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II

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Table des matières

Voilà ce que je pense en droit des revendications féministes. En pratique, c'est autre chose; je ne dis pas que c'est le contraire, loin de là; mais c'est autre chose.

En pratique, presque toutes les objections des antiféministes sont ce qu'il y a de plus raisonnable au monde. En pratique, ils ont parfaitement raison sur presque tous les points. Reprenons donc point par point, en effet, et suivons pas à pas la route que nous venons de faire.

Pour ce qui est de la vie de famille, les antiféministes affirment qu'il faut bien en définitive dans le ménage que quelqu'un commande. Ils ont parfaitement raison, et en fait dans les ménages, sauf dans les ménages d'élite que j'ai indiqués plus haut, il y a toujours quelqu'un qui commande et quelqu'un qui se révolte ou qui fait semblant de se révolter, et celui qui commande c'est ici le mari et ici la femme. De cela la loi ne s'occupe pas; mais, si elle indique qui, en définitive, doit ou devrait commander, c'est qu'elle vise le conflit. Quand il y a conflit, compétition pour le commandement, qui, selon la loi, doit commander? Le mari. La loi dit: «Vous vous arrangerez comme vous voudrez; mais si vous vous querellez pour le pouvoir à tel point que vous ayez besoin de recourir à moi, de venir devant moi, je vous départage. Il le faut bien, puisque vous avez besoin d'être partagés. Je vous départage; je me mets du côté de l'un de vous pour faire pencher la balance. Il serait difficile que je vous départageasse cas par cas, ménage par ménage, que je disse: «Ici c'est le mari qui commandera, il en est digne; ici ce sera la femme.» Cela n'aurait point de fin. Je départage d'abord et d'un coup tous les ménages qui auront besoin d'être départagés, en déclarant que, dans ce cas, je me mets du côté du mari.»

Voilà l'esprit de la loi. Il n'est pas autre. Il n'établit pas une autorité universelle des maris, qu'il lui serait bien parfaitement impossible d'établir, il décide que quand il y a conflit, on est prévenu: si l'on en vient à demander l'application de la loi, elle départage en appuyant le mari. Cela est d'assez bon sens.

—Mais si le résultat est tel que la vie devient impossible?

—Et bien, alors, c'est que, non seulement vous ne savez pas partager raisonnablement l'autorité; non seulement vous ne savez pas laisser spontanément s'exercer l'autorité par celui qui a le plus de volonté, ce qui est le second degré; non seulement vous ne savez pas, étant en conflit, vous laisser départager par la loi, en vertu d'un expédient pratique assez sensé après tout, ce qui est le troisième degré; mais encore et enfin, ce qui est le plus bas degré, vous ne pouvez d'aucune façon vivre côte à côte; et dès lors on vous accorde, par le divorce, la liberté de briser une association pour laquelle, très évidemment, vous n'étiez pas faits ni l'un ni l'autre, puisque de toutes les façons possibles de vivre ensemble vous ne vous ajustiez à aucune.

Voilà l'esprit de la législation actuelle, et il n'est pas si absurde. C'est une bêtise de prétendre qu'il assujettit l'un des conjoints à l'autre. Il offre un expédient en cas de compétition et de querelle, expédient après lequel il prévient qu'il n'y a plus qu'à se séparer.

Tout au plus voudrais-je qu'au mot «obéissance», qui est un peu dur, et qui sent, sinon l'esclavage, du moins la domesticité, on substituât dans le texte de la loi le mot «docilité» ou «déférence». Il indiquerait qu'il est bon, en cas de compétition, que la femme se laisse «instruire» par le mari et s'inspirât à son égard d'un certain «respect». Il indiquerait qu'en cas de conflit, il est bien entendu que, puisqu'il faut un chef, le mari reste le chef de la famille, jusqu'à ce qu'elle se dissolve. Il me semble que c'est l'esprit de la loi, telle que nous la comprenons aujourd'hui, et que c'est la juste mesure.

Pour ce qui est de l'égalité dans la vie civile, les antiféministes, en pratique, ne laissent pas d'avoir raison. Ils ont raison même sur cette question de l'intelligence féminine, sur quoi je me suis permis de les moquer. L'intelligence de la femme est égale à celle de l'homme, oui; mais, en général, elle ne s'applique pas aux mêmes objets. En général, elle ne s'applique ni aux affaires d'État, ni aux affaires, ni aux choses de droit, ni aux choses de sciences, ni aux choses de lettres. Elle s'applique merveilleusement aux choses de la vie pratique, de la vie intérieure et de la vie mondaine. Quand, donc, les antiféministes crient aux femmes: «Ne soyez ni professeurs, ni hommes de lettres, ni avocats, ni médecins, ni juges...», ils ont raison. C'est quand ils disent: «Vous n'aurez pas le droit d'être professeurs, hommes de lettres, avocats et juges» qu'ils ont tort; quand ils disent: «Les femmes ne sont pas faites pour les professions viriles», ils ont raison. Quand ils disent: «Aucune femme n'est faite pour les professions viriles», ils ont tort. Et quand ils ajoutent: «Donc aucune femme n'aura le droit d'exercer une profession virile», ils ont tort jusqu'à être absurdes et iniques. Mais il reste qu'ils ont bien raison de détourner les femmes des professions viriles pour lesquelles, en général, elles ne sont pas faites du tout.

Toutes les fois que je vois un antiféministe supplier les femmes de ne pas envahir les professions «libérales» et assurer aux femmes que la vraie carrière des femmes c'est le mariage et la maternité, et jurer aux femmes qu'elles ne pourront pas mener de front la profession libérale, le mariage et la maternité, je lui applaudis des deux mains et de tout mon cœur. C'est un homme de parfait bon sens. Mais quand je le vois en conclure qu'il faut interdire par la loi aux femmes d'être médecins ou avocats, je déplore son inconséquence. De ce que l'immense majorité des femmes est peu propre aux fonctions viriles, de ce que, en immense majorité, les femmes sont des femmes, il ne s'ensuit nullement qu'il n'y ait pas des femmes qui sont des hommes et des hommes de talent parfaitement propres aux professions viriles; et de ce qu'il y a des femmes qui sont aptes à exercer les professions viriles, il s'ensuit qu'elles ont le droit de les exercer si elles ont besoin de les exercer pour vivre. Dissuadez-les, même celles-ci, de s'y adonner; présentez-leur cette détermination comme une dernière ressource, et triste, comme un pis aller, et lamentable, oh! d'accord! Vous me verrez, non seulement avec vous, mais à votre tête pour ce qui est de cela. Mais refuser le droit de faire une imprudence, quand cette imprudence peut être le salut, voilà ce qui n'est pas possible, voilà qui est d'abord mal raisonné, et ensuite, absolument, un déni de justice.

Les femmes sont très fortes quand elles disent: «Vous voulez que nous ne soyons qu'épouses! Eh bien, épousez-nous! C'est ce que vous ne faites pas. Vous ne nous épousez plus. Le nombre des célibataires hommes est en progression continue, et, par conséquent, le nombre des célibataires femmes. Vous ne nous épousez plus; ou vous nous épousez quand vous avez quarante ans. En vérité, à cet âge, vous n'êtes pas engageants! Pour faire la sottise d'épouser un homme, il faut au moins avoir l'excuse d'être amoureuse de lui. Dans ces conditions, nous sommes bien forcées de nous créer des ressources par le travail ou par la prostitution. Nous refuser le droit de nous en créer par le travail, c'est nous rejeter de l'autre côté. Le refus fait aux femmes de chercher des ressources dans les professions intellectuelles est donc tout simplement le crime de provocation à la débauche.»

Il y a peu de chose à répondre: car de dire que la femme non épousée doit chercher des ressources dans les professions féminines, cela est peu expédient. Une femme intelligente peut dire qu'elle ne voit pas qu'elle soit faite pour être couturière, et que si son genre particulier d'intelligence l'appelle à être médecin, elle doit avoir le droit d'exercer la médecine.

Les hommes ont tort de se plaindre ou de se moquer de la crise féminine. Cette crise vient d'eux. Le devoir strict de l'homme est de nourrir une femme et les enfants qu'il a d'elle. Quand il y manque pour faire une économie, il fait une veuve. Cette veuve cherche à vivre. Elle veut exercer les mêmes professions que lui, elle entre en concurrence avec lui, diminue par là sa part de bénéfices à lui, et l'économie qu'il a voulu faire se trouve nulle, et les choses reviennent au même, avec cette différence qu'il n'y a pas d'enfants de faits et que l'État périclite. Mais lui, après avoir fait l'économie d'une femme, retrouvant cette femme comme concurrente, et sentant que son économie va être rendue nulle par cette concurrence, prétend empêcher cette femme qu'il n'a pas voulu nourrir, de se nourrir en devenant sa rivale, et il lui refuse le droit d'exercer la même profession que lui. C'est ici qu'après avoir été un égoïste, il devient un criminel.

Donc, quand les antiféministes disent aux femmes: «N'exercez pas les professions libérales. Vous n'y réussirez guère. Mariez-vous!» ils ont raison; mais quand ils prétendent interdire aux femmes qui en ont besoin l'exercice des professions libérales, ils deviennent non seulement injustes, mais quelque peu scélérats.

Je conviens que ce qui leur donne raison, neuf fois sur dix, c'est que, neuf fois sur dix, l'exercice des professions viriles n'est pas, pour les femmes, un besoin; c'est un sport. La plupart des femmes qui se piquent de devenir hommes de lettres, avocats, médecins ou autre chose, n'ont nul besoin de l'être. Elles se sentent intelligentes, ne manquent pas de vanité, sont grisées par les hyperboles et les métaphores des écrivains féministes, veulent créer «l'Ève future» et faire «fleurir la flore mystique». Elles sont ravies quand une femme montre qu'elle peut écrire un roman, plaider une cause et soigner une bronchite aussi bien qu'un homme. Elles cultivent en elles ce mépris de l'homme qui est un sentiment bien naturel et toujours sur le point de germer dans le cœur des femmes, et elles ont des joies exquises quand ce mépris trouve quelque raison de s'affirmer ou quelque prétexte à se produire. Contre ce sentiment, cette idée, cette prétention et cette attitude, l'antiféminisme a beau jeu, il s'en donne à cœur joie et il a parfaitement raison.

Il n'y a pas de railleries si cruelles, il n'y a pas d'irritation si vive, il n'y a pas de sermons si rudes, il n'y a pas d'objurgation ni de supplication si désolées qui ne soient de mise contre cette stupide tendance d'esprit. C'est elle qui fait des centaines, qui fera bientôt des milliers de déclassées, de révoltées, de détraquées, de folles, et ce qu'il y a de pis, de ridicules. Pour fouailler comme il faut ces imbéciles, Apollon nous devrait rendre Molière. Ah! s'il le rendait! Mais cela n'empêche pas que, sur dix de ces vierges folles, il y a une vierge sage et malheureuse. Pour celle-là le droit doit être proclamé et reste intact. J'abandonne les autres, de toute mon âme, à la comédie de mœurs. Les antiféministes ont là leur matière. Je ne m'oppose pas à ce qu'ils l'exploitent de tout leur cœur et de toute leur verve; et je ne doute nullement que je me joigne à eux assez souvent, dans cette tâche infiniment salutaire.

Enfin, pour ce qui est de l'égalité des sexes dans la vie sociale, en pratique les antiféministes ont encore raison, quoique beaucoup moins que dans l'affaire précédente. Oui, une femme s'occupant de politique active, journalière, militante, sera toujours ridicule et manquera à la modestie, à la réserve, à la modération, presque à la pudeur, qui sont convenables à son sexe. Une femme dans une réunion publique est en mauvaise compagnie. Une femme dans la Chambre des députés n'est guère à sa place. Une femme bien élevée ne peut être guère une femme de Chambre. J'espère qu'elles le comprendront. Je n'aime pas assez les politiciens pour désirer qu'il se forme une classe de politiciennes. Je conseillerai toujours aux femmes, avec les antiféministes, de ne pas descendre au forum. Les antiféministes, encore ici, sont dans le vrai.

Mais il y a une distinction à faire entre la vie politique, la «vie publique» et la participation raisonnable et tranquille aux affaires de l'État. Je ne vais jamais dans une réunion publique, je ne suis pas et ne serai jamais député; et je m'occupe de politique à peu près sans cesse. J'écris des articles politiques et je vote aux élections. Je ne vois aucun inconvénient à ce que les femmes s'occupent de politique comme je m'en occupe. Elles sont très capables de se faire une opinion politique très raisonnable et de voter en connaissance de cause, tout autant que les dix-neuf vingtièmes de notre corps électoral actuel; et j'ai même exposé plus haut, comme par avance, les raisons pourquoi, même en pratique, les femmes sont plutôt beaucoup plus aptes à voter bien que les trois quarts environ du corps électoral que nous possédons.

Et c'est ici que, même au point de vue pratique, les antiféministes sont particulièrement faibles. Une de leurs raisons, et bonne, consiste à dire qu'une femme ne peut pas à la fois exercer une profession virile et faire son métier de femme, de ménagère, de bonne épouse, de bonne mère, etc.

C'est pour cela que moi-même je conseillerai toujours aux femmes les métiers sédentaires, qui se font à la maison, qui n'excluent pas le mariage ou qui ne détruisent pas le ménage: pharmacien, directrice de poste, percepteur, receveur d'enregistrement, etc. Mais pour ce qui est d'être électeur, il n'y a aucun empêchement à exercer ses droits électoraux et à être en même temps bonne épouse et bonne mère de famille. Lire son journal, savoir que M. Un Tel, candidat à la députation, est un coquin, et voter une fois l'an, cela ne prend pas un temps très considérable, et le ménage peut très bien marcher en dépit de ses occupations, sans lui faire tort et sans rien y perdre.

La résistance au suffrage des femmes, en droit, ne se soutient d'aucune bonne raison, et même en pratique, n'a aucun bon argument à faire valoir, et il reste, comme je l'ai dit, que les femmes admises dans le suffrage universel y apporteraient un élément de moralisation, de désintéressement et de générosité extrêmement appréciable.

Voilà tout ce que je dois et aussi tout ce que je peux accorder aux antiféministes. Ils ont raison de détourner les femmes du célibat, de l'horreur du mariage, du mépris de l'homme, de l'esprit de rivalité avec les hommes, du sport féministe, de l'exercice des professions viriles, quand cet exercice n'est pas une nécessité et une question de pain. Voilà où ils sont pleinement dans la vérité. Ils ont raison, absolument, en assurant que les professions viriles exercées par les femmes ne seront jamais que des anomalies...

Et ici je vois se dresser l'objection capitale que je sens poindre depuis que j'ai commencé à écrire cet article. Je sens que les antiféministes me crient: «Vous faites donc toute une nouvelle législation pour des anomalies ou, tout au moins, pour des exceptions! Quoi! pour quelques femmes qui auront besoin d'exercer les fonctions masculines et qui y seront propres (car vous reconnaissez que pour la plupart ce n'est qu'un sport et une pose) vous révolutionnez la législation ancestrale! Quoi! pour quelques femmes qui pourront à peu près gagner leur vie comme médecins, vous bouleversez toute la réglementation séculaire de la profession médicale! Quoi! pour quelques femmes qui...» etc.

Et encore: «Vous nous donnez à peu près raison en pratique et vous nous donnez tort en droit, c'est-à-dire non seulement en théorie, mais en législation exécutoire et applicable! Est-ce que le droit n'a pas toujours été fondé sur la pratique? Est-ce que la théorie ne doit pas sortir de la pratique, c'est-à-dire de l'observation des faits? Est-ce que, surtout, la législation ne doit pas être calquée sur la pratique et ne doit pas être tout simplement la régularisation de la pratique commune?» Etc.

—Mais non! Ce n'est pas tout à fait cela. D'abord une immense partie de la législation vise précisément des anomalies et des exceptions. Ce n'est pas encore tout à fait la commune pratique que d'assassiner son père. Et il y a des lois contre l'assassinat et contre le parricide. Ces lois visent l'anomalie et l'exception. Ce n'est pas la commune pratique que d'être bouilleur de cru. Et il y a des lois sur les bouilleurs de cru. Ces lois visent l'exception et l'anomalie. Ce n'est pas la commune pratique que d'être en grève, et il y a des lois sur les grèves ouvrières. Ces lois visent l'anomalie et l'exception. Ce n'est pas la commune pratique que d'être syndiqués, et je crois qu'il n'y a que le dixième des ouvriers français qui soient syndiqués. Et il y a des lois sur les syndicats ouvriers. Ces lois visent l'exception et l'anomalie.

Il n'y a donc rien de plus naturel que ceci que des lois règlent ces anomalies et ces exceptions, qui doivent rester exceptions et anomalies et qui sont l'exercice des diverses professions viriles par les femmes.

Et quant au droit fondé sur la pratique, la réponse est la même, ou peu différente. Nous faisons un droit pour une anomalie, du reste considérable, et qu'on ne peut pas laisser sans réglementation. Mais le droit, en mille endroits, ne fait pas autre chose! Il respecte et protège la propriété; mais il se contredit, et il foule aux pieds le droit de propriété dans le cas «d'utilité publique» plus ou moins constatée. Il accorde des droits dont il ne recommande aucunement l'usage. Il permet le célibat. Il ne le recommande pas. Il le déteste même comme contraire au bien général. Il ne le recommande pas. Mais il le permet. Il permet la séparation de corps et le divorce. Direz-vous qu'il les désire? Il permet le suicide et ne fait pas, comme on a peut-être raison de le faire en Angleterre, leur procès aux suicidés. Est-ce à dire que, parce qu'on vous permet le suicide, on vous conseille de vous tuer? La loi autorise une foule de choses qui sont moralement très condamnables. Elle autorise la débauche, et même, en la réglementant, elle a l'air de l'organiser. Ce n'est point du tout qu'elle la recommande. Elle permet à un Français de quitter sa patrie et de se faire membre d'une autre patrie. Elle lui permet de se dénationaliser. Je ne crois pas qu'il y ait de crime social plus grand que celui-là. La loi l'autorise; ce n'est pas à dire du tout qu'elle le conseille, ni même qu'elle l'excuse.

C'est ainsi que vous jouissez d'une foule de droits qui sont contraires à vos devoirs. C'est ainsi que vous jouissez d'une foule de droits que vous avez le devoir de ne pas exercer. Il ne faut pas prendre le change.

Il est vrai qu'on le prend toujours. Quand Naquet faisait sa campagne du divorce, on croyait, parce qu'il prêchait le droit au divorce, qu'il prêchait le divorce; et on l'appelait «l'apôtre du divorce». Il fallait, dans chaque ville où il passait, qu'il commençât par dire: «Je suis l'ennemi du divorce! Je l'abhorre! Je le considère comme le plus grand des malheurs!» ce qui n'empêchait pas le public, la conférence finie, de s'en aller disant: «Il a recommandé à tout le monde de divorcer.» Car le public n'écoute jamais que lui-même.

Tout pareillement les féministes, je ne dis pas tous, je ne dis pas M. Léopold Lacour, M. Jules Bois ni M. Jean Izoulet, mais un grand nombre, dont je suis, commencent leur conférence en disant: «Nous avons horreur de la femme-homme, et en même temps que nous en avons horreur nous la plaignons de tout notre cœur. Nous supplions les femmes de rester femmes et de ne devenir ni avocats, ni médecins, ni hommes de lettres... Mais nous reconnaissons leur droit et nous tenons à ce que la loi le reconnaisse, pour qu'elles puissent en user en cas d'absolu besoin.»

En un mot, je veux que les femmes aient «les droits de la femme», à la condition de n'en jamais user, c'est-à-dire de n'en user qu'à la dernière extrémité; comme je veux, Monsieur, que vous ayez le droit de légitime défense, à la condition que vous n'en usiez qu'aux derniers abois et en espérant bien que vous ne tuerez jamais personne, et en vous suppliant de ne le point faire, et en vous plaignant de toute mon âme s'il faut que vous le fassiez.

Le féminisme

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