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VI

LES CHERCHEUSES DE POUX


Quand le front de l’enfant, plein de rouges tourmentes, Implore l’essaim blanc des rêves indistincts, Il vient près de son lit deux grandes sœurs charmantes Avec de frêles doigts aux ongles argentins.


Elles assoient l’enfant devant une croisée Grande ouverte où l’air bleu baigne un fouillis de fleurs, Et dans ses lourds cheveux où tombe la rosée Promènent leurs doigts fins, terribles et charmeurs.


Il écoute chanter leurs haleines craintives Qui fleurent de longs miels végétaux et rosés, Et qu’interrompt parfois un sifflement, salives Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers.


Il entend leurs cils noirs battant sous les silences Parfumés ; et leurs doigts électriques et doux Font crépiter parmi ses grises indolences

Sous leurs ongles royaux la mort des petits poux.


Voilà que monte en lui le vin de la Paresse, Soupir d’harmonica qui pourrait délirer ;

L’enfant se sent, selon la lenteur des caresses, Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer.

Les Oeuvres Complètes de Rimbaud

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