Читать книгу La Mort et Un Chien - Fiona Grace, Фиона Грейс - Страница 9

CHAPITRE QUATRE

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Après sa rencontre avec Buck et Daisy, Lacey était plus que prête à fermer pour la journée et à rentrer chez elle. Tom venait ce soir cuisiner pour elle, et elle avait vraiment hâte de se blottir sur le canapé avec un verre de vin et un film. Mais il restait la caisse à contrôler, le stock à ranger, le plancher à balayer et la machine à café à nettoyer… Non pas que Lacey se plaigne. Elle aimait son magasin et tout ce qui allait avec le fait de le posséder.

Quand elle eut enfin terminé, elle se dirigea vers la sortie, Chester sur ses talons, remarquant que les aiguilles de l’horloge en fer forgé avaient atteint 19 heures, et qu’il faisait nuit dehors. Bien que le printemps ait apporté de plus longues journées avec lui, Lacey n’en avait encore jamais profité. Mais elle pouvait sentir le changement dans l’atmosphère ; la ville semblait plus vivante, avec de nombreux cafés et pubs ouverts plus longtemps, et les gens assis aux tables à l’extérieur buvant du café et de la bière. Cela donnait à l’endroit une atmosphère festive.

Lacey ferma son magasin à clé. Elle était devenue encore plus attentive depuis l’effraction, mais même si cela ne s’était jamais produit, elle le serait devenue, parce que le magasin lui semblait être son enfant désormais. C’était quelque chose qui avait besoin d’être nourri, protégé et soigné. En si peu de temps, elle était tombée complètement amoureuse de l’endroit

— Qui aurait cru qu’on pouvait tomber amoureux d’un magasin ? dit-elle à voix haute avec un profond soupir de satisfaction face à la tournure qu’avait prise sa vie.

De son côté, Chester geignit.

Lacey lui tapota la tête.

— Oui, je suis amoureuse de toi aussi, ne t’inquiète pas !

À la mention de l’amour, elle se souvint des projets qu’elle avait avec Tom ce soir-là, et jeta un regard à sa pâtisserie.

À sa grande surprise, elle vit que toutes les lumières étaient allumées. C’était très inhabituel. Tom devait ouvrir son magasin à l’heure inhumaine de 5 heures du matin pour s’assurer que tout soit prêt pour la cohue du petit-déjeuner à 7 heures, ce qui signifiait qu’il fermait habituellement à 17 heures pile. Mais il était 19 h et il était manifestement encore à l’intérieur. Le panneau des sandwichs était toujours dehors. Celui de la porte était encore tourné sur “Ouvert”.

— Allez, Chester, dit Lacey à son compagnon à fourrure. Allons voir ce qu’il se passe.

Ils traversèrent la rue ensemble et entrèrent dans la pâtisserie.

Tout de suite, Lacey put entendre un bruit venant de la cuisine. Cela ressemblait aux bruits habituels de casseroles qui s’entrechoquent, mais en accéléré.

— Tom ? cria-t-elle un peu nerveusement.

— Hey !

Sa voix désincarnée provenait de l’arrière-cuisine. Il utilisait son habituel ton jovial.

Maintenant que Lacey savait qu’il n’était pas en train de se faire cambrioler par un voleur de macaron, elle se détendit. Elle sauta sur son tabouret habituel, tandis que le cliquetis continuait.

— Tout va bien là-bas ? demanda-t-elle.

— Ça va ! cria Tom en réponse.

Un moment plus tard, il apparut finalement dans l’arcade de la kitchenette. Il portait son tablier, et celui-ci – ainsi que la plupart de ses vêtements en dessous et ses cheveux – étaient couverts de farine.

— Il y a eu un désastre mineur.

— Mineur ? gloussa Lacey. Maintenant qu’elle savait que Tom ne se battait pas contre un intrus dans la cuisine, elle pouvait apprécier le comique de la situation.

— C’était Paul, en fait, commença Tom.

— Qu’est-ce qu’il a fait encore ? demanda Lacey. Elle se souvenait de la fois où le stagiaire de Tom avait accidentellement utilisé du bicarbonate de soude au lieu de la farine pour un lot de pâte, rendant la totalité de celle-ci inutilisable.

Tom leva deux paquets blancs d’apparence presque identique. Sur la gauche, l’étiquette imprimée et délavée indiquait : sucre. À droite : sel.

— Ah, dit Lacey.

Tom fit un signe de tête.

— Ouais. C’est pour la fournée des pâtisseries du petit-déjeuner de demain matin. Je vais devoir tout refaire, ou risquer la colère des locaux quand ils arriveront pour le petit-déjeuner et découvriront que je n’ai rien à leur vendre.

— Est-ce que ça veut dire que tu annules nos plans pour ce soir ? demanda Lacey. L’humour qu’elle avait ressenti quelques instants plus tôt fut brusquement anéanti, et maintenant à sa place, elle ressentait une profonde déception.

Tom lui lança un regard plein d’excuses.

— Je suis vraiment désolée. Reprogrammons-le. Demain ? Je viendrai et je cuisinerai pour toi.

— Je ne peux pas, répondit Lacey. J’ai cette réunion avec Ivan demain.

— La réunion pour la vente de Crag Cottage, dit Tom en claquant des doigts. Bien sûr. Je me souviens. Et mercredi soir ?

— Tu ne vas pas à ce cours de focaccia mercredi ?

Tom avait l’air perturbé. Il vérifia le calendrier accroché, puis poussa un soupir.

— OK, c’est mercredi prochain. Il gloussa. Tu m’as fait peur. Oh, mais je suis occupé mercredi soir de toute façon. Et jeudi…

— …c’est entraînement de badminton, termina Lacey pour lui.

— Ce qui veut dire que mon prochain jour de libre sera vendredi. Vendredi, c’est bon ?

Son ton était aussi joyeux que d’habitude, nota Lacey, mais son attitude blasée à l’idée d’annuler leurs plans ensemble la blessa. Il ne semblait pas du tout s’inquiéter du fait qu’ils ne pourraient peut-être pas se voir dans un cadre romantique avant la fin de la semaine.

Lacey savait bien qu’elle n’avait rien de prévu vendredi, mais elle s’entendit quand même dire :

— Je vais devoir vérifier mon agenda et te rappeler.

Et à peine les mots avaient-ils quitté ses lèvres qu’une nouvelle émotion se glissa dans son estomac, se mêlant à la déception. À la surprise de Lacey, cette émotion était le soulagement.

Soulagement qu’elle ne puisse pas avoir de rendez-vous romantique avec Tom pendant une semaine ? Elle ne comprenait pas bien d’où venait ce soulagement, et cela la faisait se sentir soudainement coupable.

— Bien sûr, dit Tom, qui apparemment ne s’en rendit pas compte. On peut mettre un terme à tout ça pour l’instant et s’arranger pour faire quelque chose de spécial la prochaine fois, quand on sera moins occupés ? Il fit une pause pour la laisser répondre, et quand elle ne dit rien, il ajouta :

— Lacey ?

Elle reprit ses esprits.

— Oui… Bien. Ça sonne bien.

Tom s’approcha et s’appuya sur ses coudes sur le comptoir, de sorte que leurs visages soient au même niveau.

— Maintenant. Question sérieuse. Est-ce que ça va aller pour la cuisine ce soir ? Parce qu’évidemment, tu t’attendais à un repas savoureux et nourrissant. J’ai des pâtés à la viande qui ne se sont pas vendus aujourd’hui, si tu veux en emporter un chez toi ?

Lacey gloussa et lui tapa sur le bras.

— Je n’ai pas besoin de ton aumône, merci beaucoup ! Je te ferai savoir que je peux vraiment cuisiner !

— Oh vraiment ? se moqua Tom.

— Je suis connue pour avoir fait un plat ou deux de mon temps, lui dit Lacey. Risotto aux champignons. Paella aux fruits de mer. Elle se creusa la tête pour ajouter au moins une autre chose, car tout le monde savait qu’il en fallait au moins trois pour faire une liste ! Hum… hum…

Tom leva les sourcils.

— Continue… ?

— Macaroni au fromage ! s’exclama Lacey.

Tom rit de bon cœur.

— C’est un répertoire assez impressionnant. Et pourtant, je n’ai jamais vu de preuves pour étayer ter affirmations.

Il avait raison à ce sujet. Jusqu’à présent, Tom avait préparé tous les repas pour eux. C’était logique. Il adorait cuisiner, et il avait les compétences pour réussir son coup. Les talents culinaires de Lacey ne lui permettaient guère plus que de percer le film plastique d’un plat micro-ondable.

Elle croisa les bras.

— Je n’en ai pas encore eu l’occasion, répondit-elle, sur le même ton d’argumentateur taquin que Tom, dans l’espoir de masquer l’irritation réelle que son commentaire avait suscitée en elle. Monsieur le chef pâtissier étoilé ne me fait pas confiance aux fourneaux.

— Dois-je prendre ça comme une offre ? demanda Tom, en remuant ses sourcils.

Satanée fierté, pensa Lacey. Elle s’était jetée droit dans celle-là. Bonne façon de tendre un piège.

— Tu ferais mieux, dit-elle, feignant l’assurance. Elle lui tendit la main pour la serrer. Défi accepté.

Tom regarda sa main sans bouger, en tordant ses lèvres sur le côté.

— Il y a une condition, cependant.

— Oh ? Qu’est-ce que c’est ?

— Il faut que ce soit quelque chose de traditionnel. Quelque chose d’originaire de New York.

— Dans ce cas, tu viens de me faciliter grandement la tâche, s’exclama Lacey. Parce que ça veut dire que je vais faire une pizza et un cheesecake.

— Rien ne peut être acheté en magasin, ajouta Tom. Tout doit être fait à partir de rien. Et pas d’aide en douce. On ne demande pas de pâte à Paul.

— Oh s’il te plaît, dit Lacey, en montrant le sac de sel abandonné sur le comptoir. Paul est la dernière personne que j’engagerais pour m’aider à tricher.

Tom rit. Lacey rapprocha sa main tendue de lui. Il fit un signe de tête pour indiquer qu’il était satisfait qu’elle remplisse les conditions, puis il prit sa main. Mais au lieu de la serrer, il lui donna une petite tape, la rapprochant de lui, et l’embrassa au-dessus du comptoir.

— Je te verrai demain, murmura Lacey, le frisson de ses lèvres faisant écho aux siennes. À travers la fenêtre, je veux dire. À moins que tu aies le temps de venir à la vente aux enchères ?

— Bien sûr que je viens à la vente aux enchères, lui dit Tom. J’ai raté la dernière. Il faut que je sois là pour te soutenir.

Elle sourit.

— Super.

Elle tourna et se dirigea vers la sortie, laissant Tom à son chaos de pâtisseries.

Dès que la porte de la pâtisserie se referma derrière elle, elle regarda Chester.

— Je me suis vraiment mise dans le pétrin maintenant, dit-elle à son chien à l’air perspicace. Vraiment, tu aurais dû m’arrêter. Tirer sur ma manche. Me pousser avec ton nez. N’importe quoi. Mais maintenant, je dois faire de la pizza à partir de rien. Et un cheesecake ! Zut. Elle avait éraflé sa chaussure sur le trottoir dans une fausse frustration. Viens, on va devoir faire des courses avant de rentrer à la maison.

Lacey tourna dans la direction opposée à chez elle et se précipita dans la rue principale vers l’épicerie (ou le magasin du coin, comme Gina s’obstinait à l’appeler). En y allant, elle mit un message sur le fil de discussion des Doyle Girlz.

Quelqu’un sait comment faire un cheesecake ?

C’était sûrement le genre de choses que sa mère saurait faire, non ?

Il ne fallut pas longtemps avant qu’elle entende son portable sonner, et elle regarda qui avait répondu. Malheureusement, c’était sa petite sœur notoirement sarcastique, Naomi.

Tu ne le fais pas, blagua sa sœur. Tu l’achètes tout fait et t’évites les embêtements.

Lacey trouva rapidement une réponse.

Ça n’aide pas, sœurette.

La réponse de Naomi arriva à la vitesse de l’éclair.

Si tu poses des questions stupides, attends-toi à des réponses stupides.

Lacey leva les yeux au ciel et se dépêcha.

Heureusement, quand Lacey arriva au magasin, sa mère lui envoya un message avec une recette.

C’est celle de Martha Stewart, écrit-elle. Tu peux lui faire confiance.

Lui faire confiance ? écrivit Naomi en réponse. Elle n’est pas allée en prison ?

Oui, répondit leur mère. Mais ça n’avait rien à voir avec sa recette de cheesecake.

Touché, répondit Naomi.

Lacey rit. Sa mère avait en fait surpassé Naomi !

Elle rangea son téléphone, attacha la laisse de Chester autour du lampadaire, puis entra dans le magasin bien éclairé. Elle se dépêcha de remplir son panier de tout ce dont Martha Stewart lui avait dit qu’elle avait besoin, puis pour elle-même s’empara d’un sac linguine précuites et d’un petit pot de sauce préparée (qui se trouvait dans le réfrigérateur juste à côté), ainsi que de parmesan râpé (situé à côté de la sauce), avant de prendre finalement la bouteille de vin qui se trouvait en dessous et qui proclamait : Parfait avec les linguine !

Pas étonnant que je n’aie jamais vraiment appris à cuisiner, pensa Lacey. Regarde comme ils rendent les choses faciles.

Elle alla à la caisse, paya pour ses courses, puis partit, récupérant Chester en sortant. Ils retournèrent devant son magasin – elle remarqua que Tom était juste là où elle l’avait laissé – et récupérèrent la voiture dans la rue latérale où Lacey s’était garée.

Le trajet jusqu’à Crag Cottage était bref, le long du bord de mer puis à flanc de falaise. Chester resta assis, alerte, sur le siège passager à côté d’elle, et lorsque la voiture franchit la colline, Crag Cottage apparut. Un sentiment de joie s’empara de Lacey. Pour elle, le cottage était vraiment comme sa maison. Et après la rencontre du lendemain avec Ivan, elle serait peut-être un peu plus près d’en devenir la propriétaire officielle.

À ce moment-là, elle remarqua la lueur chaleureuse d’un feu de joie venant de la direction du cottage de Gina, et décida de passer devant sa maison et de suivre le chemin cahoteux à voie unique qui mène à sa voisine.

Alors qu’elle s’arrêtait, elle put voir la femme qui se tenait dans ses bottes en caoutchouc à côté du feu, auquel elle ajoutait des feuilles. Le feu était très joli dans la lumière sombre de cette soirée printanière.

Lacey klaxonna et baissa la vitre.

Gina se retourna et fit signe de la main.

— Hey-ho Lacey. Tu as besoin de brûler quelque chose ?

Lacey se pencha à la fenêtre, sur ses coudes.

— Non. Je me demandais juste si tu voulais de l’aide ?

— Je pensais que tu avais un rendez-vous avec Tom ce soir ? demanda Gina.

— C’était le cas, lui dit Lacey, sentant cet étrange mélange de déception et de soulagement se mélanger à nouveau dans ses tripes. Mais il a annulé. Une urgence liée à la pâtisserie.

— Ah, dit Gina. Elle jeta une autre branche d’arbre sur le feu de joie, faisant voler des étincelles rouges, oranges et jaunes. Eh bien, tout est sous contrôle ici, merci. À moins que tu n’aies des marshmallows à faire griller ?

— Mince, non, je n’en ai pas. Ça a l’air sympa ! Et je viens juste d’aller faire des courses !

Elle décida de mettre son manque de guimauves sur le compte de Martha Stewart et de sa recette de cheesecake à la vanille extrêmement raisonnable.

Lacey était sur le point de souhaiter une bonne nuit à Gina et de faire demi-tour pour revenir sur ses pas, quand elle sentit Chester la pousser du nez. Elle se retourna et le regarda. Les sacs à provisions qu’elle avait placés dans l’espace pour les jambes s’étaient ouverts et certains des articles qu’elle avait apportés en étaient tombés.

— C’est une idée… Lacey dit. Elle regarda de nouveau par la fenêtre. Hey, Gina. Et si on dînait ensemble ? J’ai du vin et des pâtes. Et tous les ingrédients pour faire l’authentique cheesecake new-yorkais de Martha Stewart si on s’ennuie et qu’on a besoin d’une activité.

Gina avait l’air ravie.

— Tu m’as eu au vin ! s’exclama-t-elle.

Lacey rit. Elle descendit pour aller récupérer les sacs côté passager, et gagna un autre coup de truffe mouillée de Chester.

— Qu’est-ce qu’il y a encore ? lui demanda-t-elle.

Il pencha la tête sur le côté, ses sourcils touffus s’élevant vers le haut.

— Oh. J’ai compris, dit Lacey. Je t’ai déjà grondé pour ne pas m’avoir empêché de mettre les pieds dans le plat plus tôt avec Tom. Tu prouves quelque chose, n’est-ce pas, que tout a quand même fonctionné ? Eh bien, je te l’accorde.

Il gémit.

Elle gloussa et lui caressa la tête.

— Petit futé.

Elle sortit de la voiture, Chester bondissant après elle, et remonta le chemin de Gina, évitant les moutons et les poulets éparpillés partout.

Elles entrèrent.

— Alors que s’est-il passé avec Tom ? lui demanda Gina en marchant le long du couloir au plafond bas vers sa rustique cuisine de campagne.

— C’est Paul en fait, expliqua Lacey. Il a mélangé les farines ou quelque chose comme ça.

Elles entrèrent dans la cuisine très vivement éclairée, et Lacey posa les sacs de courses sur le plan de travail.

— Il est temps qu’il vire ce Paul, dit Gina avec un tsss.

— C’est un apprenti, lui dit Lacey. Il est censé faire des erreurs !

— Bien sûr. Mais ensuite il est censé apprendre d’elles. Combien de fournées de pâtisseries a-t-il gâchées maintenant ? Et que cela ait un impact sur vos projets, c’est vraiment le bouquet.

Lacey sourit à la phrase amusante de Gina.

— Honnêtement, c’est bon, dit-elle en sortant tous les articles du sac. Je suis une femme indépendante. Je n’ai pas besoin de voir Tom tous les jours.

Gina prit des verres à vin et leur versa chacune un verre, puis elles commencèrent à préparer le dîner.

— Tu ne croiras jamais qui est venu dans mon magasin avant la fermeture aujourd’hui, dit Lacey en remuant les pâtes dans leur casserole d’eau frémissante. Les instructions disaient qu’il n’était pas nécessaire de remuer pendant les quatre minutes d’ébullition, mais cela semblait trop paresseux, même pour Lacey !

— Pas les Américains ? demanda Gina sur un ton de dégoût, en plaçant la sauce tomate dans le micro-ondes pendant les deux minutes nécessaires pour la réchauffer.

— Si. Les Américains.

Gina frissonna.

— Oh, mon Dieu. Que voulaient-ils ? Laisse-moi deviner, Daisy voulait que Buck lui achète un bijou hors de prix ?

Lacey égoutta les pâtes dans une passoire, puis les répartit dans deux bols.

— C’est ça le truc. Daisy voulait que Buck lui achète quelque chose. Le sextant.

— Le sextant ? demanda Gina en versant la sauce tomate sur les pâtes sans élégance. Comme l’instrument naval ? Pourquoi une femme comme Daisy voudrait-elle d’un sextant ?

— N’est-ce pas ? C’est exactement ce que j’ai pensé ! Lacey saupoudra des copeaux de parmesan sur son monticule de pâtes.

— Peut-être qu’elle l’a juste choisi au hasard, se dit Gina en tendant à Lacey une des deux fourchettes qu’elle avait récupérées dans le tiroir à couverts.

— Elle a été très précise à ce sujet, continua Lacey. Elle porta sa nourriture et son vin vers la table. Elle voulait l’acheter et bien sûr, je lui ai dit qu’elle devait venir à la vente aux enchères. Je pensais qu’elle laisserait tomber, mais non. Elle a dit qu’elle serait là. Alors maintenant, je dois les supporter à nouveau demain. Si seulement j’avais rangé ce fichu objet plutôt que de l’avoir laissé visible depuis la fenêtre pendant le déjeuner !

Elle leva les yeux lorsque Gina prit sa place en face, pour voir que sa voisine avait l’air plutôt bouleversée tout d’un coup. Elle ne semblait pas non plus avoir quelque chose à ajouter à ce que Lacey avait dit, ce qui était extrêmement inhabituel pour une femme habituellement bavarde.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Lacey. Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Eh bien, c’est moi qui t’ai convaincu que fermer boutique pour le déjeuner ne ferait pas de mal, marmonnait Gina. Mais ça a été le cas. Parce que ça a donné à Daisy la chance de voir le sextant ! C’est de ma faute.

Lacey rit.

— Ne sois pas bête. Allez, mangeons avant que ça refroidisse et que tous nos efforts ne soient gâchés.

— Attends. On a besoin d’une autre chose. Gina alla jusqu’à ses pots d’herbes aromatiques alignés sur le rebord de la fenêtre et cueillit quelques feuilles dans l’un d’eux. Du basilic frais ! Elle posa un brin sur chacun de leurs bols de pâtes mal présentées et visqueuses. Et voilà !

Malgré sa gaieté bon marché, c’était en fait un repas très savoureux. Mais d’un autre côté, la plupart des aliments prêts à l’emploi sont remplis de graisse et de sucre, alors il fallait bien que ce soit le cas !

— Suis-je un substitut assez décent pour Tom ? demanda Gina pendant qu’elles mangeaient et buvaient du vin.

— Tom qui ? plaisanta Lacey. Oh, tu viens de me le rappeler ! Tom m’a plus ou moins mise au défi de lui préparer un repas à partir de rien. Quelque chose de typique de New York. Donc je fais un cheesecake pour le dessert. Ma mère m’a envoyé une recette de Martha Stewart. Tu veux m’aider à la faire ?

— Martha Stewart, dit Gina en secouant la tête. J’ai une bien meilleure recette.

Elle alla jusqu’au placard et commença à fouiller. Puis elle sortit un livre de cuisine usé.

— C’était la fierté et la joie de ma mère, dit-elle en le posant sur la table devant Lacey. Elle a collectionné des recettes pendant des années. J’ai ici des coupures de presse remontant jusqu’à la guerre.

— Incroyable, s’exclama Lacey. Mais comment se fait-il que tu n’aies jamais appris à cuisiner, si tu avais une experte à la maison ?

— Parce que, dit Gina, j’étais bien trop occupée à aider mon père à faire pousser des légumes dans le jardin. J’étais un vrai garçon manqué. Une fille à papa. Une de ces filles qui aiment se salir les mains.

— Eh bien, la pâtisserie peut définitivement faire ça, dit Lacey. Tu aurais dû voir Tom juste avant. Il était couvert de farine de la tête aux pieds.

Gina rit.

— Je voulais dire que j’aimais me couvrir de boue ! Jouer avec les insectes. Grimper aux arbres. Pêcher. La cuisine m’a toujours semblé trop féminine à mon goût.

— Mieux vaut ne pas dire ça à Tom, gloussa Lacey. Elle regarda le livre de recettes. Alors, tu veux m’aider à faire le cheesecake ou il n’y a pas assez de vers pour que tu t’y intéresses ?

— Je vais t’aider, dit Gina. On peut utiliser des œufs frais. Daphné et Delilah ont toutes les deux pondu ce matin.

Elles firent la vaisselle de leur dîner et se mirent au travail sur le cheesecake, en suivant la recette de la mère de Gina plutôt que celle de Martha.

— Donc, à part les Américains, tu es excitée par la vente aux enchères de demain ? demanda Gina en écrasant des biscuits dans un bol avec un moulin à pommes de terre.

— Excitée. Nerveuse. Lacey fit tourner le vin dans son verre. Surtout nerveuse. Me connaissant, je ne vais pas fermer l’œil cette nuit à m’inquiéter pour tout ça.

— J’ai une idée, dit Gina à ce moment-là. Une fois qu’on aura fini ici, on devrait aller promener les chiens sur le front de mer. On peut prendre le chemin de l’est. Tu ne l’as pas encore pris, n’est-ce pas ? L’air de la mer te fatiguera et tu dormiras comme un bébé, crois-moi.

— C’est une bonne idée, convint Lacey. Si elle rentrait chez elle maintenant, elle ne ferait que se tracasser.

Tandis que Lacey mettait le cheesecake inégal au frigo pour le refroidir, Gina se dépêcha d’aller chercher les deux imperméables dans la buanderie. Il faisait encore assez froid le soir, surtout au bord de la mer où il y avait plus de vent.

L’énorme manteau de pêcheur imperméable recouvrait Lacey. Mais elle en fut ravie quand elles sortirent. C’était une soirée fraîche et claire.

Elles descendirent les marches de la falaise. La plage était déserte et assez sombre. C’était assez exaltant d’être ici alors que c’était si vide, pensa Lacey. C’était comme si elles étaient seules au monde.

Elles se dirigèrent vers la mer, puis tournèrent pour suivre la direction de l’est que Lacey n’avait pas encore eu l’occasion de parcourir. C’était amusant d’explorer un nouvel endroit. Être dans une petite ville comme Wilfordshire était parfois un peu étouffant.

— Hé, qu’est-ce que c’est ? demanda Lacey en regardant de l’autre côté de l’eau ce qui semblait être la silhouette d’un bâtiment sur une île.

— Des ruines médiévales, dit Gina. À marée basse, il y a un banc de sable que tu peux longer pour les atteindre. Ça vaut le coup d’aller y jeter un coup d’œil si on se lève aussi tôt.

— À quelle heure est la marée basse ? demanda Lacey.

— 5 heures du matin.

— Aïe. C’est probablement un peu trop tôt pour moi.

— Tu peux aussi y aller en bateau, bien sûr, expliqua Gina. Si tu connais quelqu’un qui en possède un. Mais si tu es coincée là-bas, il te faut appeler le bateau des sauveteurs bénévoles et ces gars n’apprécient pas d’utiliser leurs moyens pour des gens inconscients, crois-moi ! Je l’ai déjà fait avant et j’ai eu une conversation assez sévère de leur part. Heureusement, mon don pour le bavardage les a tous fait rire le temps qu’on atteigne la rive, et on est tous en bons termes maintenant.

La Mort et Un Chien

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