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LIVRE I

CHAPITRE I

Jamais d’enfants, jamais d’épouse!

Nul cœur près du mien n’a battu;

Jamais une bouche jalouse

Ne m’a demandé: „D’où viens-tu?”

VICTOR HUGO.–Ode XXI, t. 2.

–Où peut-on être mieux

Qu’au sein de sa famille?

Vieil air.

LA CATHERINE.

Voyez ce brick, il glisse bien timidement sur la mer des Tropiques, car c’est à peine si cette brise légère et folle peut gonfler ses larges voiles grises.

Écoutez le murmure sourd et mélancolique de l’Océan; on dirait le bruit confus d’une grande cité qui s’éveille; voyez comme les vagues se soulèvent à de longs intervalles et déroulent avec calme leurs immenses anneaux; quelquefois, une mousse blanche et frémissante jaillit du sommet diaphane des deux lames qui se rencontrent, se heurtent, s’élèvent ensemble et retombent en poussière humide après un léger choc.

Oh! qu’elle est scintillante et nacrée cette frange d’écume qui se découpe sur les flancs bruns du navire! comme le cuivre de la carène étincelle en reflets d’or au milieu de ces eaux vertes et limpides! que le soleil brille doucement au travers de ces voiles arrondies qui projettent au loin leurs ombres tremblantes!

Et par l’auge de saint Pierre, c’est un vaillant brick que celui-ci, qui, mollement bercé sur une mer paresseuse, semble s’y jouer comme une dorade par le beau temps.

Au souffle de cette petite brise, il continue honnêtement son chemin vers le sud-est, arrivant sans doute d’Europe où il se sera défait de toute sa cargaison, car il navigue sur son lest et montre presque deux pieds de cuivre hors de l’eau.

Il fait à bord une chaleur excessive, et le soleil ardent de l’équateur calcine le pont, malgré la double tente qui couvre la dunette.

Dans ce navire, tout était propre, luisant, frotté il y régnait un ordre admirable, un arrangement minutieux des plus petits détails; on eût dit un de ces comptoirs d’acajou soigneusement cirés, qui font la gloire et le bonheur d’un respectable fabricant de bonneteries.

Les fenêtres ouvertes à la brise laissaient pénétrer dans la dunette un courant d’air vif et frais qui soulevait de jolis rideaux de toile de Perse, et une vaste moustiquaire dont les plis légers entouraient un lit suspendu.

L’ameublement de cette petite cabine était fort simple, deux chaises, quelques instruments de mathématiques, un porte-voix, une malle, une table à roulis, et sur la table deux verres et une cruche de genièvre.

Au-dessus, le portrait d’une femme grasse et rebondie, souriant à un gros enfant joufflu qui lui offrait une rose, je crois, et dans le fond du tableau un chat angora, l’œil vif, la patte en l’air, jouant avec une bobine de coton.

Quel portrait! quelle femme! quel enfant! quelle rose! quel chat!

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Atar-Gull

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