Читать книгу La comtesse de Rudolstadt - George Sand - Страница 9

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—Et voilà le hic! on dit que quand on les imite, cela les fâche, et qu'ils se mettent à vos trousses tout de bon pour vous punir.

—En ce cas, ils s'y prendraient un peu tard avec nous; car depuis plus d'un an, ils nous laissent en repos. Allons, ne t'occupe pas de ces balivernes. Nous savons bien ce qu'il faut croire de ces âmes en peine. Certainement c'est quelque page ou quelque bas officier qui vient la nuit demander des prières à la plus jolie de mes femmes de chambre. Aussi la vieille, à qui on ne demande rien du tout, a-t-elle une frayeur épouvantable. J'ai vu le moment où elle ne voudrait pas t'ouvrir. Mais de quoi parlons-nous là? De Kleist, nous tenons le secret du roi, il faut en profiter. Comment allons-nous nous y prendre?

—Il faut accaparer cette Porporina, et nous dépêcher avant que sa faveur la rende vaine et méfiante.

—Sans doute, il ne faut épargner ni présents, ni promesses, ni cajoleries. Tu iras dès demain chez elle; tu lui demanderas de ma part... de la musique, des autographes du Porpora; elle doit avoir beaucoup de choses inédites des maîtres italiens. Tu lui promettras en retour des manuscrits de Sébastien Bach. J'en ai plusieurs. Nous commencerons par des échanges. Et puis, je lui demanderai de venir m'enseigner les mouvements et dès que je la tiendrai chez moi, je me charge de la séduire et de la dominer.

—J'irai demain matin, Madame.

—Bonsoir, de Kleist. Tiens, viens m'embrasser. Tu es ma seule amie, toi; va te coucher, et si tu rencontres la Balayeuse dans les galeries, regarde bien si elle n'a pas des éperons sous sa robe.»


La comtesse de Rudolstadt

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