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LA FRANCE
et le
TROISIÈME CENTENAIRE de CHAMPLAIN

Table des matières

Il y a quelques mois, l'ambassadeur de France à Washington, M. Jusserand, rappelait au ministre des Affaires étrangères la fréquence des commémorations françaises aux États-Unis.

Pour ne signaler que les plus récentes, c'est en août 1910 que la statue de Washington nous a été offerte par l'État de Virginie, et son inauguration à Versailles a eu lieu en présence des délégués américains. En décembre, «la capitulation de Yorktown», par J.-P. Laurens, a été solennellement inaugurée en présence de toutes les autorités de la ville, dans le Palais de Justice de Baltimore. En février 1911, un monument a été érigé à Savannah pour rappeler le sanglant assaut livré par d'Estaing et les troupes franco-américaines aux redoutes anglaises où sept cents ou huit cents Français restèrent sur le champ de bataille. Le 19 avril à Annapolis, près de Washington, a été inauguré un monument aux soldats et marins français morts pour l'indépendance américaine. En juin, la fondation de Mobile par notre compatriote Le Moyne d'Iberville a été célébrée dans l'Alabama.

C'est pour continuer cette suite d'anniversaires, de fêtes, de cérémonies franco-américaines, inspirés par un sentiment public si remarquablement unanime et constant, qu'une nouvelle manifestation se préparait en 1912 par l'érection sur les bords du lac Champlain, d'un monument consacré à la mémoire de notre illustre compatriote.

Ce monument, que les états de New-York et de Vermont se proposent d'élever, commémore les grands souvenirs historiques évoqués par cette région. Ces souvenirs sont communs à la France, aux États-Unis et au Canada et ont trait, en majeure partie, à la longue lutte que se livrèrent sur le continent américain les forces opposées de la France et de la Grande-Bretagne.

La découverte en 1609, par Samuel Champlain, du lac qui porte son nom, constitue le premier chapitre de cette histoire. Les souvenirs en sont nombreux encore dans toute la région que se partagent aujourd'hui les états de New-York et de Vermont et la province de Québec. A Crown Point, on peut voir, en bon état de conservation, non seulement les murs des forts élevés par les Anglais, mais d'importants vestiges des ouvrages militaires plus anciens construits par les Français, le vieux fort Frédéric, notamment, qui constituait un poste avancé de la domination française dans le Sud.

Naguère, le 15 septembre 1898, la ville de Québec a inauguré un monument élevé à la mémoire de Champlain. A cette inauguration, le Président de la République et le gouvernement étaient représentés par notre consul général d'alors, M. Kleczkowsky. L'Académie française avait été invitée et, si elle n'a pu à ce moment répondre à cet appel, du moins a-t-elle tenu à exprimer toute sa gratitude pour le souvenir affectueux qui lui était adressé par un «pays de langue française», qui reste si fidèle au culte de ses origines et qui s'est toujours associé aux joies et aux douleurs de la France. Le monument lui-même était l'œuvre de deux Français: M. Le Cardonnel, architecte, et M. Chevret, sculpteur, qui ont conçu et exécuté une œuvre simple, élancée et fière, qui représente dignement l'art français sur une terre où la France a, partout, laissé les plus vivants souvenirs.

Aujourd'hui, c'est au centre de cette même région que les États-Unis vont commémorer le troisième centenaire de l'illustre explorateur qui fut un fondateur et un initiateur, le fondateur du Canada, l'initiateur de ce qui devait être la puissance des États-Unis.

Une pareille succession d'hommages aux hommes de France en Amérique et aux inaltérables bons rapports des deux nations ne saurait laisser indifférent le sentiment public en France. La France doit y répondre en contribuant à perpétuer ces souvenirs, c'est pourquoi, répondant à la demande que, sur l'initiative de notre ambassade à Washington, le ministère des Affaires étrangères a adressé au Comité France-Amérique, nous avons fait paraître un appel pour célébrer la mémoire de ce grand Français, trop oublié de la nation dont il était le fils glorieux.

Voici le texte de l'appel que la presse française et américaine a publié:

«Sur l'initiative de l'ambassade de France aux États-Unis, le Comité France-Amérique ouvre une souscription publique dans le dessein de faire participer notre pays aux manifestations qui, depuis plusieurs années, se sont succédées aux États-Unis en l'honneur de la France et des Français.

A l'occasion du troisième centenaire de Champlain, les États de New-York et de Vermont érigent un monument en l'honneur de l'illustre initiateur qui conçut le projet d'une vaste domination, une «Amérique française» s'étendant de la Louisiane au Canada par le cours du Mississipi. C'est le territoire sur lequel se développa, par la suite, la grande République des États-Unis d'Amérique.

Cette commémoration, si honorable pour nous, la France ne peut la laisser passer, sans y prendre part et le Comité France-Amérique a décidé d'offrir aux États-Unis un buste en bronze représentant la France que l'illustre sculpteur Rodin vient de terminer. Cette œuvre d'art sera placée au pied du phare monumental qui va être élevé en l'honneur de notre compatriote sur les bords du lac qui porte son nom.

Le Comité fait appel au concours de tous ceux, Français ou amis de la France qui veulent répondre à l'initiative américaine par un témoignage d'affection et de gratitude au moment où va être célébrée la mémoire d'un grand Français.

Le bureau du Comité France-Amérique: G. Hanotaux, de l'Académie française, ancien ministre des Affaires étrangères; le général Brugère; A. Leroy-Beaulieu, de l'Institut; Heurteau; vicomte de Caix de Saint-Aymour; comte Robert de Vogué; Gabriel Louis Jaray, auditeur au Conseil d'État.»

Sur l'appel que le Comité France-Amérique adressa au public, la souscription obtint rapidement le succès désiré.

Tel est l'appel; voici le résultat.


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