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XVIE NUIT

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D'abord que la reine ma femme fut sortie, poursuivit le roi des Iles Noires, je me levai et m'habillai à la hâte; je pris mon sabre, et la suivis de si près, que je l'entendis bientôt marcher devant moi. Alors, réglant mes pas sur les siens, je marchai doucement de peur d'en être entendu. Elle passa par plusieurs portes qui s'ouvrirent par la vertu de certaines paroles magiques qu'elle prononça, et la dernière qui s'ouvrit fut celle du jardin, où elle entra. Je m'arrêtai à cette porte, afin qu'elle ne pût m'apercevoir pendant qu'elle traverserait un parterre; et la suivant des yeux autant que l'obscurité me le permettait, je remarquai qu'elle entra dans un petit bois dont les allées étaient bordées de palissades fort épaisses. Je m'y rendis par un autre chemin, et, me glissant derrière la palissade d'une allée assez longue, je la vis qui se promenait avec un homme.

Je ne manquai pas de prêter une oreille attentive à leurs discours; et voici ce que j'entendis: Je ne mérite pas, disait la reine le reproche que vous me faites de n'être pas assez diligente; vous savez bien la raison qui m'en empêche. Je n'ai pu jusqu'à présent trouver le moyen de donner au roi mon époux le breuvage enchanté que je lui destine, breuvage dont l'effet me permettra de vous offrir ma main et ma couronne, mais si toutes les marques que je vous ai données jusqu'à présent de ma sincérité, ne vous suffisent pas, je suis prête à vous en donner de plus éclatantes: vous n'avez qu'à commander, vous savez quel est mon pouvoir. Je vais, si vous le souhaitez, avant que le soleil se lève, changer cette grande ville et ce beau palais en des ruines affreuses, qui ne seront habitées que par des loups, des hiboux et des corbeaux. Voulez-vous que je transporte toutes les pierres de ces murailles, si solidement bâties, au delà du mont Caucase, et hors des bornes du monde habitable? Vous n'avez qu'à dire un mot, et tous ces lieux vont changer de face.

Comme la reine achevait ces paroles, elle et celui qui l'accompagnait se trouvant au bout de l'allée, tournèrent pour entrer dans une autre, et passèrent devant moi. J'avais déjà tiré mon sabre, et comme il était de mon côté, je le frappai sur le cou, et le renversai par terre. Je crus l'avoir tué, et, dans cette opinion, je me retirai brusquement, sans me faire connaître à la reine, que je voulus épargner à cause qu'elle était ma parente.

Cependant le coup que j'avais porté à celui qu'elle aimait était mortel; mais elle lui conserva la vie par la force de ses enchantements, d'une manière toutefois qu'on peut dire de lui qu'il n'est ni mort ni vivant. Comme je traversais le jardin pour regagner le palais, j'entendis la reine qui poussait de grands cris, et jugeant par là de sa douleur, je me sus bon gré de lui avoir laissé la vie.

Lorsque je fus rentré dans mon appartement, je me recouchai; et, satisfait d'avoir puni le téméraire qui m'avait offensé, je m'endormis. En me réveillant le lendemain, je trouvai la reine couchée auprès de moi...

Les mille et une nuits: contes choisis

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