Читать книгу Les moments perdus de John Shag - Auguste Gilbert de Voisins - Страница 22

Livre Premier
20
L'EXODE

Оглавление

L'ombre était noire.

Les cyprès qui bordent la route faisaient des panaches funèbres, et, de la frondaison d'un noyer, trois corneilles jaillissaient, à chaque instant, pour tournoyer un peu, en poussant des cris. Les peupliers du cimetière se tenaient encore plus droits que de coutume et semblaient vraiment des flammes obscures. Le petit lac rond, que fréquentent mille grenouilles, brillait comme un disque d'étain bleu. Au fond de cette onde métallique, paraissait, avec quelques étoiles, une lune d'argent dont le reflet se voyait aussi dans le ciel. La brise était triste. L'air était couleur de cendre. Des parfums gras montaient de la terre.

L'ombre était noire.

Je m'étais mis en observation au petit œil de bœuf de ma chambre. De là, je regarde souvent passer les oiseaux de nuit, volant bas au-dessus des labours, ou les nuages, glissant très loin au-dessus des arbres. Je puis voir aussi les jeux des averses, l'effort patient des pluies, toutes les émotions de l'azur et l'ornement varié de la terre et des bois.

Les moments perdus de John Shag

Подняться наверх