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a. — ÉPAULE.

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Fixée de chaque côté de la poitrine, entre l’encolure et les côtes, le garrot et le bras, cette région paire a pour base le scapulum et son cartilage de prolongement. Elle est dirigée obliquement de haut en bas, d’arrière en avant, et s’articule à son extrémité antéro-inférieure avec l’humérus, formant ainsi une saillie connue sous le nom de pointe de l’épaule.

Pour le cheval de selle et de trait léger, l’épaule devra être longue, oblique, bien musclée (voy. fig. 29 du texte); elle devra avoir, de plus, des mouvements très faciles et très étendus.

La première condition de beauté est certainement la longueur, car elle indique un grand développement des muscles qui agissent sur le bras; or, comme de la longueur de ceux-ci dépend leur degré d’extension ou de contraction, il est facile de concevoir que le jeu du bras sur l’épaule sera d’autant plus étendu que les muscles qui le font mouvoir seront plus longs: «l’angle formé par l’épaule et le bras, dit M. Richard, se fermera et s’ouvrira davantage, condition sine qua non de grande liberté du membre antérieur()

Fig. 47. — Épaule oblique et épaule droite (fig. théorique).


Fig. 48. — Épaule oblique et épaule droite (fig. théorique).


Une autre condition de beauté inhérente à l’épaule du cheval de vitesse réside dans son obliquité. Celle-ci donne une attache plus perpendiculaire aux muscles de la région (fig. 47 du texte), permet à la pointe de l’épaule de se porter plus en avant à chaque oscillation (fig. 48 du texte), à l’humérus de s’étendre davantage, et à l’avant-bras d’entamer une plus grande étendue de terrain (fig. 49 du texte).

Malgré ce qu’ont pu dire certains auteurs, la longueur de l’épaule est une beauté pour tous les services.

D’un autre côté, si les inconvénients résultant de l’épaule droite disparaissent en ce qui concerne le cheval de gros trait, il ne faut pas conclure de là qu’une épaule est défectueuse chez un boulonnais ou un percheron parce qu’elle est oblique: «Ceux qui voudront s’en assurer par des mensurations sérieuses reconnaîtront facilement que cette région est capable, sur les beaux modèles de ce genre, d’une très grande inclinaison()

Fig. 49. — Épaule oblique et épaule droite (fig. théorique).


Quelles que soient, d’ailleurs, sa longueur et sa direction, l’épaule devra toujours être bien musclée. Chez le cheval de selle et de trait léger, on recherchera en même temps des muscles bien dessinés, en relief sous la peau.

L’épaule chargée, massive, charnue, épaisse, noyée, c’est-à-dire celle dont les masses musculaires énormes alourdissent la démarche en surchargeant l’avant-main, ne convient qu’au cheval de gros trait.

L’épaule maigre, décharnée, est une défectuosité pour tous les services.

Relativement aux mouvements qu’elles peuvent exécuter, les épaules sont dites froides quand leurs actions, bornées au départ, deviennent plus libres à mesure qu’on exerce l’animal; chevillées, lorsque cette difficulté des mouvements persiste toujours; plaquées, quand elles offrent à la fois peu de saillie et peu de mouvement.

A notre avis, on n’accorde généralement pas assez d’importance, dans l’appréciation du cheval, à la conformation de l’épaule. Pour beaucoup, c’est là un petit détail sur lequel il serait puéril de s’arrêter. Erreur profonde! Le cheval dont l’épaule est droite, courte, mal musclée (voy. fig. 30 du texte), est tout aussi sûrement un mauvais cheval que celui qui a la croupe courte et étroite: «Le cheval dont le poitrail est enfoncé et les épaules perpendiculaires, fuis-le comme la peste», disent les Arabes, et ils ont mille fois raison. «Si le cheval n’a point d’épaules, écrit d’autre part de Solleysel, et qu’il ne les puisse mouvoir, les ayant tout engourdies, cela est capable de faire rejeter un cheval de quelque beauté qu’il soit, hors que le prix en soit fort modique()

Aussi, ne saurions-nous trop engager le lecteur à voir dans l’épaule l’un des plus précieux éléments d’appréciation du cheval. Nous lui conseillons surtout de se défier des animaux chez lesquels cette région, en outre des défauts ci-dessus, se confond insensiblement avec l’encolure, le garrot et les côtes, et dont le rayon scapulaire s’amincit tellement à son extrémité supérieure qu’il semble s’accoler là à celui du côté opposé.

D’ailleurs, les épaules droites, courtes, mal musclées, présentent un autre inconvénient très grave pour les allures rapides, celui d’exposer le cheval à butter, surtout s’il est en même temps bas du devant. Les membres antérieurs, en effet, ne peuvent alors entamer une étendue de terrain commandée par l’impulsion des membres postérieurs, et l’animal se heurte aux moindres inégalités du sol dès qu’on force un peu son allure. Cet inconvénient est surtout sensible chez les chevaux à croupe bien musclée, horizontale, dont le corps est vigoureusement projeté en avant (voy. Croupe).

Maintenant, nous ferons observer que l’épaule n’est pas nécessairement bien conformée, comme on le croit souvent, par le seul fait que le garrot est sec et élevé. S’il est vrai que la beauté d’une de ces régions commande généralement celle de l’autre, il est non moins certain que souvent cette harmonie de conformation fait défaut. La longueur de l’épaule, en effet, dépend d’abord de celle de son rayon osseux et, secondairement, de la saillie des premières apophyses dorsales au-dessus des cartilages scapulaires; or, il est évident que cette saillie, pour si accusée qu’elle soit, ne peut, en s’ajoutant à une omoplate courte, former une épaule longue, et, réciproquement, son effacement ne peut empêcher un scapulum très développé de constituer une épaule longue, descendue. Quant au raccourcissement des muscles qui, de cette région, vont au garrot, raccourcissement résultant du peu d’élévation de celui-ci, c’est là un inconvénient assez peu important, le rôle de ces muscles étant relativement effacé dans la locomotion de l’épaule.

Dans notre travail sur les chevaux tunisiens, nous signalions déjà timidement cette particularité : «Chose digne de remarque, écrivions-nous, «avec un garrot sec, élevé, tranchant, se prolongeant jusque vers le «milieu du dos, coexistent souvent des épaules mal conformées()

Aujourd’hui, grâce à de nouvelles et nombreuses observations sur les chevaux français, qui ont corroboré de tous points celles recueillies sur les chevaux tunisiens, nous ne craignons pas d’être plus affirmatif et d’appeler de nouveau l’attention du lecteur sur ce sujet.

Les régions de l’encolure et des côtes nous paraissent devoir être prises en plus sérieuse considération que celle du garrot pour l’appréciation de l’épaule. Donnant, en effet, attache à la plupart des muscles extrinsèques de cette dernière région, l’encolure et les côtes faciliteront d’autant plus les mouvements de l’épaule qu’elles seront plus longues, mieux musclées et dans une meilleure direction. La grande dimension de la région scapulaire n’est guère compatible, d’un autre côté, qu’avec une poitrine très haute.

L’épaule est l’une des régions de l’extérieur qui s’améliore le plus facilement par l’exercice.

M. de Sourdeval, si nous avons bonne mémoire, conseille aussi, pour développer l’obliquité des épaules, de ne jamais laisser le cheval prendre ses repas à terre, de lui donner, au contraire, ses aliments dans des rateliers et des crèches placés très haut.

Le cheval : extérieur, régions, pied, proportions, aplombs, allures, âge, aptitudes

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