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PRÉFACE

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Déjà connu par d’agréables piécettes et un beau volume de vers, HEURES TRISTES, qu’a excellemment présent é au public Parisien Charles Le Goffic. Alexandre VERCHIN s’affirme aujourd’hui comme un nouvelliste des plus délicats, un romancier de demain.

Bien entendu, c’est encore son pays aimé qui lui sert de cadre; c’est toujours là son motif d’inspiration! Ces Bretons, doux et têtus, ont vraiment leur Bretagne dans le sang. Ils ne s’en peuvent dégager, et c’est à merveille.

Car. en dépit de son abord passablement rude, elle est infiniment bonne, infiniment tendre, l’aïeule aux yeux pensifs, aux beaux cheveux blancs, la veuve, un peu triste, mais non point tant, –il s’en faut,–qu’on l’a voulu dire, avec sa coiffe de laine, envolée sur l’eau et son bouquet de roses blanches, d’ajoncs et de genêts, attaché à la ceinture.

Je l’ai vue, l’an passé, au bord de la mer joyeuse, de la mer terrible que surveille un troupeau de monstres, échappé des abîmes de l’Apocalypse; je l’ai vue aussi devant l’âtre familial, filant paisiblement sa quenouille, sous la douce image de saint Yves, à deux pas des tranches de lard; je l’ai vue en son lit clos: je l’ai entendue chanter avec les cloches de l’Assomption, au milieu des bolées de cidre d’or, non loin du cruchon de GWIN ARDANN, et ce chant, monotone et simple, qui va droit au cœur, me poursuit encore. Je retrouve, dans mon souvenir, ce visage légèrement fruste et qu’on dirait taillé au couteau. Je revois ces yeux d’amour, ce sourire presque Divin.

La mer de Bretagne n’est pas la mer banalement coquette qui convient aux baigneurs bêtes, aux touristes désœuvrés, aux cocottes en rupture de ban. C’est une mer d’artiste, une mer de poète. Songez-donc! Elle a contemplé tant de choses, et de si tragiques! Elle sait tant d’histoires, et de si terri fiantes! C’est là que, naguère, les prêtresses de Teutatès ont proféré leurs imprécations; c’est là que Mary-Morganu apparaît encore, tous les sept ans, guettant la proie attendue, goule que rien ne peut assouvir. Ici est le tombeau d’Arthur, plus loin celui de Merlin, et le barde incomparable chante encore, sur les flots houleux, son chant qui ne doit pas finir. A certaines heures on l’entend pleurer.

Et que de Saints au rude aspect, moines, évêques, seigneurs, paysans, durs laboureurs du sol sacré! A quoi bon en tenter l’énumération? Ils sont plus nombreux que les grains de sable sur la grève.

Que d’étranges apparitions, d’évocations fantastiques, de cauchemars troublants! Ici, christianisme et paganisme se donnent encore fraternellement la main, on ne les distingue pas. C’est l’inextricable forêt des belles Légendes, la mer infinie des rêves.

Pourtant, ce bois feuillu est plein d’oiseaux qui célèbrent naïvement l’aurore. Cette mer effrayante s’égaie par fois, au soleil levant, au soleil couchant. Une grâce mélancolique est au fond de ses amertumes: un charme subsiste en ses colères, et, trompeuse qu’elle est, elle sait du moins sourire.

Tout imprégné qu’il soit du merveilleux le plus sombre, ce pays reste calme et ne tremble pas. Est-ce un idéal qui le soutient? Est-ce, tout simplement, l’affreuse eau-de-vie qui le console? Qui le dira? C’est le secret de l’âme Bretonne.

Et cette âme, j’y reviens à dessein, est véritablement bonne, simple et aimante. «Nous autres Bretons, dit volontiers le barde Quellien, nous avons de l’âme. C’est notre grand mérite.» Et rien de plus vrai. La terre de granit a gardé ses chênes. Dans leurs vastes ramures, retentit toujours l’éternelle chanson, la chanson sincère, tranquille et modeste, que l espace attire et qui, tout naturellement, s’envole vers l’infini.

Il faut savoir gré à Verchin de nous avoir, avec grâce, gentillesse et exactitude, rendu un peu de tout cela, ici joliment sentimental, là, finement narquois, plus loin pittoresque à souhait, sans surcharge ni faux étalage de couleurs criardes.

Il est digne de figurer sur la liste, déjà si longue et si franchement admirable, des poètes de race Bretonne. Sa place est marquée dans cet orchestre où tous les instruments sont admis. Il y tiendra sa partie à merveille, il sifflera son air, il dira son mot.

Et maintenant, à quand un beau, et grand, et complet roman sur la Bretagne? Il nous le doit.

Gabriel VICAIRE.

Destinée

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