Читать книгу Le Journal intime d'une soubrette - Éditions Richepanse - Страница 3

INTRODUCTION

Оглавление

Certaines existences semblent être placées sous le signe de l’amour. Les hommes naissent avec le génie, la force, l’ambition, parfois au contraire avec la bêtise ou la lâcheté. Germes profonds et indéracinables, les traits saillants de leur nature les conduiront vers le triomphe ou vers la déchéance.

Les femmes sont moins souvent orientées vers tant de traits excessifs. Elles sont presque toujours gouvernées toute leur vie par ce sentiment complexe, fait d’instinct et comme pétri de chair, que l’on nomme la féminité. L’amour domine leurs cœurs, leurs têtes, leurs cerveaux. C’est là leur véritable raison de vivre. La plupart l’admettent en elles comme un sentiment bourgeois et calme, fait de passions et d’appétits assouvis dans l’adoration d’un seul homme.

Mais il en est d’autres, au contraire, qui savent dominer l’amour et s’en servir, au lieu d’être dominées par lui. On les nomme les grandes amoureuses, justement peut-être parce qu’elles ne le sont pas. Ces privilégiées peuvent dominer le monde. Autrefois, elles laissaient un nom dans l’histoire. Aujourd’hui, elles se contentent d’amasser des fortunes, ce qui, au fond, est bien plus intéressant.

Que faut-il à ces femmes pour atteindre un tel but. La beauté ? certes, mais ce n’est pas la seule qualité nécessaire. L’intelligence est aussi un élément indispensable, ainsi que la hardiesse. Enfin, les sens ; on aurait tort de croire qu’une femme galante ne doit pas avoir de sens. Il est simplement préférable de savoir les dominer ; mais il faut savoir prendre plaisir à toutes les caresses, rechercher sans crainte les sensations les plus excessives, les plus diverses.

Mais surtout, il faut qu’une femme qui réunit ces qualités (ou si vous préférez ces défauts), possède par dessus tout cet élément rare : être née sous le signe de l’amour. Ce signe saura coordonner en elle tous les sentiments, tous les instincts : vicieuse, cupide, effrontée, rusée, sensuelle, la femme saura malgré tout paraître une déesse, et user toute sa vie de ce don inestimable qui lui permettra de devenir l’une des Reines de l’Amour.

Au risque de paraître monstrueusement inconsciente et orgueilleuse, j’affirme que je suis de celles-là. Modeste femme de chambre, je suis arrivée à une situation enviée, à la richesse, au luxe, et tout cela par l’amour. Je n’en rougis pas, et je vais essayer de raconter dans ce petit livre quelques épisodes de ma vie.

Que l’on me pardonne certaines descriptions qui pourront paraître osées, certains sentiments intimes qui pourront paraître choquants. J’estime que les faits doivent être racontés avec franchise tels qu’ils se sont passés. Ceux que j’offense n’ont qu’à ne pas me lire. Ceux qui ne craignent pas la vérité ou qui savent ce qu’est le grand problème des sens, me comprendront.

Le Journal intime d'une soubrette

Подняться наверх