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PRÉFACE.

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Table des matières

POUR mettre le Public à portée de connaître la nature et l’étendue de l’ouvrage que nous nous proposons de publier, nous allons exposer rapidement quelques vues générales, et les principaux caractères propres et particuliers aux différens Jardins.

On peut diviser les Jardins en quatre sections principales, en raison de leurs divers usages.

La première comprend les Jardins économiques ou légumiers, à commencer par ce qu’on appelle marais, près des grandes villes, jusqu’à ceux que l’on nomme potagers, et qui accompagnent presque toujours les grands Jardins de plaisance.

La deuxième se compose des Jardins fruitiers ou vergers, dans lesquels les arbres sont, ou abandonnés à leur croissance naturelle, ou soumis à l’art de la taille.

La troisième renferme les Jardins de botanique destinés à la culture des séries plus ou moins nombreuses de plantes propres à l’étude de cette science, ou employées dans la pharmacie et la médecine.

Dans la quatrième enfin, se trouvent les Jardins d’agrément ou de plaisance, dont le nombre varie à l’infini, suivant les localités, la nature du sol, la situation et le climat.

Ces Jardins doivent être divisés eux-mêmes en trois séries principales, savoir:

 1o. Les Jardins symétriques, à la composition desquels procèdent la règle et le compas, et que l’on exécute au moyen de la toise, des jalons et du cordeau;2o. Les Jardins chinois, anglais ou de genre irrégulier, qui n’ont pour principes que le caprice ou la fantaisie de leurs constructeurs et les facultés de leurs propriétaires;3o. Les Jardins des paysages, paysagistes, paysagers ou de la nature (noms que l’on donne dans les divers ouvrages qui en traitent spécialement.

Les Jardins symétriques n’admettent dans leur composition que des formes régulières, et des surfaces plus ou moins planes dans leurs parties ou même dans leur ensemble. Tels sont les Jardins du Palais-Royal, du Luxembourg, des Tuileries, de Versailles. L’architecte Lenotre, au commencement du siècle dernier, a fourni les plus beaux modèles en ce genre.

Les Jardins de la deuxième série offrent, dans un espace très-rétréci, toutes sortes de formes fantastiques, en même temps que les diverses productions des arts et les fabriques de toutes espèces, amoncelées sans nécessité comme sans rapports entre elles. Tels étaient les Jardins de Mouceaux et de Chavilles; tels sont encore une grande partie de ceux qui ont été exécutés à Paris, dans les temps modernes.

Enfin le caractère de la troisième et dernière série des Jardins d’agrément est d’imiter les plus belles scènes de la Nature, en faisant disparaître l’art qui a servi à les établir. Ceux d’Ermenonville, de Guiscard, de Méré-ville, de Trianon, de Jambeville, de Moulin-Joli, construits par Watelet, de l’Académie française, Girardin, Morel, Belanger, MM. Lecourbe, Blaikié, etc., offraient ou présentent encore de beaux exemples de cette série de Jardins, chantés avec tant de grâces par Delille, dans son poëme des Jardins.

Ceux-ci ne doivent pas être confondus avec les Jardins qu’on nomme communément chinois ou anglais, puisque c’est la Nature qui a fourni leur modèle, et que les principes, d’après lesquels ils sont établis, ont été posés en France, dès le commencement du siècle dernier, par Dufreny. Cet architecte a donné un beau modèle de cette construction sur un terrain qui lui appartenait, dans le faubourg Saint-Antoine, à Paris: de plus, les plans qu’il présenta à Louis XIV des vastes Jardins de Versailles, de Meudon et de Saint-Germain-en-Laye, dont quelques-uns ont été gravés, suffisent pour lui assurer l’antériorité sur ses concurrens en ce genre.

Cette série des Jardins paysagistes ou de la Nature offre cinq sections différentes, qui comprennent les Jardins champêtres, sylvestres, pastoraux, romantiques, et les parcs ou carrières. Ces noms leur ont été donnés en raison des caractères qui les distinguent dans leur ensemble, et dont nous tracerons ici une légère esquisse.

Un sol plane ou peu tourmenté, des prairies, des terres labourables, des cultures économiques, des vergers agrestes, des bouquets de bois, des masses fleuries, une culture soignée, des eaux vives, des fabriques agricoles et des vues ménagées sur tout le pays environnant avec lequel ils paraissent se confondre, constituent les Jardins du style champêtre.

On donne le nom de sylvestres à ceux dont le sol âpre et tourmenté présente des rochers, des chutes d’eau, des forêts d’arbres estivaux et résineux, des clarières tapissées de gazon et émaillées de fleurs des diverses saisons; des fabriques appropriées au site, des chaumières agrestes de bûcherons et de charbonniers augmentent les caractères distinctifs des Jardins de cette section.

Ceux de la troisième ou du style pastoral exigent des terrains unis ou un peu concaves, traversés par des eaux vives, formant des ruisseaux, de petites rivières, des lacs bordés de pelouses, de prairies, d’oseraies, de saules, de bouquets d’arbres aquatiques variés par leur port et leur hauteur, des ponts, des moulins, des bestiaux de plusieurs espèces, des cabanes rustiques propres aux animaux qui animent la scène, et aux hommes qui les gouvernent.

On appelle Jardins romantiques ceux dont le sol très-varié dans son plan, ainsi que dans ses élévations et ses contours, présente des pièces de gazon, des tapis de fleurs, des masses d’arbustes, des bouquets d’arbres d’agrément de toutes lès saisons, des bois dans leurs différens âges, des futaies, des eaux dans les divers états dans lesquels on les rencontre dans la nature. Ces Jardins admettent, pour ornement, des vases, des statues, des colonnes, des grottes, des ruines, des tombeaux et des temples.

Enfin, la cinquième et dernière sorte des Jardins paysages, nommée parc ou carrière, nécessite les plus grandes dimensions dans son ensemble. Un parc comprend souvent un pays entier: celui de Versailles, par exemple, renferme le Jardin du palais, les châteaux et les Jardins des deux Trianons, les fermes de Satori, des hameaux, des villages et des bourgs. Les Jardins de cette section admettent tout ce qui distingue les quatre précédentes, tous les genres de culture, tous les bâtimens, depuis les palais des souverains jusqu’à la cabane du charbonnier et la hutte du berger. Ils comportent l’emploi des eaux sous foutes les formes et dans les plus grandes dimensions, toutes les usines et les fabriques, tous les chemins qui doivent servir à les parcourir ou les traverser: ils admettent tous les animaux sauvages et domestiques, toutes les serres propres à la conservation des végétaux étrangers des différentes zones de la terre. Mais il faut que chaque scène qui se présente aux regards, encadrée dans ses limites, n’offre pas de contraste choquant et encore moins de contradictions; il faut qu’elle soit liée aux autres par des transitions ménagées avec art, de manière à inspirer de l’intérêt, à le soutenir et à l’augmenter pendant toute la durée des promenades ou des courses. Comme elles se font ordinairement à cheval ou en voiture, il est essentiel d’établir, dans les voisinages de l’habitation, des allées circonscrites dans de petites espaces qui puissent servir aux promeneurs à pied, à toutes les heures du jour et dans toutes les saisons; de former des sentiers ou chemins qui conduisent directement à chaque site en particulier, et enfin des routes qui forment les limites de la propriété, et, la traversant dans tous les sens, conduisent à tous les points de vue qui ont été ménagés pour rendre les courses diversifiées et agréables: enfin ces compositions doivent rassembler les sites les plus gracieux et les plus surprenans, et emprunter aux arts mécaniques, à l’architecture, la peinture, la sculpture, ce qu’ils offrent de plus approprié aux différentes scènes et de plus séduisant.

Les Jardins de Guiscard, de Chanteloup, de Bay, de Chantilly, d’Ermenonville, en France; ceux de Stowe, de Persfield, de Haglay en Angleterre; en Allemagne, ceux de Nymphenbourg et de Munich, et enfin, si l’on en croit les relations, ceux des empereurs de la Chine aux environs de Pékin, présentent, ou du moins présentaient, car plusieurs d’entre eux n’existent plus, des modèles plus ou moins perfectionnés de ce genre de Jardins.

Nous présenterons ici le tableau méthodique des genres, des sections ou séries et des principales sortes de Jardins, dont nous venons de présenter l’énumération et d’esquisser les caractères. Pour des personnes exercées, cette forme nous paraît plus commode pour faire voir, d’un coup-d’oeil, l’ensemble de l’ouvrage que nous nous proposons d’offrir au public.

Plans raisonnés de toutes les espèces de jardins

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