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AVANT-PROPOS.

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La première Canadienne-Française qui partit du Canada pour aller à la Rivière Rouge, dans le Nord-Ouest, fut Marie-Anne Gaboury, épouse de J.-Bte Lajimonière et mère de la nombreuse famille Lajimonière établie au Manitoba. Elle arriva dans ce pays dès le commencement de ce siècle, en l’année 1807, et ce ne fut qu’en 1818, que d’autres Canadiennes osèrent suivre leurs maris dans ces contrées sauvages.

Indépendamment de toute autre considération, le seul fait d’avoir eu le courage de suivre son époux sur cette terre lointaine, pour obéir à un devoir d’épouse fidèle et dévouée, suffirait pour que son nom méritât d’être connu; mais outre ce motif, la vie de Mme Lajimonière pendant les douze premières années qu’elle eut à passer au milieu des sauvages, dans les prairies de l’Ouest, a été semée de tant d’épisodes émouvants que le plus simple récit de cette vie héroïque ne peut manquer d’intéresser quiconque est capable d’apprécier le courage et d’admirer le dévouement.

Peu de femmes ont eu, autant de fatigues à supporter que Mme Lajimonière, de dangers à courir, et d’ennuis à dévorer. Les voyageurs des pays d’en haut qui vivent encore ont seuls une idée de ce qu’étaient les déserts sauvages du N. O. il y a plus de soixante ans; de ce que les marches à travers les immenses prairies et les bois avaient de fatigant, même pour les hommes forts et robustes. Malgré ces difficultés, Mme Lajimonière, pendant près de douze ans, a suivi son mari, tantôt à pied, tantôt à cheval, dans toutes les courses aventureuses de sa vie de trappeur, au milieu des nations barbares, souvent en guerre les unes contre les autres.

Son genre de vie, quoique devenu plus calme après l’arrivée des missionnaires, fut cependant très loin de lui offrir le confort des pays civilisés. Les différents fléaux qui affligèrent la colonie naissante de la Rivière Rouge soumirent longtemps ses habitants à une foule de privations et de misères; Mme Lajimonière en eut sa large part. Ce qui étonnera le lecteur, après avoir parcouru cette notice, sera d’apprendre que cette femme, qui paraissait d’une constitution délicate, a pu arriver, sans aucune infirmité, jusqu’à l’âge avancé de 96 ans. Si le dicton populaire, La misère ne fait pas mourir, a pu être vrai quelquefois, c’est bien assurément dans la vie de Mme Lajimonière.

Comme cette femme a vécu, à la Rivière Rouge, à l’époque où se sont passés, entre les deux compagnies de traite, les événements les plus importants dans l’histoire du pays, et comme son mari, M. Lajimonière, par ses rapports avec la Compagnie de la Baie d’Hudson, fut obligé d’y prendre part, nous serons naturellement amené à en dire un mot dans le cours de ce récit.

Tous les faits que nous rapporterons, nous les avons recueillis de la bouche des plus anciens habitants de la Rivière Rouge, en particulier de la famille Lajimonière elle-même, dont les plus anciens membres sont encore vivants. Nous avons mis le plus grand soin à nous assurer de l’exactitude des dates et des faits. Ce n’est donc pas un roman que nous avons écrit, mais bien les scènes très réelles d’une vie réelle.

C’est après avoir lu l’histoire des Canadiens dans l’Ouest, par M. Tassé, que nous avons pensé à recueillir sur la première Canadienne venue à la Rivière Rouge, les notes que nous publions aujourd’hui.

La première Canadienne du Nord-ouest

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