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LE CHŒUR.

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Ni moi, et je viens de l'apprendre. Je ne m'étonne plus qu'elle soit belle, s'il y a entre elle et Phidias quelque parenté! Que de choses nous ignorons!…

O joie! ô joie! de laisser là le casque! et le fromage, et les oignons! Foin de la guerre et des combats! Ce que j'aime, c'est de boire avec de bons amis, devant le feu, où pétille un bois sec, coupé pendant l'été; de faire griller des amandes sur les braises, ou des fênes de hêtre sous la cendre; ou de caresser la jeune servante[31], pendant que ma femme est au bain!

Non, rien n'est plus charmant, quand les semailles sont faites et quand Jupiter les arrose d'une pluie bienfaisante, que de recevoir un voisin qui vient vous dire: Eh bien, cher Comarchide, que faisons-nous? Pour moi, je boirais volontiers, pendant que le ciel féconde nos terres.—Allons, femme, fais-nous cuire trois mesures de haricots, où tu mêleras un peu de froment, et donne-nous des figues. Que Syra rappelle Manès des champs: il n'y a pas moyen d'ébourgeonner la vigne aujourd'hui, ni de briser les glèbes: la terre est trop humide.—Qu'on apporte de chez moi la grive et les deux pinsons. Il doit y avoir encore du lait caillé, et quatre morceaux de lièvre, à moins que le chat n'en ait volé hier au soir: car j'ai entendu, au logis, je ne sais quel tapage. Garçon, apportes-en trois pour nous; laisse le quatrième pour mon père.—Demande aussi à Eschinade des branches de myrte avec leurs fruits. Et puis,—c'est le même chemin,—qu'on appelle Charinade, afin qu'il vienne boire avec nous, pendant que le Dieu bienfaisant fait prospérer nos travaux.

Mais, quand revient le temps où la cigale chante sa gentille chanson, j'aime à aller voir si les vignes de Lemnos commencent à mûrir, car celles-là sont les plus précoces; ou si les figues se gonflent et rougissent. Qu'il est doux, quand elles sont à point, de les cueillir, de les goûter, en s'écriant: O saison douce!

Quelle variété dans ces esquisses, si finement touchées et enlevées! Quelle fraîcheur! Quelle senteur de la campagne! Un intérieur rustique pendant l'hiver, des promenades pendant l'été, tout cela se succède en quelques vers. Quelle poésie, et quelle réalité tout à la fois! Quelle saveur et quelle simplicité exquise!

Déjà le chœur des Acharnéens avait dit, aux vers 989 et suivants: «O Paix, compagne de la belle Aphrodite et des Grâces souriantes, que tes traits sont charmants! et je l'ignorais! Puisse l'Amour m'unir à toi, l'Amour que l'on peint couronné de roses!»

Il semble que, dans ces vers de la première comédie, se trouvât le germe de l'autre.

Dans une ode de Bacchylide se rencontraient déjà ces riantes images de la paix: «La Paix, la grande Paix produit pour les mortels la richesse et la fleur des douces chansons. Sur les splendides autels des Dieux, elle brûle à la flamme blonde les cuisses des bœufs et des brebis à la riche toison: les jeunes gens ne songent plus qu'aux jeux du gymnase, aux flûtes et aux fêtes. La noire araignée file sa toile sur les agrafes de fer des boucliers; la rouille ronge le fer des lances et des épées. On n'entend plus retentir les clairons, et le doux sommeil n'est plus écarté des paupières au moment où il apaise le cœur. Dans les rues se dressent les tables de festin, et partout éclatent les hymnes joyeux.»

Ce petit tableau, sans doute, est charmant; mais combien ceux d'Aristophane sont plus riches, plus vifs et plus variés.

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Trygée, à qui Mercure donne pour compagnes l'Automne et Théoria, redescend du ciel sur la terre. Chemin faisant, il rencontre deux ou trois âmes de poëtes dithyrambiques.

Que faisaient-elles là? dit l'esclave à qui il raconte les épisodes de son voyage aérien.

Etudes sur Aristophane

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