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AVANT-PROPOS

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Table des matières

J’étais allé, par une belle journée de juillet, faire un petit tour a Château–Thierry qui est, comme vous le savez, Le pays natal du bon La Fontaine. Ce jour-là était tout justement jour de grand marché. Entendez par là qu’on y vendait, outre les denrées ordinaires, des bœufs, des vaches, des cochons, des lapins et tous les animaux qui font l’ornement de nos basses-cours. Sur toute la longueur du champ de foire c était un pullulement de toutes les bêtes que le grand fabuliste, qui était aussi–et mieux encore–un grand poète, a chantées dans ses vers. Le cheval y côtoyait l’agneau et tandis qu’un petit âne gris, presque blanc, faisait entendre ses «Hi Han! Hi-han!» un coq superbe, battant des ailes et la crête dressée en bataille, lançait des cocoricos claironnants.



Et ce n’était pas tout. A l’extrémité du foirail, par delà ses dernières boutiques en plein vent, une ménagerie avait dressé sa baraque de toile et rangé ses roulottes. C’était une ménagerie américaine où tous les animaux sauvages étaient, à peu de chose près, représentés. On y exhibait un lion magnifique, un tigre d’aspect assez rébarbatif, deux ours qui se dandinaient perpétuellement d’une patte sur l’autre avec un air fort ennuyé, enfin des loups, des renards, des serpents et jusqu’à un vieil et sage éléphant qui, regardant la foule du haut de sa trompe, semblait être le philosophe de la troupe....


Il me vint à l’idée qu’une telle réunion d’animaux dans la ville de La Fontaine pouvait bien ne pas être un effet du hasard te que, comme c’était le Jour anniversaire de la naissance du Bonhomme, toute cette gent animale avait tenu à se réunir pour fêter celui qui fut l’observateur sagace et le grand ami des bêtes.

Aussi, profitant de ce que l’heure du déjeuner éloignait du champ de foire les bergers, les maquignons et les gardiens, je fis une petite enquête auprès de ceux que La Fontaine a fait parler dans ses fables. Comme il est juste, je commençai par le roi des animaux: Sa Majesté le lion.

«Sire lion, lui dis-je, vous êtes sans doute ici, en ce jour, pour rendre hommage au célèbre fabuliste?

–Certes oui, me répondit-il, je veux honorer la mémoire de celui qui m’a revêtu d’une aussi haute dignité. Je veux aussi lui reprocher:

–Quoi donc?

–De m’avoir fait un peu sot, infatué de mon rang suprême et trop sensible aux flatteries du singe ou du renard.»

A coté du lion, un renard justement s’agitait dans une cage étroite.

«Monsieur, me dit-il, gloire à l’auteur des Fables. Il a fait de moi le type du «malin», du «débrouillard» et de l’animal rusé. Mais pourquoi m’a-t-il humilié en racontant comment je fus berné par la cigogne?

–Et moi, fit de sa grosse voix qui semblait tomber du ciel le gigantesque éléphant, je bénis La Fontaine, qui m’a représenté comme un «sage». Mais pourquoi, moi qui suis la bonté même, m’at-il fait écraser, pour une innocente raillerie, un pauvre rat de rien du tout?

–Et moi, me siffla le serpent, je reconnais que le Bonhomme m’a doué d’une certaine habileté; mais suis-je assez stupide pour aller mordre une lime, comme dans sa fable?...»



Enfin chaque animal, tout en exaltant le nom du doux poète, lui reprochait quelque chose: le loup de l’avoir fait trop méchant, l’agneau de l’avoir dépeint comme l’éternelle victime, le lièvre de l’avoir taxé de poltronnerie. L’âne déclarait qu’il n’avait jamais voulu jouer de la flûte, le coq qu’il savait le prix de la perle et n’était pas si simple que d’en échanger une pour un Bref, il n’en était pas un qui ne . une allégation qu’il jugeait son égard. Je hôtel, en réfléchissant à ordinaires.... Ah! Que grain de mil.... protestât contre du Fabuliste, impertinente à regagnai mon ces choses extra-n’aurais-je point donné pour avoir seulement la millième partie du génie de l’auteur des Fables? J’aurais calmé l’irritation de toutes ces braves bêtes, petites et grandes, en leur faisant jouer, dans mes vers, un rôle un peu différent de celui qu’il leur avait assigné!


Et pourtant, me dis-je, ... si j’essayais?

Et j’essayai. Avec tout le respect qu’on doit au génie, j’ai tenté l’expérience. Je me suis approprié de mon mieux un peu de ce style limpide, harmonieux et alerte, et j’ai écrit ce «La Fontaine pour rire». On m’excusera si je suis resté loin du modèle. Il n’y aura jamais qu’un La Fontaine. Mais il n’est pas interdit de l’imiter de son mieux.

DOMINIQUE BONNAUD.



La fontaine pour rire

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