Читать книгу Les Oeuvres Complètes de Rimbaud - Arthur Rimbaud - Страница 49

Оглавление


XLIII

MÉMOIRE


I

L’eau claire ; comme le sel des larmes d’enfance ; L’assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes ; La soie, en foule et de lys pur des oriflammes Sous les murs dont quelque pucelle eut la défense ;

L’ébat des anges ; − non… le courant d’or en marche, Meut ses bras, noirs, et lourds, et frais surtout, d’herbe. Elle.

Sombre, ayant le ciel bleu pour ciel de lit, appelle Pour rideaux l’ombre de la colline et de l’arche.


II

Eh ! l’humide carreau tend ses bouillons limpides !

L’eau meuble d’or pâle et sans fond les couches prêtes.

Les robes vertes et déteintes des fillettes

Font les saules, d’où sautent les oiseaux sans brides.


Plus pure qu’un louis, jaune et chaude paupière Le souci d’eau − ta foi conjugale, ô l’Épouse ! −

Au midi prompt, de son terne miroir, jalouse

Au ciel gris de chaleur la sphère rose et chère.


III

Madame se tient trop debout dans la prairie

Prochaine où neigent les fils du travail ; l’ombrelle Aux doigts ; foulant l’ombelle ; trop fière pour elle Des enfants lisant dans la verdure fleurie

Leur livre de maroquin rouge ! Hélas, Lui, comme Mille anges blancs qui se séparent sur la route, S’éloigne par delà la montagne ! Elle, toute Froide, et noire, court ! après le départ de l’homme !


IV

Regret des bras épais et jeunes d’herbe pure !

Or des lunes d’avril au cœur du saint lit ! Joie Des chantiers riverains à l’abandon, en proie Aux soirs d’août qui faisaient germer ces pourritures !


Qu’elle pleure à présent sous les remparts : l’haleine Des peupliers d’en haut est pour la seule brise.

Puis, c’est la nappe, sans reflets, sans source, grise ―

Un vieux dragueur, dans sa barque immobile, peine.


V

Jouet de cet œil d’eau morne, je n’y puis prendre, O canot immobile ! ô bras trop courts ! ni l’une Ni l’autre fleur : ni la jaune qui m’importune, Là ; ni la bleue, amis, à l’eau couleur de cendre.


Ah ! la poudre des saules qu’une aile secoue !

Les roses des roseaux dès longtemps dévorées !…

Mon canot toujours fixe ; et sa chaîne tirée

Au fond de cet œil d’eau sans bords − à quelle boue ?

Les Oeuvres Complètes de Rimbaud

Подняться наверх