Читать книгу Études philosophiques sur l'instinct et l'intelligence des animaux - Antoine Laurent Apollinaire Fee - Страница 4

Оглавление

AVANT–PROPOS.

Table des matières

Les études qui se rattachent de près ou de loin à l’instinct ou à l’intelligence des animaux, sont tout à la fois au nombre des plus intéressantes et des plus ardues. Ce n’est pas qu’elles aient été négligées; mais l’Antiquité n’a jeté que de faibles lumières sur ce sujet difficile. Les Anciens manquaient de critique; plus rapprochés que nous du berceau de la civilisation, ils avaient toute la crédulité de l’enfance, quoique souvent ils pensassent en hommes.

Les questions métaphysiques se lient, bien plus étroitement qu’on ne le pense, aux progrès des sciences physiques. Elles élèvent l’hypothèse à l’état de démonstration, donnent du corps à l’abstraction, et font passer dans le domaine des sens ce qui semblait ne devoir appartenir qu’aux idées spéculatives.

Telle est surtout la dignité à laquelle atteint la philosophie de l’histoire naturelle: elle raisonne, mais d’après les faits; et c’est en généralisant les notions acquises, qu’elle en déduit des lois universelles.

Elle suit, pas à pas, le perfectionnement des sciences naturelles; elle les éclaire, et à son tour en est éclairée. Son rôle n’est pas seulement de s’attacher à l’erreur et de la dévoiler, mais de chercher les voies qui conduisent à la vérité.

Elle a fait mieux comprendre l’impossibilité, où l’homme se trouve désormais, de pouvoir embrasser dans ses recherches le grand ensemble des productions de la nature, démontrant ainsi, jusqu’à l’évidence, la nécessité d’une sage distribution du travail. Les plus habiles, forcés de se restreindre, ont dû accepter une part plus modeste; et l’étude des détails, qui est à la portée de tous les esprits, a fait progresser l’histoire naturelle, bien plus activement que n’eussent pu faire les travaux des plus vastes intelligences.

Mais ces détails n’ont-ils pas d’ailleurs leur sublimité et leur grandiose, par la nécessité de les comparer à l’ensemble? Rien n’étant isolé, ni dans le monde physique ni dans le monde moral, on ne peut se flatter de bien connaître une chose qu’après avoir saisi et apprécié tous les rapports qui l’unissent, soit à ses analogues, soit à ses contraires. Toute étude, a-t-on dit avec une parfaite justesse, est une comparaison.

Voir pour comparer, comparer pour connaître, connaître pour apprécier, telle est la marche à suivre dans l’étude des sciences. C’est pour avoir très-souvent apprécié avant d’avoir comparé, que les sciences naturelles restèrent si longtemps dans un état voisin de l’enfance.

Ainsi que l’a victorieusement établi un écrivain distingué, qui sait unir la force du raisonnement à la finesse des aperçus, il fallait observer, puis raisonner; tandis que l’on a commencé par le raisonnement, pour n’aboutir que tardivement à l’observation. Il suit de là que le naturaliste qui aura le mieux vu, sera en même temps celui de tous qui saura le mieux dire. Le nom de Frédéric Cuvier se présente naturellement à l’esprit, pour justifier cette assertion.

Les travaux de cet observateur sagace ont été mis en relief par M. Flourens, avec une abnégation personnelle si complète, qu’elle touche et intéresse comme le récit d’une bonne action. Le dévouement de l’ami a porté bonheur à l’écrivain; son livre a réussi, et il méritait de réussir.

Peut-être, après l’avoir lu, eussions-nous dû nous abstenir; mais l’auteur, qui connait si bien son sujet, l’ayant déclaré inépuisable, nous ne pouvions nous dispenser de le croire sur parole, et nous nous sommes engagé courageusement dans la route, où lui-même a marché d’un pas si sûr.

Au reste, les idées qui dominent dans notre travail, ne sont pas les mêmes que celles des naturalistes qui ont écrit avant nous; et, comme il arrive toujours, si nous nous accordons souvent, nous différons parfois. Peut-être aussi, et qu’on nous pardonne de l’exprimer ici, quelques aperçus nouveaux ont-ils été le résultat de nos méditations.

«S’il n’existe plus de vérités neuves», a dit une femme d’esprit et de cœur (), «il existe toujours une manière neuve de les présenter; et cette forme nouvelle, donnée aux vérités utiles, peut les rendre accessibles à telle ou telle intelligence qui leur était jusqu’alors restée fermée.» Notre incertitude a donc cessé, et nous avons entrepris ce travail.

La forme aphoristique, sous laquelle nous le donnons, entraîne après elle une certaine sécheresse; elle a surtout le tort de présenter d’une manière trop absolue et trop dogmatique des propositions parfois contestables, et qu’on se sent d’autant, plus disposé à contredire, qu’elles semblent offertes comme d’éclatantes vérités.

Toutefois, ces propositions permettent de voir bien plus nettement la pensée de l’auteur, que cette pensée soit juste ou de sens douteux. Le lecteur qui comprend, approuve ou condamne, complète ou retranche. Tout est profit pour lui, car il gagne du temps, et c’est sans effort, comme sans hésitation, qu’il formule son jugement.

Il nous reste à désirer que ce jugement, prononcé avec indulgence, soit basé plutôt sur la difficulté du sujet que sur la faiblesse de l’exécution.

Études philosophiques sur l'instinct et l'intelligence des animaux

Подняться наверх