Voyage en Égypte et en Syrie - Tome 1
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Constantin-François Volney. Voyage en Égypte et en Syrie - Tome 1
ÉTAT PHYSIQUE DE L'ÉGYPTE
CHAPITRE I. De l'Égypte en général, et de la ville d'Alexandrie
CHAPITRE II. Du Nil, et de l'extension du Delta
CHAPITRE III. De l'exhaussement du Delta
CHAPITRE IV. Des vents et de leurs phénomènes
CHAPITRE V. Du climat et de l'air
ÉTAT POLITIQUE DE L'ÉGYPTE
CHAPITRE I. Des diverses races des habitants de l'Égypte
CHAPITRE II. Précis de l'histoire des Mamlouks
CHAPITRE III. Précis de l'histoire d'Ali-Bek77
CHAPITRE IV. Précis des événements arrivés depuis la mort d'Ali-bek jusqu'en 1785
CHAPITRE V. État présent de L'Égypte
CHAPITRE VI. Constitution de la Milice des Mamlouks
§ I. Vêtements des Mamlouks
§ II. Équipage des Mamlouks
§ III. Armes des Mamlouks
§ IV. Éducation et exercices des Mamlouks
§ V. Art Militaire des Mamlouks
§ VI. Discipline des Mamlouks
§ VII. Mœurs des Mamlouks
§ VIII. Gouvernement des Mamlouks
CHAPITRE VII
§ I. État du peuple en Égypte
§ II. Misère et famine des dernières années
§ III. États des arts et des esprits
CHAPITRE VIII. État du commerce
CHAPITRE IX. De l'isthme de Suez, et de la jonction de la Mer Rouge à la Méditerranée
CHAPITRE X. Des douanes et des impôts
Du commerce des Francs au Kaire
CHAPITRE XI. De la ville du Kaire
Population du Kaire et de l'Égypte
CHAPITRE XII. Des maladies de l'Égypte
§ I. De la perte de la vue
§ II. De la petite-vérole
§ III. De la peste
CHAPITRE XIII. Tableau résumé de l'Égypte
Des exagérations des voyageurs
CHAPITRE XIV. Des ruines et des pyramides142
NOTE
ÉTAT PHYSIQUE DE LA SYRIE
CHAPITRE I. Géographie et Histoire Naturelle de la Syrie
§ I. Aspect de la Syrie
§ II. Des montagnes
§ III. Structure des montagnes
§ IV. Volcans et tremblements
§ V. Des sauterelles
§ VI. Qualités du sol
§ VII. Des rivières et des lacs
§ VIII. Du climat
§ IX. Qualités de l'air
§ X. Qualités des eaux
§ XI. Des vents
CHAPITRE II. Considérations sur les phénomènes des vents, des nuages, des pluies, des brouillards et du tonnerre
ÉTAT POLITIQUE DE LA SYRIE
CHAPITRE I. Des habitants de la Syrie
CHAPITRE II. Des peuples pasteurs ou errants de la Syrie
§ I. Des Turkmans
§ II. Des Kourdes
§ III. Des Arabes-Bedouins
CHAPITRE III. Des peuples agricoles de la Syrie
§ I. Des Ansârié
§ II. Des Maronites
§ III. Des Druzes
§ IV. Du gouvernement des Druzes
§ V. Des Motouâlis
Отрывок из книги
C'EST en vain que l'on se prépare, par la lecture des livres, au spectacle des usages et des mœurs des nations; il y aura toujours loin de l'effet des récits sur l'esprit à celui des objets sur les sens. Les images tracées par des sons n'ont point assez de correction dans le dessin, ni de vivacité dans le coloris; leurs tableaux conservent quelque chose de nébuleux, qui ne laisse qu'une empreinte fugitive et prompte à s'effacer. Nous l'éprouvons surtout, si les objets que l'on veut nous peindre nous sont étrangers; car l'imagination ne trouvant pas alors des termes de comparaison tout formés, elle est obligée de rassembler des membres épars pour en composer des corps nouveaux; et dans ce travail prescrit vaguement et fait à la hâte, il est difficile qu'elle ne confonde pas les traits et n'altère pas les formes. Doit-on s'étonner si, venant ensuite à voir les modèles, elle n'y reconnaît pas les copies qu'elle s'en est tracées, et si elle en reçoit des impressions qui ont tout le caractère de la nouveauté?
Tel est le cas d'un Européen qui arrive, transporté par mer, en Turkie. Vainement a-t-il lu les histoires et les relations; vainement, sur leurs descriptions, a-t-il essayé de se peindre l'aspect des terrains, l'ordre des villes, les vêtements, les manières des habitants; il est neuf à tous ces objets, leur variété l'éblouit; ce qu'il en avait pensé se dissout et s'échappe, il reste livré aux sentiments de la surprise et de l'admiration.
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Il reste certainement beaucoup d'observations à faire ou à recommencer dans ce pays; mais, comme je l'ai déja dit, elles ont de grandes difficultés. Pour les vaincre, il faudrait du temps, de l'adresse et de la dépense; à bien des égards même, les obstacles accessoires sont plus graves que ceux du fond. M. le baron de Tott en a fait une épreuve récente pour le nilomètre. En vain a-t-il tenté de séduire les gardiens; en vain a-t-il donné et promis des sequins aux crieurs, pour en obtenir les vraies hauteurs du Nil; leurs rapports contradictoires ont prouvé leur mauvaise foi ou leur ignorance commune. On dira peut-être qu'il faudrait établir des colonnes dans des maisons particulières; mais ces opérations, simples en théorie, sont impossibles en pratique: on s'exposerait à des risques trop graves. Cette curiosité même que les Francs portent avec eux, chagrine de plus en plus les Turks. Ils pensent que l'on en veut à leur pays; et ce qui se passe de la part des Russes, joint à des préjugés répandus, affermit leurs soupçons. C'est un bruit général dans l'empire à ce moment, que les temps prédits sont arrivés; que la puissance et la religion des Musulmans vont être détruites; que le roi Jaune va venir établir un empire nouveau, etc. Mais il est temps de reprendre nos idées.
Je passe légèrement sur la saison43 du débordement, assez connue; sur sa gradation insensible et non subite comme celle de nos rivières; sur ses diversités qui le montrent tantôt faible et tantôt fort, quelquefois même nul: cas très-rare, mais dont on cite deux ou trois exemples. Tous ces objets sont trop connus pour les répéter; on sait également que les causes de ces phénomènes qui furent une énigme pour les anciens44, n'en sont plus une pour les Européens. Depuis que leurs voyageurs leur ont appris que l'Abissinie et la partie adjacente de l'Afrique sont inondées de pluie en mai, juin et juillet, ils ont conclu, avec raison, que ce sont ces pluies qui, par la disposition du terrain, affluant de mille rivières, se rassemblent dans une même vallée, pour venir sur des rives lointaines offrir le spectacle imposant d'une masse d'eau qui emploie trois mois à s'écouler. On laisse aux physiciens grecs cette action des vents de nord ou étésiens, qui, par une prétendue pression, arrêtaient le cours du fleuve; il est même étonnant qu'ils aient jamais admis cette explication; car le vent n'agissant que sur la surface de l'eau, il n'empêche point le fond d'obéir à la pente. En vain des modernes ont allégué l'exemple de la Méditerranée, qui, par la durée des vents d'est, découvre la côte de Syrie d'un pied ou un pied et demi, pour recouvrir de la même quantité celles d'Espagne et de Provence, et qui, par les vents d'ouest, opère l'inverse: il n'y a aucune comparaison entre une mer sans pente et un fleuve, entre la nappe de la Méditerranée et celle du Nil, entre vingt-six pieds et dix-huit pouces.
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