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XXI

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Les gamins de ma bande m'avaient enseigné l'art, très important, de grimper aux arbres. J'avais montré des dispositions remarquables, et le plus souvent, quand le temps permettait de vivre dehors, j'étais à califourchon sur quelque branche. Le grand catalpa central du jardin, était mon perchoir le plus habituel. Ses larges feuilles me cachaient très bien et, quelquefois, je me laissais chercher partout, quand j'étais là, tout près. Mais un éclat de rire, que je ne pouvais pas longtemps retenir, me trahissait.

Presque toujours, les après-midi, les tantes venaient s'asseoir sur la pelouse, à côté du fauteuil de grand-père. Elles causaient ou faisaient du crochet. Lui, un livre à la main, me poursuivait de quelque devoir.

—As-tu appris Paysage?... Descends me le réciter.

—D'ici je le sais très bien et, c'est drôle, si je descendais, je suis sûre que je l'aurais tout de suite oublié.

Et je me dépêchais de réciter:

Pas une feuille qui bouge

Pas un seul oiseau chantant,

Au bord de l'horizon rouge

Un éclair intermittent.

—Je trouve que les feuilles bougent beaucoup et qu'il y a un gros oiseau qui chante, disait tante Zoé....

Quand il y avait des visites, on apportait des chaises et des rafraîchissements, et on restait là, sous l'ombre du catalpa.

Ceux qui venaient n'étaient pas très nombreux; les plus fréquents étaient le commandant Gruau, avec sa femme, presque des voisins; ils habitaient au Petit-Montrouge, à vingt minutes à peu près de chez nous. Avec eux, venait souvent une dame, qui, elle, était de Paris. Je ne l'ai jamais connue que sous le nom de la Tatitata. Les tantes l'aimaient beaucoup et elle m'était, à moi, très sympathique. Jolie, très brune, la bouche ombrée d'un peu de duvet, la voix grave, mais très douce, je ne pouvais pas m'imaginer autrement une Espagnole.

Le collier des jours: Souvenirs de ma vie

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