Читать книгу Nibiru Approche - Danilo Clementoni - Страница 11
Vaisseau Théos — Le plan d’action
Оглавление— Tu ne trouves pas ça excitant, de savoir que nous allons sauver la Terre tous les deux, mon amour ? demanda Élisa en regardant le colonel avec des yeux de chaton enamouré et en lui prenant la main.
— “ Mon amour ? ” Tu ne vas pas un peu vite ? la reprit Jack, irrité.
Élisa tressaillit, et ne comprit qu’il se moquait d’elle que lorsqu’il lui sourit avec douceur et lui caressa la joue.
— Crapule. Ne me joue plus ce genre de tours, ou tu auras affaire à moi.
Elle frappait son buste de ses deux mains.
— Du calme, du calme, lui murmura Jack en l’attirant doucement à lui. D’accord, c’était une blague stupide. Je ne le ferai plus.
Cette étreinte soudaine eut sur elle un effet rassurant et relaxant. Elle sentit toute la tension accumulée jusqu’à alors fondre comme neige au soleil. Après tout ce qui s’était passé dans les dernière heures, c’était exactement ce dont elle avait besoin. Elle décida de se perdre dans ses bras, et, fermant lentement les yeux, appuya la tête sur son torse puissant et s’abandonna complètement.
Atzakis s’était entre-temps glissé dans la cabine H^COM, toujours diaboliquement trop étroite, et attendait que la réponse à sa demande de communication lui parvienne dans la lunette holographique qu’il avait devant lui.
Partant du centre de l’écran, une série d’ondes multicolores créait un effet semblable à celui d’une pierre jetée dans les eaux tranquilles d’une mare. Puis les ondes s’effacèrent progressivement, laissant apparaître le visage creusé et marqué par les années de son supérieur Ancien.
— Atzakis, dit l’homme en souriant légèrement, sa main osseuse levée en signe de salut. Que peut faire pour toi un pauvre vieux ?
— Nous avons dit la vérité aux deux Terriens.
— Démarche audacieuse, commenta l’Ancien en se prenant le menton entre le pouce et l’index. Comment l’ont-ils pris ?
— Disons que, passée la première stupeur légitime, il me semble qu’ils ont bien réagi.
Atzakis fit une brève pause, puis ajouta, d’un ton très sérieux :
— Nous leur avons proposé d’utiliser le tore au superfluide.
— Le tore ? s’exclama son interlocuteur en se levant d’un bond qui aurait fait pâlir d’envie un petit garçon. Mais il n’y a pas encore été soumis aux tests complets. Tu te rappelles ce qui s’est passé la dernière fois, pas vrai ? On pourrait générer une fluctuation gravitationnelle avec cet engin, et il y a en plus le risque de créer un mini trou noir.
— Je sais, je sais bien, répondit tout bas Atzakis. Mais je crois que nous n’avons pas d’alternatives. Si nous n’utilisons pas des moyens radicaux, le passage de Kodon pourrait cette fois-ci être fatal aux Terriens.
— Quel est ton plan ?
— On estime que les orbites des deux planètes se croiseront dans sept jours. Il faudrait que tu fasses préparer le tore et que tu le fasses apporter ici au moins un jour avant.
— Ça ne me laisse pas beaucoup de temps, tu le sais.
— Il faut que j’aie un peu de marge pour le positionner, le configurer et pour la procédure d’activation.
— J’ai un mauvais pressentiment, dit l’Ancien, passant une main dans ses cheveux blancs.
— J’ai Pétri avec moi. Tout ira bien.
— Vous êtes deux jeunes gens très capables, je n’ai aucun doute là-dessus, mais faites très attention. Cet engin pourrait se transformer en arme fatale.
— Essaie de nous le faire avoir dans les délais, on s’occupera du reste. Ne t’inquiète pas.
— D’accord. Je te recontacterai quand tout sera prêt. Bonne chance.
Le visage de son supérieur disparut de l’écran, qui se remit à afficher les ondes multicolores.
Atzakis quitta lentement son inconfortable fauteuil et resta un moment les mains appuyées sur la surface de la minuscule console. Mille pensées tournaient dans son esprit, et, quand un léger frisson lui parcourut le dos, il eut nettement la sensation qu’ils allaient au-devant d’une infinité de problèmes.
— Zak ! s’écria joyeusement son compagnon d’aventures en le voyant s’extraire de la cabine H^COM. Qu’a dit le vieux ?
Atzakis s’étira un peu, puis répondit tranquillement :
— Nous avons sa bénédiction. Si tout devait marcher comme prévu, nous aurions le tore, ou plutôt Newark, la veille du croisement.
— Espérons qu’on y arrivera. Ça ne va pas être facile de configurer cet engin en si peu de temps.
— Qu’est-ce qui t’inquiète, compagnon ? répliqua Atzakis avec un pâle sourire. Dans le pire des cas, nous ne ferons qu’ouvrir une distorsion spatio-temporelle qui engloutira d’un coup la Terre, Kodon, Nibiru, et tous les autres satellites.
Les deux Humains, qui était restés un peu à l’écart mais n’avaient pas perdu un seul mot de la conversation, restèrent comme pétrifiés.
— Mais qu’est-ce que tu dis ? réussit tout juste à balbutier Élisa, qui le regardait, abasourdie. “ Distorsion spatio-temporelle ? Engloutir ? ”. Tu veux nous dire que, si ce plan devait ne pas fonctionner, nous serions à l’origine de la destruction de notre peuple et du vôtre ?
— Eh bien, oui, il y a un risque minimum, commenta tranquillement Atzakis.
— Un “ risque minimum ? ” et tu nous le dis comme ça, avec cette expression calme et sereine sur le visage ? Tu dois être fou, et nous encore plus.
— Calme-toi, mon trésor, intervint Jack en la prenant par les épaules et en la regardant droit dans les yeux. Ils sont bien plus compétents et au point que nous, et s’ils ont décidé de suivre cette voie, nous ne pouvons rien faire d’autre que de les seconder et de leur apporter toute l’aide possible.
Le Professeur poussa un long soupir, avant de dire :
— Il faut que je m’assoie. Trop d’émotions aujourd’hui. Si ça continue, je vais y laisser mes dernières plumes.
Jack la soutint par le bras et l’accompagna vers le fauteuil le plus proche. Élisa s’y laissa tomber de tout son poids, avec un léger gémissement.
— On a peut-être un peu trop réduit le pourcentage d’oxygène dans l’air, murmura Atzakis à son compagnon.
— J’ai essayé de le rendre le plus compatible avec les besoins de tous, et de nous éviter d’avoir à utiliser ces antipathiques respirateurs.
— Je sais bien, compagnon, mais je crains qu’ils n’y soient excessivement sensibles.
— D’accord, je vais essayer de modifier le mélange. On peut s’adapter plus facilement, nous.
Le colonel, pour sa part, n’avait pas du tout l’air d’y être sensible, il était plus fringant que jamais. L’action et le risque étaient son pain quotidien, et il se trouvait parfaitement à son aise dans des situations de ce type. Il alla se placer exactement sous l’image tridimensionnelle de Newark qui se détachait encore majestueusement au milieu de la pièce.
— Bien. Cette chose pourrait tous nous sauver, ou nous conduire à la destruction totale.
— Analyse synthétique mais efficace, commenta Atzakis.
— Au point où nous en sommes, poursuivit le colonel d’un ton sérieux et d’une voix profonde, je crois que le moment est venu d’avertir le reste de la planète de la catastrophe imminente.
— Comment penses-tu faire ? demanda Élisa, depuis son fauteuil. On prend notre téléphone, on appelle le président des États-Unis et on lui dit : “ Bonjour, Monsieur le président. Savez-vous que nous sommes en compagnie de deux extraterrestres qui nous ont dit que, d’ici quelques jours, une planète arrivera qui nous balaiera tous ” ?
— Le minimum qu’il puisse faire, c’est de faire intercepter l’appel, d’envoyer du monde pour nous récupérer et nous faire interner en asile, répliqua Jack en souriant.
— Mais vous n’avez pas de système de communication globale comme notre Réseau ? demanda Pétri, intrigué, au colonel.
— Réseau ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
— C’est un système général d’interconnexion en mesure de mémoriser et de distribuer le Savoir à l’échelle planétaire. Nous pouvons tous y accéder, avec des niveaux de profondeur différents, par un système neuronal N^COM qu’on nous implante directement dans le cerveau à la naissance.
— Super, s’écria Élisa stupéfaite, avant de poursuivre : en fait, nous avons nous aussi un système de ce genre. Nous l’appelons internet, mais nous n’en sommes pas arrivés à votre niveau, bien sûr.
— Et ce ne serait pas possible d’utiliser votre “ internet ” pour envoyer un message à toute la planète ? demanda Pétri, curieux.
— Eh bien, ce n’est pas aussi simple, répondit Élisa. Nous pourrions introduire des informations dans le système, envoyer des messages à des groupes, peut-être même enregistrer des images et les diffuser le plus largement possible, mais personne ne nous croirait, et puis cela n’atteindrait pas tout le monde.
Elle réfléchit un peu, puis ajouta :
— Je crois que la seule possibilité serait encore notre bonne vieille télévision.
— Télévision ? demanda Atzakis, qui demanda à Pétri :
— Ce ne serait pas ce système que nous avons utilisé pour recevoir des images et des films en venant ici ?
— Je crois bien que si, Zak.
Et sur ces mots, il joua sur une série de commandes de la console centrale. En quelques secondes, il put faire apparaître sur l’écran géant certaines des séquences qu’ils avaient précédemment enregistrées.
— Vous parlez bien de ça ?
Une multitude de films en tout genre se succédèrent rapidement : des spots publicitaires, des journaux télévisés, des matchs de foot, et même un vieux film en noir et blanc avec Humphrey Bogart.
— Mais c’est Casablanca, s’écria Élisa, stupéfaite. Où avez-vous récupéré tout ça ?
— Vos transmissions se propagent même dans le cosmos, répondit tranquillement Pétri. Nous avons dû modifier un peu notre système de réception, mais à la fin, on a réussi à les capter.
— Et c’est grâce à elles que nous avons pu apprendre votre langue, ajouta Atzakis.
— Et même d’autres nettement plus compliquées, commenta tristement Pétri. J’ai failli devenir fou avec tous ces petits dessins.
— Bon, coupa le colonel, c’est bien de ça que nous parlons, mais je crois que ce n’est pas non plus la meilleure solution.
— Excuse-moi, Jack, intervint Élisa, mais tu ne crois pas qu’il faudrait avant tout avertir tes supérieurs à l’ELSAD ? Si j’ai bien compris, c’est justement le président des États-Unis qui est à la tête de cette organisation, dans le fond, ou je me trompe ?
— Et comment sais-tu ça ? objecta le colonel, étonné.
— Eh, moi aussi, j’ai mes sources ! dit Élisa en rejetant d’un geste espiègle une mèche de cheveux qui lui tombait sur la joue droite.
— Chez vous aussi, les femmes font ça ? demanda Jack aux deux extraterrestres, qui suivaient cette petite scène d’un air surpris.
— Les femmes sont les mêmes dans tout l’univers, mon cher, répondit Atzakis en souriant.
— Bref -poursuivit le colonel après cette réplique à risque- je crois que tu as parfaitement raison. Il faut une institution fiable et crédible pour diffuser une information aussi renversante. Je suis un peu inquiet, à cause de ce qui a filtré au général Campbell et aux deux types qui nous ont agressés. Mon supérieur direct, c’était le général, justement, mais on dirait que c’est un traître corrompu.
— Ça veut dire qu’on va vraiment devoir passer le coup de fil que nous évoquions ? demanda le Professeur.
— Pour absurde que cela paraisse, c’est peut-être la seule solution.