Читать книгу Les petites filles modèles - Comtesse de Ségur - Страница 14
Оглавление«Ayez la complaisance de m'apporter tous ces pots de fleurs.» (Page 27.)
MARGUERITE.
Mais si vous n'avez pas assez d'argent, Madeleine, vous prendrez le mien, n'est-ce pas?
MADELEINE.
Oui, oui, ma bonne petite, sois sans inquiétude, ne pensons plus à tout cela, et préparons notre jardin pour y replanter de nouvelles fleurs.»
Les trois petites se mirent à l'ouvrage; Marguerite fut chargée d'arracher les vieilles tiges et de les brouetter dans le bois, Camille et Madeleine bêchèrent avec ardeur; elles suaient à grosses gouttes toutes les trois quand Mme de Rosbourg, revenue de sa course, les rejoignit au jardin.
«Oh! les bonnes ouvrières! s'écria-t-elle. Voilà un jardin bien bêché! Les fleurs y pousseront toutes seules, j'en suis sûre.
—Nous en aurons bientôt, madame, vous verrez.
—Je n'en doute pas, car le bon Dieu récompensera toujours les bonnes petites filles comme vous.»
La besogne était finie; Camille, Madeleine et Marguerite eurent soin de ranger leurs outils, et jouèrent pendant une heure dans l'herbe et dans le bois. Alors la cloche sonna le dîner, et chacun rentra.
Le lendemain, après déjeuner, les enfants allèrent à leur petit jardin pour achever de le nettoyer.
Camille courait en avant. Le jardin lui apparut plein de fleurs mille fois plus belles et plus nombreuses que celles qui y étaient la veille. Elle s'arrêta stupéfaite; elle ne comprenait pas.
Madeleine et Marguerite arrivèrent à leur tour, et toutes trois restèrent muettes de surprise et de joie devant ces fleurs si fraîches, si variées, si jolies.
Enfin, un cri général témoigna de leur bonheur; elles se précipitèrent dans le jardin, sentant une fleur, en caressant une autre, les admirant toutes, folles de joie, mais ne comprenant toujours pas comment ces fleurs avaient poussé et fleuri en une nuit, et ne devinant pas qui les avait apportées.
«C'est le bon Dieu, dit Camille.
—Non, c'est plutôt la sainte Vierge, dit Madeleine.
—Je crois que ce sont nos petits anges», reprit Marguerite.
Mme de Fleurville arrivait avec Mme de Rosbourg.
«Voici l'ange qui a fait pousser vos fleurs, dit Mme de Fleurville en montrant Mme de Rosbourg. Votre douceur et votre bonté l'ont touchée; elle a été acheter tout cela à Moulins, pendant que vous vous mettiez en nage pour réparer le mal causé par Marguerite.»
On peut juger du bonheur et de la reconnaissance des trois enfants. Marguerite était peut-être plus heureuse que Camille et Madeleine, car le chagrin qu'elle avait fait à ses amies pesait sur son cœur.
Le lendemain, toutes les trois offrirent un bouquet composé de leurs plus belles fleurs, non seulement à Mme de Fleurville pour sa fête, mais aussi à Mme de Rosbourg, comme témoignage de leur reconnaissance.