitants. Il y pille et rase ensuite le principal Temple du Pays, élevé autrefois au Dieu Tanfana, Principe universel, et dédié alors au Dieu Irminsul; Temple révéré en Saxe comme celui de Sion chez les Juifs. On y massacra les Prêtres sur les débris de l'Idole renversée. On pénétra jusqu'au Weser avec l'armée victorieuse. Tous ces Cantons se soumirent. Charlemagne voulut les lier à son joug par le Christianisme, tandis qu'il court à l'autre bout de ses États à d'autres conquêtes, il leur laisse des Missionnaires pour les persuader, et des soldats pour les forcer. Presque tous ceux qui habitaient vers le Weser, se trouvèrent en un an Chrétiens et esclaves.

Vitiking retiré chez les Danois qui tremblaient déjà pour leur liberté et pour leurs Dieux, revient au bout de quelques années. Il ranime ses compatriotes, il les rassemble. Il trouve dans Brème, Capitale du Pays qui porte ce nom, un Évêque, une Église, et ses Saxons désespérés, qu'on traîne à des autels nouveaux. Il chasse l'Évêque, qui a le temps de fuir et de s'embarquer. Il détruit le Christianisme, qu'on n'avait embrassé que par la force. Il vient jusqu'auprès du Rhin suivi d'une multitude de Germains. Il bat les Lieutenants de Charlemagne.

Ce Prince accourt. Il défait à son tour Vitiking, mais il traite de révolte cet effort courageux de liberté. Il demande aux Saxons tremblants qu'on lui livre leur Général, et sur la nouvelle qu'ils l'ont laissé retourner en Danemark, il fait massacrer 4500 prisonniers au bord de la petite Rivière d'Aire. Si ces prisonniers avaient été des sujets rebelles, un tel châtiment aurait été une sévérité horrible; mais traiter ainsi des hommes qui combattaient pour leur liberté et pour leurs lois, c'est l'action d'un Brigand, que d'illustres succès et des qualités brillantes ont d'ailleurs fait Grand-homme.

Abrégé de l'Histoire universelle depuis Charlemagne jusques à Charlequint (Tome 1)

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