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LETTRE XIX.

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Fontainebleau, 18 août, II.

Il est pourtant des moments où je me vois plein d'espérance et de liberté; le temps et les choses descendent devant moi avec une majestueuse harmonie; et je me sens heureux, comme si je pouvais l'être: je me suis surpris revenant à mes anciennes années; j'ai retrouvé dans la rose les beautés du plaisir et sa céleste éloquence. Heureux! moi? Cependant je le suis; et heureux avec plénitude, comme celui qui se réveille des alarmes d'un songe pour rentrer dans une vie de paix et de liberté; comme celui qui sort de la fange des cachots, et revoit, âpres dix ans, la sérénité du ciel; heureux comme l'homme qui aime... celle qu'il a sauvée de la mort! Mais l'instant passe: un nuage devant le soleil intercepte sa lumière féconde; les oiseaux se taisent; l'ombre en s'étendant, entraîne et chasse devant elle et mon rêve et ma joie.

Alors je me mets à marcher; je vais, je me hâte pour rentrer tristement: et bientôt je retourne dans les bois parce que le soleil peut paraître encore. Il y a dans tout cela quelque chose qui tranquillise et qui console. Ce que c'est? je ne le sais pas bien: mais quand la douleur m'endort, le temps ne s'arrête point; et j'aime à voir mûrir le fruit qu'un vent d'automne fera tomber.

Oberman

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