Читать книгу À la recherche d'un sanctuaire salésien - Charles-Marie Rebord - Страница 5
MANUSCRITS
ОглавлениеI.–Archives municipales d’Annecy, sér. B.B.
II.–Archives du1er Monastère de la Visitation d’Annecy.
III.–Histoire de la fondation du1er Monastère d’Annecy, par la Mère Française Magdeleine de Chaugy (Arch. no11).
IV.–Archives départementales de la Haute-Savoie, sér. Q, non classée.
V.–Archives de la «Société de l’ancienne Eglise du1er Monastère de la Visitation d’Annecy», à l’étude de Me Volland, notaire à. Annecy.
VI.–Acte de transfert du corps du B. François de Sales, quand vivait Evêque et Prince de Genève, et de Vénérable Sœur Françoisie Frémiot, Supérieure de la Visitation.
Arch. dép. Hte-Savoie, sér. G., fonds de l’Evêché, reg. no46, 1639-1643f. 430. Voir Revue Savoisienne1918, p.20).
VII.–Inhumation ou Sépulture de la Révérende Mère Sœur Jeanne-Françoise Frémiot de Chantal, première Religieuse et Fondatrice de l’Ordre de la Visitation de Sainte-Marie. (Même source que le no VI précédent, no48, 1648-1651, fol. 81.. Document cité en grande partie no7, p.61; des parties essentielles ayant été omises, nous avons cru devoir reproduire in-extenso le procès-verbal d’inhumation.
VIII.–Plan de l’ancien Monastère de la Visitation, rez-de-chaussée, 1er et2e étage, dressé par M. l’architecte Boch, le 28mars1836, annexé à un acte de partage du13juillet même année, J. Joseph Saillet notaire. M. le notaire Cattin, qui conserve dans ses minutes l’acte précité, a bien voulu nous accorder gracieusement l’autorisation de reproduire le plan.
IX.–Plan de la première église, de son agrandissement, et de la seconde églilse du1er Monastère de la Visitation, tel nue nous l’ont fait concevoir les documents officiels cités dans la «Recherche». Ce travail est dû à l’obligeance de M. Fontaine, architecte, qui l’a inséré au plan du1er étage du Monastère, ci-dessus n VIII.
Nous citerons les documents énoncés par leur no d’ordre, sauf à ajouter les indications complémentaires requises.
En tête de nos «Recherches», ainsi que nous l’avons déjà dit, nous donnons la première place aux documents d’importance capitale VI et VII.
Le premier nous montrera, à la suite de leur Supérieure, qui était la mère de Blonay si connue, quarante-une Religieuses sur le passage des cercueils renfermant la dépouille mortelle de leurs bien-aimés Fondateurs. A leurs signatures s’ajoutent celles des Sœurs de Fontani, de la Chapelle et Pellart. Tel nom change du tout au tout sous la plume du secrétaire et de la personne qui le porte. Ainsi, le véritable nom de Marie-Innocente de Servières (ou Serrières), est Sr Saint-André. D’autres noms n’ont subi que de bien légères modifications, portant même exclusivement sur l’orthographe. On lit Pogny et Pougny–Chausy et Chaugy–Vareygne et Varenne, etc.
Le changement peut aussi affecter les prénoms. Sr Claret s’appelle tantôt Marie, tantôt Jeanne-Séraphine; inutile d’insister. Le lecteur verra, comparera et jugera par lui-même. Entre autres, il ne manquera pas de se demander pourquoi quatre signatures offrent entre elles de tels traits de ressemblance, qu’on aurait bien peine à croire qu’elles soient de mains différentes! Et deux de ces signatures sont précisément celles de Religieuses non mentionnées au procès-verbal!
La Révolution de1792a passé sur le premier Monastère, son Eglise et ses dépendances. C’est pourquoi il nous paraît naturel, dans une Première Partie, de poursuivre notre chronique jusqu’à la Tourmente Révolutionnaire, et dans une seconde Partie, jusqu’à nos jours.
(A l’usage des personnes peu familiarisées avec les anciennes écritures, nous avons cru devoir donner copie du document photographié ci-dessus).
Acte de transport des corps
du Bienheureux François de Sales, quand vivait Evêque
et Prince de Genève,
et Vénérable Soeur Françoise Frémiot,
Supérieure de la Visitation
Charles-Auguste de Sales, par la grâce de Dieu élu évêque d’Hébron, Coadjuteur de l’évêché de Genève, et par Mgr le Révérendissime Evêque du dit Genève, en cette partie, délégué;
A tous ceux qui ces présentes verront–que ce jourd’hui, 26e du mois de septembre1643, étant dans le parloir du monastère des Religieuses de la Visitation de Sainte-Marie, premier en cette ville fondé, serait comparue Révérende Dame Marie-Aimée de Blonnay, supérieure du dit monastère, assistée du Chapitre de sa communauté, savoir:
Vénérable Sœur Marie-Adrienne Fichet–Marie-Françoise de Livron–Marie-Séraphine Clavel–Marie-Denise de Martignac–Françoise-Marguerite Desgaillon–Marie-Augustine de Vareyne–Françoise-Madeleine de Chausy– Françoise-Angélique de La Croix–Marie-Philiberte Passerat–Marie-Madeleine de Mouxy–Marie-Judith Gilbert– Françoise-Péronne de Rossillon–Marie-Isabelle Flory– Marie-Innocente de Servières–Marie-Agnès Favre–Françoise-Marie de Sales–Françoise-Agnès Flocard–Anne-Françoise de Pra–Françoise-Augustine de Cerisier–Anne-Marie Rosset–Françoise-Blandine Barfelly–Françoise-Dorothée Longy–Françoise-Catherine de Pingon–Jeanne-Marguerite de Mongeny–Marie-Charlotte de Pogny– Françoise-Innocente de La Fléchière–Marie-Bonaventure de Novelles–Claude-Christine Paumes–Marie-Elizaheth Fenoillet–Jeanne-Françoise de Vallon–Anne-Pauline du Noyret–Marie-Gasparde d’Avise–Jeanne-Charlotte Magdelain–Claude-Charlotte de Novelles–Françoise-Marguerite de Pingon–Philiberte-Emmanuelle de Monthouz– Anne-Péronne Baillard–Jeanne-ElisabethClaret–Jeanne-Péronne Gratian–Louise-Marie Sauvageot–Marie-Louise Musy, toutes religieuses professes du dit monastère,
Laquelle susdite Révérende Dame supérieure nous aurait remontré comme que tant pour la petitesse, faiblesse des murailles et voûtes de leur église présente, qui menace de ruine, et ne peut contenir le grand nombre ds pèlerins qui accourent journellement en grande affluence de toutes parts, occasion du corps du serviteur de Dieu François de Sales, quand vivait évêque et prince de Genève, comme encore du corps de feu vénérable sœur Jeanne-Françoise Frémiot, quand vivait première religieuse de leur Ordre, et tous deux fondateurs et instituteurs de leur dit Ordre, il aurait été jugé nécessaire par leurs Supérieurs de construire une nouvelle église qui fut plus ample et plus solide, comme de présent l’on en était en exécution, et que les maîtres-maçons commencent à y travailler, et démolir partie de leurs bâtiments; et pour ce était encore requis et nécessaire de démolir les tombeaux et sépultures des dits corps, et les transporter ailleurs; nous priant, à cet effet, comme délégué susdit de mon dit Seigneur l’Evêque, de vouloir entendre promptement à telle destruction et transport. Ce que nous, ayant trouvé très nécessaire et pressant, afin que les dits maîtres-maçons puissent travailler promptement à la fabrique de la dite nouvelle église, nous nous serions transporté au presbytaire de la dite église, accompagné de RR. SSrs Mre Nicolas Baytaz, doyen de l’innsigne église collégiale de cette ville, et père spirituel des dites Religieuses; François Piotton, prêtre et aumônier, et confesseur à présent des dites Religieuses; Théodule Héritier, prêtre; Pierre Girollet, clerc de la dite église; Mre Jean-Georges Diaconis, commis du greffier de l’évêché, et François Favre, marchand et bourgeois de cette ville, par nous spécialement choisis pour nous indiquer et répondre des dits sépultures, tombeaux et leurs clôtures. Ce qu’étant par eux fait, nous aurions ordonné à honorables Légier Trest, maître-maçon de la ville de Langres, Jacques Calliat, de Mascon, Claude Goddet, de Samoëns, et Henri Burnet, du Grand Albergement, tous maîtres de la dite fabrique, de détruire et ouvrir les dits tombeaux, comme ils auraient fait promptement.
C’es à savoir celui du serviteur de Dieu, François de Sales, du côté de l’épître, sous le grand autel de la dite église, dans l’enclos du balustre qui sépare le presbytaire d’avec la nef, vis-à-vis de la grille des dites vénérables Religieuses, contre la muraille latérale, lequel tombeau nous avons trouvé être fait de plâtre blanc, en façon de marbre, relevé sur le plancher du presbytaire à la hauteur de deux pieds d’homme, et deux pouces, large par dehors, y compris les dites moulures, un pied, six pouces, ledit tombeau chargé sur les deux coins de deux colonnes avec leurs chapiteaux, soutenues par derrière de deux pilastres relevés sur le mur à l’épaisseur d’un grand pouce d’espace d’entre les dites colonnes et pilastres, rempli d’un tableau du dit serviteur de Dieu, peint au naturel, en sa juste taille, en habits d’Evêque, c’est-à-dire en rochet et camail, et à ses genoux quatre Religieuses de la Visitation de chaque côté; dans lequel tombeau auraient trouvé une chasse de bois noyer, dont le dos d’âne était un peu disjoint, et à travers desquelles jointures paraissait une autre chasse couverte de toile cirée, déjà un peu usée; la dite chasse de bois, longue de six pieds huit pouces, large, du côté de l’autel, de deux pieds, et haute de même, et, du côé du balustre, large d’un pied et haute d’un pied et quatre pouces, laquelle à l’instant bien reconnue par les dits RR. SSrs Nicolas Baytaz et François Favre, qui furent présents lorsque le dit tombeau fut ouvert et refermé par les Révérendissimes Seigneurs Commissaires Apostoliques, en l’année1632. Nous aurions fait claveller les dites disjunctures, et sortir la dite chasse du dit tombeau.
Et de l’autre côté de l’Evangile, droit sous la grille du chœur des dites Religieuses, aurions fait miner et ouvrir un autre tombeau fait de bois noyer, en parure, peint de blanc et noir, en représentation du trépas de la dite feu Sœur Jeanne-Françoise Frémiot, par figures de demi-relief, dans lequel tombeau aurions trouvé une autre chasse de noyer, et dans icelle un cercueil de plomb contenant le corps de la dite Sœur Jeanne-Françoise, ainsi que conste d’un écriteau fait en caractères romains, sur une lame de même plomb, bien soudée avec le dit cercueil.
Et, faisant charger les dites chasses par les susnommés, et les témoins ci-après nommés, selon que mieux a été expédient et nécessaire, les dites Religieuses faisant haie avec des cierges allumés et chantant des psaumes de David, nous aurions conduit et transporté les dits corps par le dedans du dit monastère, jusqu’au petit oratoire préparé par les dites Religieuses à intention d’y faire célébrer la sainte messe pendant le temps de la fabrique de leur dite nouvelle église, qui est au plus haut étage du dit monastère, visant sur la place publique contre le midi et l’Occident. Et, là étant arrivés, nous aurions reposé les dits corps en une cellule à côté du dit oratoire, contre le dedans du dit monastère, fermée d’un balustre de bois sapin, en même et pareille position qu’ils étaient ci-devant, c’est-à-dire celui du dit serviteur de Dieu, François de Sales, à la main droite, en entrant, et celui de la dite servante de Dieu, Jeanne-Françoise, à main gauche; et autour des parois de la dite cellule aurions fait appendre les tableaux en diverses figures, d’argent, toile cirée et autres, offerts par les peuples. Et soudain, aurions enjoint à la dite Révérende Dame Supérieure et à sa communauté, de bien loyalement garder et conserver les dits corps dans leurs chasses, sans y innover chose aucune ni les remuer, jusques à ce que autrement en fut ordonné par autorité Ordinaire ou Apotolique.
De quoi la dite Révérende Dame Supérieure nous ayant demandé acte, nous le lui aurions donné, et sur icelui fait les présentes.
Présents à tout ce que dessus, outre les susnommés, RR. SSrs Mre Jean-François Geoffron, chanoine et primicier. de l’église cathédrale de Belley, vicaire général et official substitué en la dite évêché de Belley; Mre Jean Orsat, subsacristain de la cathédrale de Genève, Jean Bernard, Etienne Delachenal, prêtres d’honneur de la dite église collégiale de cette ville, Louis P.rescheur et Jean Chappel, sous-diacres, Mre et spectable René Favre, conseiller de S.A.R., sénateur en son souverain sénat de Savoie, président au conseil de Genevois; Guillaume de Sautereau, conseiller du roi très chrétien, , en son parlement de Dauphiné; Barthélemi Floccard, président en la Chambre des Comptes de Genevois; honnête Pierre Agnan, de La Balme-de-Thuy, Jean Convers, de Groisy, et Jean Favre, dit Gevot, de Talloires, témoins à ce appelés.
Signé: CHARLES-AUGUSTE, élu d’Hébron, délégué;
Les Sœurs susnommées, plus:
Jeanne-Marie de Fontani;
Marie-Gérasime de La Chapelle;
Anne-Pauline Pellart.
Nota.–On ne voit pas la signature des Sœurs Fenoillet, du Noyret, Baillard, Gratian, Sauvageot et Musy.
Signé encore: GEOFFRON, primitial, DE SANTEREAU, Fr. PIOTON.
VII.–Inhumation ou sépulture
de la Rde Mère Sœur Jeanne Françoise Frémiot de Chantal,
première Religieuse et Fondatrice
de l’Ordre de la Visitation de Sainte-Marie
Charles-Auguste de Sales, Evêque et Prince de Genève, à tous ceux qui ces présentes lettres verront,
Salut en Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Savoir faisons comment nos très chères Filles les dévotes Sœurs Françoise Magdeleine de Chaugy, Mère Supérieure, et les Religieuses de la Communauté du premier monastère de la Visitation Sainte-Marie, de cette ville et cité d’Annecy, nous ayant présenté requête par laquelle elles exposaient que la Vénérable Mère Sœur Jeanne-Françoise Frémiot, dite communément de Chantal, première Religieuse et Fondatrice de leur Ordre, étant décédée au monastère de Moulins, en Bourbonnais, le13e jour du mois de décembre, en l’année1641, son corps aurait été apporté en l’église de leur dit monastère de cette ville, où tous les honneurs funèbres lui auraient été rendus dûment, selon les saints Canons et coutumes ecclésiastiques, jusques à l’inhumation, laquelle, à cause des grandes réparations qu’il convenait faire en la dite église, par l’avis et autorité d’Illustrissime et Révérendissime Père en Dieu Mgr Juste Guérin, alors Evêque et Prince de Genève, aurait été différée, et pour ce, le dit corps dûment mis en sa châsse, aurait été laissé en dépôt dans le chœur intérieur de la Chantrerie du dit monastère, et depuis encore transporté dûment et loyalement dans la sacristie intérieure voûtée du même monastère, en l’étage d’en-haut, là où il aurait reposé jusques à ce que, dans la dite église, place décente et convenable ait été préparée; ce qui se trouvait être exécuté. Et partant nous suppliaient que, ce considéré, il nous plût de procéder à la dite inhumation, ou permettre et ordonner qu’il y fût procédé par qui il nous semblerait bon de députer.
Et nous, Evêque prédit, ayant, par décret du10e de ce présent mois de décembre1648, mis au pied de la dite requête, ordonné que les dites Mère Supérieure et Religieuses nous nommeraient et produiraient des témoins, hors de leur dit monastère, pour reconnaître le dit dépôt, pour en après procéder ainsi et comment nous verrions être à faire par raison; et icelles Supérieure et Religieuses auraient promptement satisfait au dit décret, et nommé, par écrit dûment signé:
Révérend François Marcher, chanoine de l’église collégiale de Notre-Dame d’Annecy:
Vénérable J. Orsat, curé de Saint-Girod, et subsacristain de l’église cathédrale de Saint-Pierre de Genève;
Vénérable J. Bernard, prêtre d’honneur de la dite église collégiale de Notre-Dame, prêtre de ce diocèse de Genève, et discret Pierre Girollet, clerc tonsuré de ce même diocèse. Pour ce est-il que cejourd’hui, 11e du mois de décembre1648à 3h. t après midi, ayant appelé pour nous assister Révérend Sr Nicolas Baytaz, doyen de la dite église collégiale de N.D.de cette ville d’Annecy, en qualité de Père spirituel des dites Religieuses, et Révérend Sr J. Paul Truittat, chanoine de la dite église collégiale, en qualité de leur confesseur ordinaire, accompagnés de Vénérables Nicolas Carral et J. Philippe Chappet, nos prêtres et chapelains domestiques, et d’égrège Jacques-Maurice Dumont, notaire apostolique, et notre greffier et secrétaire épiscopal, auquel nous avons ordonné de rédiger par écrit tout ce notre procédé, en due et probante forme;
Nous nous sommes transportés de notre palais épiscopal en la dite église du1er Monastère de la Visitation Sainte-Marie, à l’heure de3h. t attendant4h., où, après avoir adoré le T.S. Sacrement, nous avons fait appeler à la grande grille du chœur la dite dévote Sœur Mère Supérieure Françoise Magdeleine de Chaugy, laquelle, étant promptement venue, à l’assistance de dévote Sœur Marie-Aimée de Blonay, et de quatre autres Sœurs, nous lui avons dit de nous indiquer le lieu et la place où elles prétendent que soit inhumé le corps de la dite Sœur J.-Fr. Frémiot. Et nous ayant répondu que c’était dans une chapelle qui est dans la nef de la dite église, du côté du monastère et joignant à leur chœur de Chantrerie, auprès d’une autre petite grille, la dite chapelle étant sous le vocable de Sainte Lucie, vierge et martyre, et que c’était là qu’elle nous priait d’agréer que fût souterré le dit corps; à l’instant, nous avons fait passage à la dite chapelle, qui se trouve la première en haut septentrionale, et à la main gauche de qui entre dans la dite église, vis-à-vis de la chapelle où repose le corps du Vénérable Serviteur de Dieu François de Sales, quand vivait Evêque et Prince de Genève, la largeur de la nef étant entre deux. Et après avoir visité et considéré la dite chapelle de Sainte Lucie, nous avons trouvé la place fort propre et convenable pour l’inhumation du dit corps.
Et de là, en l’assistance des susnommés, sortant de la dite église, nous nous sommes présenté à la grande porte du dit monastère, où, nous ayant été ouvert, à la conduite de la dite Mère Supérieure, conformément aux Constitutions de l’Ordre, et ayant en notre suite les dits témoins, par les dites Religieuses nommés et produits, nous sommes montés en un étage d’en haut, et entrés dans la tour de la dite sacristie voûtée, où nous avons trouvé contre la muraille, sur quatre escabelles une châsse bois de sapin légèrement clavelée; ce qui nous a occasionné de la faire ouvrir par le dessus. Et nous avons trouvé qu’elle contenait une autre châsse de plomb, bien soudée et nullement ouverte, d’environ5pieds t de longueur, et de hauteur, vers la tête, de18pouces, et en bas, de7pouces de largeur, et! pied de hauteur, le couvercle étant fait en portion de cercle sur laquelle, du côté de la tête, est un écriteau sur lame de plomb, en caractères capitaux enfoncés, la dite lame étant de la longueur d’un pied, et d’environ neuf pouces de largeur, avec soudures ordinaires, contenant ces mots, c’est à savoir: Ici git le corps de notre très honorée Mère, Sœur Jeanne-Françoise Frémiot, Fondatrice de l’Ordre des Filles de la Visitation Sainte-Marie, et première Religieuse d’iceluy, laquelle est décédée au monastère de Moulins le XIIIe décembre1641, à sept heures du soir, le jour de Sainte Lucie.
Nous étant fait apporter le Saint Evangile, nous avons déféré le serment à la dite Mère Supérieure, Sœur Fr.-Magdeleine de Chaugy, à la dévote Sœur M.-Aimée de Blonay, parce qu’elle était supérieure du dit monastère lorsque le dit corps y fut aporté et mis en dépôt, et de même nous avons déféré le serment aux dits témoins, lesquels, après avoir bien visité et considéré la dite châsse de plomb, ont dit et déposé être véritablement la même, et tout de la même façon du dit dépôt, le sachant très bien pour avoir été présents, et vu de leurs propres yeux la dite châsse et dépôt lorsqu’il fut fait. Et de même les dites Religieuses, supérieure moderne et déposée, ayant touché les Saintes Ecritures, ont juré de savoir très bien que dans la dite châsse de plomb est le corps de la dite Mère Jeanne-Françoise Frémiot, pour avoir vu quand il y fut mis au temps du dit dépôt, et qu’elles-mêmes ont revêtu le dit corps de l’habit religieux, et vu quand la dite châsse fut soudée, et qu’il a été gardé inviolablement.
Attendu lesquelles dépositions, serments et autres circonstances prouvantes dûment l’identité du dit dépôt, nous avons ordonné qu’il serait enlevé de la dite sacristie, mis en lieu d’espace, avec les ornements funèbres; ce que les dites Religieuses auraient exécuté promptement, le sortant et mettant dans la galerie qui joint à la dite sacristie.
Et nous, étant ressortis du dit monastère, sommes rentrés dans la dite église. et dans la sacristie d’icelle, où, ayant fait appeler Vénérable Sr Louis Prescheur, vicaire de l’église paroissiale de Saint-Maurice de cette ville, pour nous assister, avec la croix de la dite paroissiale, nous sommes revêtu d’aube, étole et chappe noire, et avons pris notre mitre simple blanche en tête, avons fait–revêtir nos dits assistants et prêtres chapelains de surplis, et, en ordre de procession, la dite croix paroissiale précédente, sommes rentrés dans le dit monastère, et remontés en la dite galerie, où nous avons trouvé la dite Sœur Françoise-Magdeleine de Chaugy, supérieure, avec toutes ses Religieuses, en nombre de50, rangées en aile de part et d’autre à l’entour du dit corps, tenant chacune en main un cierge allumé, de cire blanche, et ayant de nouveau reconnu le dit dépôt, et fait clouer en notre présence la châsse bois de sapin, qui contient celle de plomb, et le tout recouvert d’un grand drap de velours noir croisé de satin blanc, avons fait lévation du dit dépôt, porté par six hommes de nos domestiques, et quatre des dites Sœurs Religieuses tenant les quatre coins du dit drap, et les autres précédantes en ordre de procession, en chantant des psaumes, selon leur cérémonial, sommes descendus jusques à la grande porte du dit monastère, où les dites Religieuses étant restées en-dedans, le dépôt sorti et la porte fermée, notre clergé a commencé d’officier en plain-chant, et ainsi avons procédé jusques à la dite église, suivis, depuis la dite porte, d’un très grand nombre de personnes ecclésiastiques et séculières, de l’un et de l’autre sexe, qui attendait avec grande dévotion, pour être la dite Vénérable Mère Jeanne-Françoise Frémiot en estime de sainteté parmi tout notre peuple.
Et étant arrivés dans la dite église, le clocher du dit monastère et du second du même Ordre, qui est hors les murs de cette ville, sonnant de mortuaire, presque tous les habitants de cette ville y étant accourus, nous avons mis sous le pavé le dit dépôt, en la dite place désignée, c’est à savoir dans la dite chapelle de Sainte Lucie, au-dessous de la petite grille, la tête étant contre la bise et les pieds contre le midi. Et après avoir jeté de l’eau bénite, avec les responsoires et collectes en tel cas accoutumés, sur le sépulcre, a été élevé au-dessus un tombeau préparé à cet effet. Et nous sommes retiré pour nous déshabiller de nos habits pontificaux, dans la sacristie de la dite église.
Le tout a été fait en présence de nos assistants et prêtres susnommés, et particulièrement encore en présence d’illustre et Révérend Sgr Adrien d’Oncieu, Sgr de Belletour, docteur en Théologie, Prévôt de l’église Cathédrale de Saint-Pierre de Genève; de Révérends Sieurs Pierre Magnin, Louis Poultrier, docteurs en Théologie et chanoines de la dite église Cathédrale, le dit Sr Magnin étant en outre notre Vicaire-Général et Official; Révérend Jean-Baptiste Gard, chanoine de l’église Collégiale de Notre-Dame de cette ville d’Annecy; Vénérables Louis Siourd, Philibert Bernard, et François Alégret, prêtres’ de ce diocèse. Et du nombre des séculiers, Illustre et spectable Sgr René Favre, baron de la Valbonne et d’Aiguebelette, conseiller d’Eat de S.A.R., sénateur au Souverain Sénat de Savoie, et président au Conseil de Genevois; noble Boniface Dumonal. Spectable Henri Pacot, avocat au Souverain Sénat de Savoie, honorable Paul Bernard, apothicaire, tous bourgeois de la présente ville d’Annecy, témoins par nous spécialement appelés et choisis d’entre une multitude innumérable, pour avoir vu de plus près la dite inhumation.
Et avons commandé au dit Mre Jacques Maurice Dumont, notaire apostolique et notre greffier épiscopal, d’enregistrer dans les registres de notre Officialité ce notre présent verbal, et l’expédier à qui il appartiendra, comme de raison, en due et probante forme.
En foi de quoi, nous l’avons soussigné de notre main, avec nos dits Assistants et témoins produits et appelés par le dit Dumont.
Annecy, le11e du mois de décembre1648.
Suivent les signatures de Charles-Auguste, Evêque de Genève; Baytaz; d’Oncieu; Marcher; Truitat; Orsat; Siourd: René Favre. (Arch. départ. Hte-Savoie, sér. G, Fonds de l’Evêché, no48, 1648-1651, f. 81.–L’acte est cité en partie7, p.61).